C'est officiel, la Commission européenne a présenté sa proposition législative visant à pousser une solution de charge universelle basée sur l'USB-C. Cela concerne directement Apple, qui commercialise ses iPhone avec un port propriétaire Lightning depuis bientôt 10 ans. Ce n'est pas pour rien que la Pomme rechigne à s'en séparer : celui-ci lui apporte des revenus régulier grâce à la licence Made for iPhone.
Le projet consiste en une harmonisation du port de charge sur les appareils et des technologies de recharge rapide, mais aussi en un découplage entre la vente du bloc de charge et de l'appareil. Ces mesures concernent les tablettes, les téléphones, les casques, les appareils photo, les consoles portables et les enceintes portables.
La démarche est à but environnemental, car elle permettrait de faire disparaitre près de 1 000 tonnes de déchets électroniques chaque année, tout en faisant économiser 250 millions d'euros par an aux consommateurs obligés d'acheter des chargeurs supplémentaires. 38 % des clients se seraient déjà retrouvés dans une situation contraignante à cause de chargeurs non compatibles, et c'est plus de 2,4 milliards d'euros qui sont dépensés chaque année pour acheter des chargeurs séparément. En tout, les déchets électroniques provenant des chargeurs mis au rebut ou non utilisés représentent 11 000 tonnes par an.
Grâce à ces nouvelles mesures, les consommateurs auront donc plus de choix à l'achat d'un appareil électronique, en plus d'être mieux renseignés. La législation implique d'afficher des informations précises sur la technologie de charge et les performances directement sur les boites afin d'aider à y voir plus clair. Un câble pourra toujours être inclus dans la boite, la commission expliquant que ceux-ci sont considérés comme plus utiles par les consommateurs et qu'ils polluent moins. Plus d'adapteur secteur dans la boite en revanche — comme c'est de plus en plus le cas et notamment chez Apple — mais les fabricants auront tout loisir d'en vendre séparément.
L'harmonisation de la charge rapide sera définie par l'utilisation obligatoire du protocole de charge commun USB Power Delivery qui prévoit une puissance maximale de 100 W. Les autres protocoles de charge resteront autorisés à condition qu'ils n'entravent pas la pleine fonctionnalité de la solution commune harmonisée.
Le commissaire au marché intérieur Thierry Breton a expliqué au journal Le Monde que la législation « va dans le sens des consommateurs et celui de l’environnement, tout en préservant l’innovation ». Un argument qui a dû faire rire jaune à Cupertino, Apple utilisant régulièrement l’angle de l'innovation pour montrer son désaccord envers le projet. La Commission y répond plus en détails dans son communiqué. Elle estime que les innovations seront toujours possibles et que les normes vont être revues de manière harmonisée, en respectant les objectifs initiaux de compatibilité universelle.
Elle explique aussi avoir volontairement omis d'imposer des restrictions dans le domaine de la charge sans fil, qui est encore à un stade en développement. Les fabricants « restent libres d'inclure toute solution de charge sans fil dans leurs produits, parallèlement à la charge filaire via le port USB-C », un conseil qu'Apple va sûrement prendre en compte pour la création d'un potentiel iPhone sans port de charge. La Commission a d'ailleurs précisé à The Verge que si un appareil peut se recharger sans fil, le port USB-C n'est alors pas obligatoire.
Si tout se passe bien, le projet sera adopté début 2022 pour une mise en application en 2024, après un temps d'adaptation de deux ans laissé aux fabricants. Rendez-vous dans quelques années pour voir si l'iPhone passe bel et bien à l'USB-C.
Mise à jour à 14 h 30 : Dans un communiqué transmis à Reuters, Apple reste sur sa ligne de défense habituelle : « Nous restons préoccupés par le fait qu'une réglementation stricte imposant un seul type de connecteur étouffe l'innovation au lieu de l'encourager, ce qui, à son tour, nuira aux consommateurs en Europe et dans le monde entier ».