Gassée : Droid et Android

Arnaud de la Grandière |

A son tour, Jean-Louis Gassée a pris sur lui de publier un test du Droid de Motorola, non sans se priver de quelques amabilités envers certains journalistes qui n'avaient pas même eu l'appareil en main alors qu'ils publiaient leurs conclusions : l'ancien patron d'Apple a payé l'appareil de sa poche, et s'est déplacé en personne dans un magasin Verizon le jour de la sortie du téléphone.
Une semaine plus tard, son verdict est globalement similaire aux autres : le Droid est un bon second choix si vous ne pouvez ou ne voulez obtenir un iPhone. Il n'est pas très enthousiasmé par le clavier physique de l'appareil, la gestion de média n'est pas à la hauteur d'un iPod ou de l'iPhone, mais à part ça le produit est plutôt bon. A ceux qui préfèrent un clavier physique, Gassée recommande plutôt un Blackberry, et à ceux qui préfèrent le clavier virtuel, il vaudra mieux se tourner vers un iPhone.
Mais Jean-Louis Gassée brosse un tableau plus large de la situation : l'iPhone conservera-t-il longtemps sa longueur d'avance, à voir les progrès indubitables que fait la concurrence ?
La réponse vient en deux points : tout d'abord, Apple se préoccupe plus de ses bénéfices que de sa part de marché, comme il l'avait évoqué la semaine dernière au sujet du Mac (voir notre article Jean-Louis Gassée : Android, Windows Mobile, et les autres). Ainsi, avec moins de 10 % de parts de marché des ordinateurs, Apple gagne plus d'argent que Dell et HP réunis, qui contrôlent 33 % du marché. De même, on apprenait cette semaine que malgré ses 2,5 % du marché des téléphones, l'iPhone rapportait plus d'argent (1,6 milliard de dollars) que les téléphones de Nokia (1,1 milliard de dollars), pourtant bon premier avec 35 % du marché mondial (voir notre article Apple devient le fabricant de téléphones le plus rentable).
Deuxièmement, il rappelle comment Apple en est arrivée où elle est dans le marché de la téléphonie : en contrôlant le logiciel, le matériel, le marketing, la distribution, et le service après vente. A l'inverse, la plateforme Android s'adresse à une pléthore de constructeurs et de matériels différents, dont chacun voudra se différencier en proposant une version personnalisée du système d'exploitation open source, personnalisation qui peut entraîner des problèmes de compatibilité d'une machine à l'autre.
Enfin, il rappelle également quel est l'objectif de Google, souligné par son acquisition récente de la société AdMob (voir notre article Google rachète AdMob) : bénéficier du plus de surfaces d'affichage possible pour ses publicités, la seule manière dont Google gagne de l'argent. Il ne s'agit pas tant de mener une bataille commerciale sur le front des appareils mobiles que de s'assurer une base qui lui permet d'induire un équilibre des forces et d'éviter l'avénement d'un acteur dominant, mais l'objectif reste avant tout de vendre de la pub.
via Monday Note

avatar noz | 
C'est quand même rare de trouver quelqu'un qui a encore la tête sur les épaules quand il s'agit de comparer des produits entre eux. JLG rappelle bien le modèle économique de chaque société et leur stratégie commerciale devient plus claire sous cet angle. Et c'est rafraîchissant comme argumentation.

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