Vers une régulation du marché de la musique en ligne

PierrickAubert |

Le conseiller maître à la Cour des Comptes, Christian Phéline, a rendu son rapport sur « le partage de la valeur dans la musique en ligne » [PDF] à la ministre de la Culture. Ce dernier propose de légiférer pour réguler le marché de la musique en ligne. Noble idée, mais le sujet reste assez complexe.

Après la mission Lescure, il y a cette semaine le rapport de Christian Phéline sur la gestion du marché musical sur internet. Les observations qui y sont faites sont toujours les mêmes. Le marché de la musique en ligne n'a aucune transparence et les géants du secteur laissent seulement des miettes aux petites entreprises. En réponse à cette situation, le conseiller maître à la Cour des Comptes suggère au gouvernement d'imposer un nouveau système de gestion collectif sur le même modèle que celui de la musique à la radio.

Pour comprendre cette idée de régulation, il faut savoir que le marché de la musique en ligne est loin d'être un milieu calme. Les tensions sont toujours plus nombreuses entre les ayants droit, les artistes, les producteurs et les plateformes de distribution comme iTunes, Spotify ou bien Deezer. Chacun accuse l'autre de se servir trop généreusement sur ce marché encore jeune, mais porteur. Avec la progression du streaming, il est apparemment temps d'intervenir. Le journal Les Echos rappelle d'ailleurs que l’idée d’une intervention du gouvernement ne date pas d'hier. "L'Adami qui représente les artistes-interprètes en France avait publié un rapport au Midem 2013 montrant la faiblesse de la rémunération de ses sociétaires dans la musique en ligne. Ces conclusions avaient été vivement contestées par les syndicats de producteurs".

Pour résoudre le problème de la musique en ligne, Christian Phéline a plusieurs solutions pour calmer le jeu. Un nouveau cadre législatif permettrait dans un premier temps d'intégrer le sujet au projet de loi Création. Loi sur laquelle le Conseil des ministres devrait tabler en février prochain. Autre piste, le rapport propose de transcrire dans la loi les engagements de la mission d'Emmanuel Hoog. À savoir encadrer les relations entre les diffuseurs de musique en ligne et les producteurs, notamment pour ce qui est de "la durée des autorisations, la pratique des avances et garanties diverses, les obligations de compte-rendu".

Du côté des artistes, il est également recommandé d'avoir dans la loi des mesures permettant la protection de leurs créations, surtout lorsqu'il s'agit de "l'exploitation effective et la distinction des exploitations". Enfin, la question des parts est elle aussi abordée. Le dossier remis à la ministre de la Culture préconise en effet de fixer, non pas les prix, mais les principes de rémunération des artistes-interprètes concernant le marché numérique.

Les idées énoncées dans ce nouveau rapport viennent enrichir le débat et représentent un pas de plus vers une possible solution. Reste à voir ce qu'il en sera dans la réalité.

avatar gilzecat | 
Voilà ! Comme toujours en France nous avons laissé faire sans réagir (il fut un temps où iTunes était tout petit) et maintenant que l'on se rend compte que le coche est raté, on crée des lois pour restreindre les autres. Au lieu de dire : "bon les gars, on se retrousse les manches et on va créer un système fabriqué en France avec de l'inno qui va tout casser". Y a vraiment un problème de conception des choses.
avatar skhattane | 
@nesus Totalement d'accord !
avatar toulke | 
Nimporte quoi les gars !! Une régulation de l'Etat ca veut dire plus de fric pour les producteurs et moins pour les artistes ouvrez les yeux !! L'Etat ne nous veut pas du bien et est encore moins du coté des artistes..
avatar Tyrael | 
Si je comprends bien, les rapports ne mettent pas en cause le modèle de distribution iTunes et cie. Ils préconisent simplement d'encadrer ce qui est reversé aux artistes notamment en fonction de la manière dont sont diffusées leur œuvres. Et d'encadrer les relations entres acteurs du marché pour éviter les clauses de préférence exagérées. À la rigueur, la partie opaque qui pose problème c'est les contrats que passent les majors et qui décident de ce qui doit ou non revenir aux artistes et des modes de distribution autorisés / générant ou non de l'argent pour ceux-ci. Comme souvent le maillon faible de la loi, c'est l'intermédiaire. Apple, Google et cie se fichent du prix des morceaux à leur niveau, du moment qu'ils ne paient pas plus cher que leurs concurrents et que le montant reste raisonnable par rapport aux supports physiques pour ne pas flinguer le marché du dématérialisé... Mais je suis d'accord que ce type de législation est TRÈS tardif... Je vois mal comment la France peut encore imposer quelque chose à des multinationales de la taille d'Apple ou Google... L'Europe à la rigueur, si les états étaient capables de se mettre d'accord (autant dire jamais).
avatar Billytyper2 | 
Je ne pense pas que le problème soit en rapport avec le modèle des magasins en ligne comme Amazon, iTunes etc, car les ventes de musiques en ligne est bien encadrées à ce niveau. Les règles sont claires. Je pense les services mises en cause ici ce sont les les sites qui proposent des écoutes en stream comme Deezer, Spotify... etc etc. Le modèle économique est plus proche de la radio que des magasins de musiques en ligne. Dans le cas d'iTunes par exemple, on achète un album ou un titre, on connait le prix, on connait la répartition tel pourcentage pour la maison d'édition, tel % pour l'artiste, tel % pour la boutique. C'est le même modèle que la vente d'un CD dans un magasin physique. Idem pour la VOD, dont le modèle est le même qu'une location de CD/DVD/Video. En revanche les écoutes en stream ??? Est-ce que c'est la même chose que lorsqu'on écoute la radio ??? telle est la question
avatar Samanjaro | 
@RyDroid Voilà qui serait possible si le législateur faisait passer l'intérêt du citoyen lambda avant celui de ses amis et bailleurs de fonds. Tant que la main de ceux qui rédigent et qui votent la loi est tenue par les Majors, il n'y a aucun espoir de ce type... Au prétexte de protéger l'exception culturelle ou l'emploi, on bafoue les droits des consommateurs qui n'ont que celui de payer et de se voir imposer tout et n'importe quoi (DRM, taxes, prix minimum, etc.) Apple et Amazon ont fait bien plus pour une offre légale numérisée de musique que tous nos politiciens et autres gogos des Majors.
avatar -oldmac- | 
@fondoeil : Juste un truc au passage, j'aimerais bien savoir ou on trouve des DRM dans les fichiers musicaux d'iTunes ?

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