La consommation de vidéo à la demande ne faiblit pas en France, détaille la dernière étude annuelle du CNC. Dans ce paysage où l'on regarde (presque) ce que l'on veut et où l'on veut (surtout devant sa télé tout de même), Netflix reste le champion incontesté.
En France, la lecture de vidéos à la demande (de YouTube à Netflix en passant par les chaines de TV sur internet) pèse pour 50 % de la consommation vidéo totale des 18/64 ans, explique le Centre national du cinéma et de l'image animée dans son dernier observatoire couvrant janvier à septembre 2022. Au même trimestre de 2018 où ces évaluations ont démarré, elle pointait à 34 %. Les 66 % restant allant à la vidéo linéaire où l'on est tributaire d'une programmation horaire.
Ce ratio de 50/50 place malgré tout la France loin derrière d'autres pays comme l'Allemagne, où la vidéo à la demande représente 71 % du total, le Royaume-Uni avec 77 % et les États-Unis avec 82 %.
C'est avec la tranche d'âge de 18/24 ans que la France recolle au peloton. Chez eux, le "délinéaire" s'élève à 81 % des visionnages. Dans d'autres pays, cette génération a presque éliminé le linéaire. Il n'atteint plus que 10 % en Allemagne, 7 % au Royaume-Uni et un maigrelet 5 % aux États-Unis.
L'étude note cependant un fort reflux des 15/24 ans (-13,9 points entre janvier 2020 et septembre 2022), en parlant d'un « début de désaffection des plus jeunes ». Mais sans apporter d'hypothèses sur ce qui les occupe à la place (le jeu vidéo, TikTok, Snapchat… des puzzles, leurs devoirs ?). Un public divisé par deux — 1,2 million d'individus — en l'espace de 2 ans. Ce qui entraine un vieillissement de l'audience globale : celle des 50 ans et plus a été multipliée par deux devant les contenus à la demande.
Et où vont tous ces gens ? Pour ce qui est des plateformes de vidéo à la demande, avec ou sans abonnement, ou utilisées pour de la location, c'est Orange qui domine (22 % de parts de marché), devant CanalVOD (17,4 %) et Arte.tv (14,7 %). Google Play est 5e (13,9 %) et l'iTunes Store est 7e (13,5 %).
Dans le camp des services uniquement sur abonnement, Netflix court toujours devant avec environ 11 millions de foyers abonnés. Suivent Prime Video et Disney+ avec respectivement 7 et un peu plus de 4 millions de foyers.
Prime est celui qui progresse le plus régulièrement tandis que ses deux plus proches concurrents ont tendance à stagner. L'ajout d'une offre moins chère avec de la pub chez Netflix pourrait lui donner l'occasion de remoudre de l'abonné (lire La formule avec pub de Netflix cartonnerait auprès des Français).
Dans le classement des parts de marché, Netflix s'arroge donc la première place avec 65 %. Très loin, à la 11e place, on tombe sur Apple TV+ avec 9,5 %. C'est 1,5 point de plus en deux ans.
Cette longue étude comptabilise aussi la quantité de programmes disponibles chez les principaux protagonistes. Netflix est crédité d'un catalogue de presque 6 300 titres. Prime Video avait dépassé Netflix en 2020 puis s'était affaissé. Sa courbe est repartie doucement à la hausse avec un dernier pointage à 4 644 titres. L'ajout d'une filmothèque indienne a bien aidé Amazon, indique l'étude. Il est vrai qu'il n'est pas rare de voir débouler d'un coup sur ces plateformes une offre venue, qui d'Espagne, qui du Japon, qui de Corée du Sud, etc.
Et ce sont les séries, en opposition aux films, qui sont préférées. Elles ont représenté 70 % du contenu visionné en septembre, date butoir de l'étude, avec celles de Netflix qui raflent les premières places. Les films s'en sortaient un peu mieux lors de périodes de confinement.
Netflix avait 1 200 séries dans son offre en septembre, Prime était largement distancé avec 800 et MyCanal piquait du nez avec moins de 600.
Enfin on relève aussi la manière dont ces contenus sont consommés. La télévision reste le premier support et elle progresse même. Elle rassemble 86,4 % des utilisateurs (+6,1 point depuis 2018) ; l'ordinateur est second à 48 % (+2 points) ; le smartphone augmente sensiblement sa part avec 44 % (+12 %) et la tablette améliore légèrement la sienne à 28,7 % (+2 points).
Source : CNC