Après un premier coup de serrure, l’adoption du protocole de transfert MTP et la disparition de la fonctionnalité de téléchargement des livres achetés, Amazon finit de verrouiller l’écosystème Kindle en imposant de nouvelles DRM pratiquement inviolables. La firme de Seattle a le culot de jeter une clé cassée, une nouvelle application « Send to Kindle » qui ne sert à rien ou presque.
Amazon a profité que l’attention médiatique soit occupée par le Kindle Colorsoft pour discrètement retirer la possibilité de télécharger les fichiers des livres achetés dans sa boutique. Cette mesquinerie empêche les consommateurs français d’exercer leur droit à la copie privée, en plus de compliquer le basculement vers un autre écosystème de lecture, puisqu’il n’est plus possible de « partir » avec sa bibliothèque numérique.
Dans le même temps, la firme de Seattle a verrouillé l’accès au système de fichiers des liseuses en adoptant le protocole MTP, qui permet de contrôler plus fermement les transferts. S’il n’est pas directement pris en charge par macOS, il restait possible de transférer des fichiers vers un Kindle en utilisant une application de transfert comme OpenMTP. Amazon propose maintenant sa propre application de transfert, Send to Kindle, cachée au fin fond d’une fiche technique.
Mais qui achète un Kindle pour transférer des livres dépourvus de DRM achetés ailleurs ? Qui sait que l’on peut transférer ses propres polices pour personnaliser l’environnement de lecture ? Si l’on branchait son Kindle sur son Mac, c’était surtout pour récupérer ses livres dument achetés, exercer son droit à la copie privée en cassant leur DRM, et archiver les fichiers dans une bibliothèque numérique comme Calibre.
Or Amazon compte bien combler les dernières failles permettant encore de le faire. Les dernières versions du firmware des liseuses de 11e et 12e génération installent un nouveau mécanisme de DRM, dont le mot de passe de chiffrement est caché au fin fond des entrailles du système, dans un emplacement qui n’est pas accessible sans jailbreak préalable. D’un coup d’un seul, Amazon vient d’empêcher toute possibilité de sauvegarder ses achats et basculer facilement d’un environnement de lecture à l’autre.
Les fichiers « protégés » par le système FairPlay d’Apple peuvent être déplombés… en installant un script obscur après avoir modifié le fonctionnement normal de macOS. Kobo et Vivlio utilisent le système Adobe Digital Edition, qui peut être facilement déchiffré, comme les certificats Readium LCP utilisés par d’autres librairies numériques. Rappelons que les éditeurs peuvent toujours choisir de distribuer leurs livres sans DRM, même chez Amazon et Apple, c’est aussi sur ce terrain que la bataille se joue.
Test du Kindle Colorsoft Signature Edition : lire jaune
