Xavier Niel est connu pour son franc-parler et il l’a encore prouvé pendant le week-end en répondant à un utilisateur sur X qui réclamait son arrivée en Belgique pour y casser les prix. Le patron d’Iliad, maison-mère de Free et Free Mobile en France, lui a ainsi répondu : « Moi je suis chaud, c’est votre gouvernement qui veut pas ». Il confirme par la même occasion une vieille rumeur de 2018, qui suggérait son intérêt pour cet autre pays frontalier de la France, peu connu en effet pour ses tarifs particulièrement bas, notamment dans le monde des fournisseurs d’accès à internet et opérateurs mobiles.

L’internaute repéré par Xavier Niel se plaignait de devoir payer 35 € par mois au minimum pour un accès à internet. Si on se base sur le comparateur de FAI fourni par Astel, cela correspond sans doute à une offre chez Scarlet pour de l’internet limité à 100 Mbps en téléchargement et 20 Mbps en envoi de données. Le site du fournisseur d’accès à internet vante d’ailleurs les prix les plus bas de Belgique, tout en proposant en entrée de gamme un forfait à 23 € par mois… limité à 50 Go de données par mois ! En France, cela fait bien longtemps que les restrictions sur le volume des données sont un mauvais souvenir sur les connexions fixes et cela fait plusieurs mois que l’on a pléthore d’offres au-delà du gigabit pour moins de 30 € par mois.
Chez Free justement, la Freebox Pop S propose jusqu’à 5 Gbit/s en téléchargement et 900 Mbit/s en envoi pour 24 € par mois, un prix garanti cinq ans. Le FAI de Xavier Niel n’est plus le moins cher, on peut avoir la fibre gigabit pour 21 € chez RED, tandis que B&You a frappé un grand coup avec son offre « Pure fibre » qui peut monter à 8 Gbit/s pour 24 € par mois. Pour atteindre de tels débits en Belgique, il va falloir casser la tirelire : on trouve une offre en fibre optique jusqu’à 5 Gbps chez Mobile Vikings pour 90 € par mois, tandis que Proximus propose du 2 Gbps pour 58 € par mois la première année, puis 78 € chaque mois au-delà.

On pourrait refaire l’analyse du côté du mobile, mais résumons en relevant que les forfaits français sont bien plus avantageux que ceux proposés en Belgique. Alors, est-ce que Xavier Niel pourrait venir casser les prix, comme il l’a fait en France, notamment sur le mobile depuis le lancement de son propre opérateur en 2012 ? En tout cas, il a bien un pied dans le pays, comme le rappelle Univers Freebox. En 2023, il est entré au capital de Proximus, l’opérateur belge historique (ancien Belgacom) qui est toujours une entreprise publique puisque l’État possède environ 55 % du groupe. En prenant possession d’environ 6 % par le biais d’une holding qu’il contrôle, Xavier Niel est actuellement son deuxième actionnaire, juste derrière le gouvernement belge.
Fort de cette position, il aurait proposé cette année un partenariat avec l’État belge pour remanier Proximus et notamment le droit de nommer son CEO, même si le gouvernement aurait gardé la présidence du conseil d’administration. L’homme d’affaires français aurait effectivement reçu un refus net d’après la presse économique belge. Pas sûr qu’un message publié sur X suffise à convaincre les autorités belges, mais peut-être que ce sera une bonne manière de motiver les clients belges à réclamer une ouverture de leur marché à la concurrence.
Toutes les offres listées dans cet article sont en effet liées à Proximus : Scarlett comme Mobile Vikings que l’on citait plus haut sont toutes deux des marques gérées par le géant des télécoms belge. Cette main-mise sur le marché associée à l’absence de concurrents motivés pour baisser les prix — Orange Belgique, par exemple, ne propose rien à moins de 51 € par mois et c’est de l’internet fixe bridé à 200 Mbps en téléchargement — expliquent certainement les prix élevés en Belgique.