La famille iPod se sera beaucoup agrandie depuis qu'un jour d'octobre 2001 Steve Jobs a présenté le premier exemplaire d'un appareil qui allait bouleverser le monde de la musique et donner à Apple le leadership d'un marché où la marque à la pomme mettait pour la première fois le pied. Depuis, les générations et les déclinaisons se sont succédé. Dernier en date : l'iPod shuffle dont nous vous présentions le labo la semaine passée. Prochaine évolution ? La vidéo, qui sait. Pourtant, déjà, l'iPod connaît plus que la musique. Depuis octobre dernier, le parallélépipède a en effet gagné de nouvelles fonctions. Il sait maintenant stocker et diffuser les photos de l'utilisateur. Pour autant, l'iPod photo vaut-il la peine qu'on casse sa tirelire ?

Un "4G", la photo en plus

En bref, l'iPhoto photo n'est autre qu'un iPod de quatrième génération auquel on a ajouté un écran couleur et la possibilité de visualiser des photos. De l'extérieur, presque rien ne permet de le distinguer de l'iPod 4G 40 Go. Un examen attentif révèle toutefois deux petites différences : un poids très légèrement supérieur (de moins de 10 grammes) et 2 mm d'épaisseur en plus. Le nouveau port vidéo, qui permet de brancher l'appareil sur un téléviseur, ne fait qu'un avec le connecteur mini-jack utilisé pour les écouteurs. Sur le papier, les différences entre iPod et iPod photo sont les suivantes :

Malgré l'écran couleur, l'autonomie se voit donc allongée de trois heures, un très bon point. La protection contre les sautes en cas de chocs se réduit un peu, mais reste supérieure à un quart d'heure. Suffisant pour être confortablement à l'abri de toute interruption pendant la lecture.

L'interface reprend trait pour trait celle des modèles 4G - la couleur en plus, évidemment. Les fonctions photo mises à part, on retrouve exactement le même système d'exploitation.

Pour tout ce qui ne concerne pas les fameuses photos, un écran en couleurs n'est bien entendu pas nécessaire. Il n'empêche. À défaut d'une véritable utilité (sauf pour l'affichage des images, bien sûr), l'interface couleur se révèle agréable et... ô combien plus jolie. La nouvelle police Myriad contribue à rendre son aspect est encore plus "Apple", plus léché. En définitive, on assiste au même phénomène que pour les téléphones portables : les menus en couleurs n'ont jamais parus indispensables ou même d'une quelconque utilité jusqu'à ce qu'ils commencent à apparaître. Aujourd'hui, les modèles équipés d'un écran noir & blanc ont presque totalement disparu...

iTunes à tout faire

La synchronisation des photos ne passe pas par iPhoto comme on aurait pu s'y attendre. Pour garder la compatibilité avec les PC, Apple aurait alors dû réaliser une version Windows du logiciel. C'est donc iTunes dans une révision estampillée 4.7 qui se charge de tout. Un nouveau panneau des préférences donne accès à tous les réglages concernant l'iPod. Les options relatives à la musique recèlent une nouveauté : la possibilité de transférer les couvertures des albums pour un affichage sur l'iPod lors de la lecture. Un plus agréable, un lien avec l'aspect "matériel" de l'album écouté.

Un deuxième onglet permet de choisir les photos à transférer. Et voilà une bonne surprise : la provenance des images n'est pas limitée à la bibliothèque d'iPhoto et à ses albums. On peut aussi opter pour un dossier d'images quelconque, géré par exemple à l'aide d'un logiciel de tierce partie. Sur PC, pas d'iPhoto bien sûr, mais iTunes reconnaît automatiquement les données d'Adobe Photoshop Album (disponible gratuitement) ou de Photoshop Elements 3.0 du même éditeur. Il sait aussi utiliser le contenu du dossier "Mes images" ou d'un autre dossier.

L'option "Inclure les photos en pleine résolution" mérite que l'on s'y attarde un peu. Lors de la synchronisation, chaque image est stockée en trois tailles différentes sur le baladeur : une pour le mode "aperçu", une pour l'affichage plein écran sur l'iPod et enfin une pour la visualisation sur une télévision. Par défaut, le dossier "Photos" de l'iPod ne contient pas les images dans un format directement exploitable sur l'ordinateur : celles-ci sont organisées dans une base de données spécifique. Mais, en activant l'option qui nous intéresse, une version originale des photos est copiée, en plus, dans le même dossier. Cela autorise par exemple un transfert sur un autre ordinateur. En effet, les restrictions de copie sur les fichiers musicaux n'ont pas lieu d'être dans le cas de photos. L'ajout des clichés en pleine résolution aura bien entendu une incidence sur l'espace disque utilisé.

Cela nous amène à une deuxième considération. On peut regretter que l'iPod photo ne soit pas capable d'importer des photos depuis un appareil photo numérique pour en décharger la carte mémoire, et ensuite de les visualiser (un accessoire de Belkin permet certes d'importer des images, mais sans possibilité de visualisation). Mais l'iPod photo n'est tout simplement pas pensé pour. D'ailleurs, il ne dispose pas non plus d'un micro pour enregistrer du son. Le système de stockage traité plus haut montre que l'iPod photo n'est pas conçu pour acquérir du contenu par lui-même. Il sert uniquement à stocker des informations transférées depuis l'ordinateur pour les visualiser ou les écouter ensuite. Il permet d'avoir sa discothèque et sa photothèque en permanence sur soi, à disposition, et c'est là sa fonction.

Séance diapos

Concrètement, les fonctions photo de cet iPod se matérialisent par une nouvelle entrée dans le menu principal. Depuis là, on accède, comme pour la musique à travers les listes de lecture, à la liste des albums transférés. L'ouverture d'un album provoque l'affichage des images, 25 miniatures à la fois. On y navigue avec la molette. On sélectionne une image pour l'afficher en pleine écran, ou on lance un diaporama. Les réglages du dit diaporama, au sommet du menu "Photos", permettent de choisir le temps d'affichage des images, la musique de fond, la répétition, la lecture aléatoire, les transitions, etc.

Il n'est pas possible de modifier les photos ou de les réordonner. Si votre appareil photo ne s'en charge pas automatiquement, vous devrez donc retourner manuellement les images dans iPhoto avant le transfert sur l'iPod. Impossible non plus de zoomer pour examiner un détail de plus près comme on a l'habitude de le faire sur l'écran de l'appareil photo. Une fonction d'impression sans ordinateur comme savent le faire certains APN aurait également été un plus. Mais comme nous l'avons vu plus haut, l'iPod photo ne stocke pas de version "haute résolution" des images dans sa base de données.

La définition du fameux écran couleur ne nous a pas enthousiasmé. La qualité des photos affichées en pleine grandeur est moins bonne que celle de l'écran d'un Canon IXUS par exemple. La nouvelle police des menus paraît d'ailleurs presque floue parfois. Elle n'en reste pas moins plus jolie et plus en accord avec la charte graphique actuelle d'Apple.

La visualisation sur un téléviseur se montre beaucoup plus utile pour faire partager ses clichés à ses connaissances. A condition de ne pas oublier de prendre avec soi le cable de raccordement fourni... L'affichage se fait uniquement au format 4:3. Dommage pour les possesseurs de téléviseurs 16:9 (de plus en plus répandus) qui devront s'accomoder de larges bandes noires sur les côtés.

Les accessoires

Dans la boîte des deux modèles d'iPod photo on trouve une station d'accueil avec sortie vidéo, un cable A/V et un étui. En comparaison, l'iPod 4G 20 Go n'a ni dock ni étui et le 40 Go pas d'étui en standard.

La connectique étant inchangée par rapport aux modèles 3G et 4G, la grande majorité des innombrables accessoires de tierce partie reste heureusement compatibles avec les iPod photo. L'épaisseur légèrement supérieure de ces dernires ne leur permettra peut-être pas de rentrer dans tous les types d'étuis. Quoi qu'il en soit, un iSkin prévu pour les iPod 4G 40 Go, très élastique, s'adapte parfaitement au modèle testé.

En conclusion

L'iPod photo est l'évolution logique de l'iPod. Ce n'est plus seulement toute sa musique que l'on a toujours en poche, mais aussi toute sa collection de photographies. On a donc affaire à un iPod 4G en couleurs, capable d'afficher des diaporamas en tout lieu. Reste à juger si cela justifie la différence de 110 Euros entre les deux modèles 40 Go. Pour certains, l'écran en couleurs, bienvenu surtout sachant que l'autonomie du baladeur ne s'en trouve pas amoindrie – au contraire – fera à lui tout seul pencher la balance en faveur du modèle photo. Pour ceux qui n'éprouvent pas le besoin de se balader avec leur photothèque en revanche, les iPod "classiques" resteront le meilleur choix.

Merci à ValCenter.ch pour le prêt du matériel testé