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Test des Roku 2 et Roku 3

Mickaël Bazoge

mercredi 02 décembre 2015 à 20:00 • 10

Matériel

En France, les constructeurs de box de streaming font face à la concurrence féroce des fournisseurs d'accès à internet. Quel est l’intérêt d’en rajouter encore autour du téléviseur, alors que le meuble ressemble déjà à un plat de spaghettis en passe de submerger le salon ?

La réponse n’est pas évidente. Aux côtés de l’Apple TV, qui mise sur l’écosystème du constructeur et les applications, et du Chromecast qui parie sur son petit prix, on trouve pléthore de box en tout genre et à tous les tarifs (une visite sur Amazon permet de se rendre compte de la richesse et de la diversité de ce marché).

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Malgré la concurrence des box des FAI, d’Apple et de Google, Roku, un des leaders américains du secteur, s’est récemment lancé sur le marché français en distribuant trois de ses produits : le Streaming Stick (une clé HDMI avec une télécommande), ainsi que les box Roku 2 et Roku 3 qui font l'objet de ce test. Le constructeur a aussi à son catalogue le Roku 4 (dont la principale nouveauté est le support de la 4K) qu’il a décidé de ne pas commercialiser chez nous, du moins pas encore.

Design : discret sous la télé et dans la main

Techniquement, il est bien difficile de distinguer le Roku 2 du 3, et inversement. Les deux boîtiers intègrent un processeur BCM11130 cadencé à 900 MHz, 512 Mo de stockage de base, un slot micro SD, la prise en charge du Wi-Fi a/b/g/n dual-band, une sortie HDMI, un port Ethernet et un port USB.

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Les deux appareils partagent également un design très similaire. Les boîtiers, très légers et tout petits, sont loin d’égaler la qualité de finition de l’Apple TV. On est face à des produits au design assez générique et peu inspiré, exception faite du petit morceau de tissu violet qui dépasse, véritable signature du constructeur. Les Roku, comme tous les boîtiers de streaming, ont de toute manière vocation à rester sagement sous le téléviseur à prendre la poussière.

Les différences se nichent au niveau de la télécommande. Celle du Roku 3 est plus performante avec son support du Wi-Fi Direct, sorte de Bluetooth aux stéroïdes : à l’instar de la télécommande Siri de l’Apple TV, on peut donc l’utiliser sans avoir à « viser » le boîtier. La télécommande du Roku 2 n’offre elle que l’infrarouge : il est donc nécessaire de pointer vers la box afin de la contrôler.

La télécommande du Roku 3 comprend aussi une sortie audio sur laquelle on peut brancher des écouteurs ou un casque. Pratique pour continuer à profiter d’un film sans déranger la personne à côté de vous.

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Le design de ces télécommandes est très proche. On est là aussi très loin du niveau de finition de la télécommande de l’Apple TV. La coque en plastique des Roku sonne cheap, tout comme les boutons « mous » dont la qualité est à mille lieues des standards de ceux d’Apple. Le modèle pour le Roku 3 est un peu mieux doté de ce côté, avec une croix directionnelle plus dure que sur le Roku 2.

Sur les deux télécommandes, on retrouve les mêmes boutons : retour, accueil, lecture/pause, avance et retour rapide, ainsi que deux touches (astérisque et retour) qui peuvent servir dans certaines applications.

Plus original, quatre boutons destinés à autant de services en ligne sont aussi présents. Pratique… si on est abonné aux sites en question, évidemment. Ces raccourcis ne sont pas programmables, ce qui est d’autant plus malheureux qu’un des services en question (Rdio) va bientôt fermer ses portes… Il aurait été bon de pouvoir le remplacer par Spotify ou n’importe quelle autre application.

La télécommande du Roku 3 comporte, elle, des boutons de volume plus deux touches supplémentaires, A et B, pour les jeux. Le périphérique peut faire office de manette à tenir à l’horizontale pour certains titres encore rares.

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La prise en main n’est pas mauvaise grâce à la rugosité du plastique ; sans regarder la télécommande, on sait instinctivement quel est le bon sens pour la manipuler. Toutes les télécommandes ne peuvent pas en dire autant (combien de fois s’est-on planté de sens avec la Siri Remote…). Les périphériques de ces deux Roku fonctionnent avec deux piles qui sont fournies.

Roku OS : une plateforme sobre et sans chapelles

Roku a développé son propre système d’exploitation pour ses deux produits. Roku OS, basé sur Linux, en est actuellement à sa version 7. Très simple d’utilisation, l’interface des boîtiers repose sur de grosses icônes d’applications regroupées dans une grille au scrolling infini — pas de dossier d’apps ni de gestion par pages, mais on peut tout de même déplacer les logiciels pour se créer des « zones » thématiques (toutes les apps télé, puis tous les jeux, etc.).

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Le design de l’interface est très sobre : pas d’animations superflues, aucun effet 3D, mais un fond de couleur (violet par défaut) et des listes de texte comme au bon vieux temps de FrontRow. Ce n’est pas particulièrement aguicheur, mais la navigation a au moins le mérite de l’efficacité.

Le téléspectateur a accès à trois sections : la page d’accueil liste les icônes des applications téléchargées, les « chaînes » de flux vidéo donnent accès au Channel Store (la boutique d’apps), et enfin les paramètres permettent de régler l’accès réseau, le type d’affichage, les préférences audio et système…

Ces préférences peuvent aussi servir à changer le thème. Cinq sont disponibles. Ils modifient à la fois le fond d’écran et quelques éléments d’interface. Exception faite de Rêverie qui va plus loin dans les changements, il s’agit surtout de modifications à la marge qui ne changent rien à l’expérience d’utilisation. On apprécie néanmoins que tous ces thèmes assez sombres ne brûlent pas les yeux lorsqu’on utilise le Roku dans un salon plongé dans le noir.

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Une quatrième section Options est aussi proposée, mais pour y accéder il faut appuyer sur la touche astérisque de la télécommande. Elles permettent de noter une app, de la déplacer dans la grille, ou de la supprimer.

C’est évidemment le Channel Store qui attire immédiatement l’œil, avec ses nombreuses applications et chaînes. Dans la guerre des chapelles, Roku se veut neutre : le constructeur n’a pas lancé d’offre de streaming ou de boutique vidéo. Le Store accueille donc un grand nombre de services en tout genre, des plus classiques mais indispensables comme Netflix, Spotify, Flickr, Twitch, etc., aux moins connus comme la spécialiste techno TWiT, les vidéos GoPro… Il y a même un channel Popeye !

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La difficulté dans cette histoire est de trouver les bonnes applications. Roku ne propose ni recommandations particulières, ni même moteur de recherche ! Il y a bien un clavier dans l’app mobile, mais celui-ci ne sert à rien. À moins d’être très curieux, la plupart des utilisateurs se contenteront des chaînes les plus connues, au détriment d'autres plus obscures mais qui auraient pu les intéresser. Bien qu’au vu de la qualité globale du catalogue, on fait assez vite le tour des chaînes les plus intéressantes.

Les spectateurs américains ont plus de chance : les Roku 3 et 4 comportent une fonction supplémentaire de reconnaissance vocale qui ouvre la voie à la recherche universelle de contenus. D’une manière similaire à l’Apple TV, Roku va fouiller dans les catalogues de plusieurs applications (dont Netflix, Amazon Instant Video, Hulu Plus, HBO GO…) et propose les résultats d’une recherche au sein de tous ces services. Une idée excellente… mais indisponible en France.

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La télécommande du Roku 3 a ceci d’inédit qu’elle intègre un port jack sur lequel on branchera un casque ou des écouteurs. Le volume se contrôle à partir de deux boutons sur le côté. Ce système, qui fonctionne plutôt bien, a le mérite de ne pas froisser le sommeil du partenaire de lit ou de canapé puisque seul le détenteur de la télécommande profitera de la musique ou du film.

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Ce périphérique peut également servir de manette de jeu : utilisée à l’horizontale, la télécommande fait office de manette avec sa croix directionnelle et les deux boutons A et B. Les titres qui exploitent cette particularité sont malheureusement peu nombreux, les développeurs se contentant du support a minima de la télécommande standard — ce qui signifie aussi que les jeux proposés par Roku ne sont pas très fouillés et bien peu sont vraiment intéressants au-delà de quelques minutes.

Lecture vidéo : ouvert sans en faire trop

Les applications et les jeux ont au moins le mérite de tous se lancer rapidement. Nul besoin de poireauter avant la lecture d’un film ou d’une série dans Netflix ou Google Play Films, et pas d’attente non plus avant des vidéos de YouTube. Il peut par contre arriver que les premières secondes soient en définition standard avant de basculer vers la HD.

Les Roku ont également pour eux d’être plus ouverts que l’Apple TV pour ce qui concerne l’accès et la lecture de fichiers vidéo. Certes, le boîtier de la Pomme a fait beaucoup d’efforts dans ce domaine grâce à tvOS et sa boutique d’applications (notamment Infuse et Plex). La vitrine de Roku est bien disposée à cet égard : on y trouve en effet Plex, DS Video, Seagate Media, des outils pour accéder au contenu d’une clé USB…

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En glissant une clé USB, le boîtier sera capable de lire du MKV, du MP4 et du MOV (H.264/AVC) pour la vidéo, ainsi que de l’AAC, du MP3, WMA, FLAC, PCM et Vorbis pour l’audio.

Si on possède des vidéos stockées sur un serveur, il faut en passer par une application de type Plex… sans toutefois s’attendre à des miracles : les fichiers dont les formats ne sont pas pris en charge par le Roku seront transcodés par le serveur ou l’ordinateur où le contenu est stocké. La problématique est donc identique à l’Apple TV (lire : Tout ce qu’il faut savoir sur Plex et la nouvelle Apple TV). Mieux vaut donc posséder un serveur suffisamment puissant pour pouvoir lire une vidéo sur le Roku avec un minimum de confort. Ou s’arranger pour posséder des fichiers lisibles par le boîtier.

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Un des avantages — et c’est paradoxal — de l’offre de Roku par rapport à l’Apple TV est la présence d’une application compagnon. Celle-ci permet de contrôler le boîtier avec une télécommande virtuelle, de diffuser des photos depuis l’iPhone vers le Roku, ou encore de naviguer dans le catalogue de chaînes et les télécharger. Elles s’installeront automatiquement dans le Roku, et il sera même possible de les lancer depuis l’application.

Les Roku 2 et 3 intègrent un slot microSD qui devait servir à améliorer les capacités de stockage des boîtiers, pour les channels et surtout, pour les jeux. Dans les faits, si vous n’êtes pas un (très) gros consommateur d’applications, il ne sert à rien d’investir dans une carte. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’app standard qui permet l’accès aux contenus stockés sur un support externe ne prend en charge que les clés USB.

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Pour conclure

Passer après l’Apple TV n’est pas chose facile : la Pomme a en effet soigné le matériel et le logiciel et il est bien difficile de revenir à un produit plus rustre comme peuvent l’être ces boîtiers Roku. Au-delà d’une interface spartiate (mais finalement plutôt adaptée à un téléviseur) et de finitions qui sont à deux ou trois crans en dessous de l’Apple TV, il est regrettable que les modèles vendus par Roku en France soient amputés des fonctions de reconnaissance vocale et de recherche universelle.

Les Roku ne brillent pas non plus par la qualité de leurs applications autres que celles des fournisseurs habituels de contenus (Netflix, YouTube, etc.) : les jeux ne valent pas tripette, et la plupart des logiciels disponibles se contentent d’afficher, souvent pas très bien, du contenu mal adapté au téléviseur.

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À 119,99 €, il est difficile de conseiller le Roku 3 qui n’a pour lui que la fonction d’écoute audio intégrée à la télécommande. Les jeux censés exploiter le potentiel de la télécommande/manette sont pratiquement inexistants. Techniquement, les deux boîtiers sont identiques ou presque, et les fonctions qu’ils offrent sont similaires.

Si vous recherchez un boîtier de streaming simple et plus ouvert que l’Apple TV, sans devoir prendre partie pour un camp (iOS) ou pour un autre (Android), le Roku 2 (89,99 €) n’est pas la plus mauvaise des options. Mais en face d’une box internet qui propose la plupart de ces fonctions et même plus, on voit mal ce que pourrait apporter un tel produit.

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