Le marché français de la musique se stabilise

Anthony Nelzin-Santos |

À l’occasion du Midem, le Syndicat national de l’édition phonographique a publié son bilan pour l’année 2013. Une année « atypique » : pour la première fois depuis douze ans, le marché français de la musique enregistrée est en progression.

Cette progression est trop timide (+0,92 %) pour que l’on puisse déjà parler de véritable reprise : le fait est que depuis 2002, le marché français de la musique a perdu 62 % de sa valeur, pour ne plus peser que 493,2 millions d’euros. Il faut d’ailleurs ajouter les revenus des droits voisins pour parvenir au chiffre de +2,3 % mis en avant par le Snep.

Ce rebond montre toutefois que c’est bien l’offre musicale qui tire les ventes et le chiffre d’affaires vers le haut. Les sorties d’albums tout au long de l’année ont provoqué une embellie du marché (+1,6 % en physique, +8,7 % en ligne), deux albums ayant franchi la barre du million d’exemplaires (ceux de Zaz et Stromae) et cinq ayant dépassé le demi-million (ceux de Johnny Hallyday, David Guetta, Daft Punk, Bruno Mars et Maitre Gims). Les ventes peu rentables de titres ont elles lourdement chuté (-55 % en physique, -5,3 % en ligne), après des années de progression continue.

Alors que les boutiques en ligne ont consacré la vente « à la découpe », cet engouement pour l’album a surtout profité aux magasins physiques. Les ventes sur les plateformes de téléchargement baissent même de 1,1 % : c’est au streaming que l’on doit la progression de 0,6 % du chiffre d’affaires des ventes dématérialisées. Son chiffre d’affaires a doublé en trois ans et représente désormais 43 % du marché de la musique en ligne ou 10 % du marché de la musique — mais il faut remarquer que l’essentiel de sa croissance est réalisé sur les offres financées par la publicité (+9,6 %) plutôt que sur les abonnements (+1,2 %).

Comme l’admet volontiers le Snep, cette légère progression est une lueur d’espoir, et rien n’est joué pour 2014. Reste que les signes sont positifs, puisque le marché de la vente en ligne arrive à maturité et les échanges P2P ont baissé de 30 % en trois ans selon Nielsen. Principal levier de croissance selon le Syndicat national de l’édition phonographique, une amélioration de la promotion des artistes dans les médias traditionnels, la radio et la télévision étant encore aujourd’hui le principal moyen de découvrir de nouveaux titres.

avatar abohbot | 
Il manque encore du talent pour que les ventes repartent à la hausse. D'un autre côté j'ai l'impression que les auditeurs sont fermés à l'idée d'acheter un cd. Moi je suis un consommateur de musique j'achète parfois que les titres qui me plaisent. Au niveau série je me suis acheté les Game of thrones, il faut souligner que cette série le vaut largement, tout comme certains chanteurs.
avatar lukalafaget | 
Moi j'utilise Grooveshark. Quand je veux (rarement) le morceau physiquement, je le prends sur un site de téléchargement gratuit, puisque je paye différentes taxes pour le droit à la copie privée (disques durs, lecteurs mp3, ordi...).
avatar lukalafaget | 
Je suis bien d'accord sur le fait que ça ne dédouane pas, j'en fait juste un principe. Que les prix du supermarché répercutent trop le coût des vols que je ne commets personnellement pas et je vais chez un concurrent. En revanche la taxe contre la copie privée est un racket systématique imposé à grands coups de lobbys dépassés par le changement de paradigme du milieu musical et que je paye même si j'achète mon disque pour y mettre mes photos persos. N'y voit pas du tout un droit automatique que je m'attribue mais plutôt une sorte d'activisme (tout comme je préfère acheter mes livres professionnels en version américaine car beaucoup moins cher que les versions françaises aux prix figés et gangrénés par la fameuse "exception culturelle"). Tout dérive vers la taxe et l'assistanat c'est fatiguant à force: La presse va mal ? taxes et lois Les librairies vont mal ? taxes et lois (contre amazon par exemple) les ventes de voitures chutes ? taxes et lois les taxis sont incapables de s'adapter à la concurrence des VTC ? taxes et lois l'industrie musicale a été incapable d'aborder le virage numérique ? taxes et lois ... au lieu de toujours taper sur le portefeuille des gens pour sauver des milieux en berne, on pourrait peut-être envisager d'apprendre à mieux s'adapter non ?

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