Spotify échappe grandement à la commission de Google Play grâce à un accord spécial

Stéphane Moussie |

Spotify bénéficie d'un traitement préférentiel de la part de Google sur sa boutique d'applications Android. C'est ce qu'a révélé Google, qui aurait préféré garder cela confidentiel, lors du procès antitrust qui l'oppose à Epic.

Image Spotify

Don Harrison, le responsable des partenariats de Google Play, a dévoilé que Spotify ne payait aucune commission quand les utilisateurs Android choisissaient de s'abonner via le système de paiement du service de streaming — c'est une option en place depuis l'année dernière. Or, dans sa documentation publique, Google indique que pour les développeurs qui utilisent des systèmes alternatifs de facturation, sa commission est simplement réduite de 4 points, c'est-à-dire qu'elle s'élève à 11 % au lieu de 15 % dans la plupart des cas.

Par ailleurs, si les clients de Spotify s'abonnent via le système de facturation traditionnel de Google, la commission prise par le créateur d'Android n'est que de 4 %, contre 15 % normalement.

Mis devant le fait accompli, Don Harrison a justifié au tribunal cet accord « sur mesure » par la popularité « exceptionnelle » de Spotify. « Si Spotify ne fonctionne pas correctement sur les services de base et les services [Google] Play, les gens n'achèteront pas de téléphones Android », a expliqué le responsable, qui a ajouté que les deux entreprises s'étaient engagées à verser chacune 50 millions de dollars dans un « fonds pour le succès. »

Choix du système de facturation dans l'application Android de Spotify. En choisissant le mode de paiement « Spotify », Google n'empoche aucune commission. En choisissant la facturation « Google », Google prélève 4 % à Spotify.

Dans une déclaration complémentaire à The Verge, Don Harrison a précisé qu'un « petit nombre de développeurs qui investissent plus directement dans Android et [Google] Play peuvent avoir des frais de services différents dans le cadre d'un partenariat plus large », sans pour autant donner de nom.

Le procès a révélé que Google avait proposé en 2017 à Netflix d'abaisser sa commission à 10 %, ce que la plateforme vidéo a refusé, préférant couper toute forme de souscription via son application Android pour éviter quelque frais que ce soit.

Apple n'est pas en reste dans l'octroi de traitements de faveur sur sa propre boutique d'applications. Bien qu'elle prétend traiter tous les développeurs sur un pied d'égalité, la Pomme a accordé des avantages techniques ou commerciaux de manière confidentielle à plusieurs grandes entreprises, comme Amazon, Zoom ou Uber, mais pas à Spotify, ou alors pas suffisamment pour calmer son mouvement de fronde contre les clauses de l'App Store. Apple était aussi prête à déployer le tapis rouge à Netflix pour que la plateforme conserve le système de facturation de l'App Store.

avatar Arnaud33 | 

Il est la le problème de ce système de commission le pauvre petit développeur paye cher pour être présent sur la plateforme et la multinationale ne paye rien … alors que si la commission était faible cela serait acceptable même par les plus grosses entreprises

avatar vince29 | 

Le petit (développeur, contribuable...) paye toujours plein pot.

avatar Phiphi | 

@vince29

C’est l’ensemble du « système » qui c’est imposé à nos sociétés qui est façonné « par les gros, pour les gros » Côme une sorte de chaîne alimentaire dans laquelle les 99% sont les consommables des 1%.

avatar TDBI | 

@Phiphi

Suffit de regarder le reportage sur Arte en 3 parties : le capitalisme américain.

avatar CorbeilleNews | 

@TDBI

Oui c’est dit dès le départ mais on s’en doutais bien 🤷‍♂️

avatar debione | 

@Arnaud33:

On remarque exactement le même mouvement dans les paiements par carte ou sans contact... Le petit paye plein pot, la ou le gros a des avantages qui rendent le gros toujours plus gros et le petit toujours plus petit...
D'ou l'importance de légiférer bien plus profondément.

"Des p'tits qui font grossir les gros, qui rendent les p'tits toujours plus p'tit pour que le p'tit n'ait d'autre choix, pauvre de lui que d'faire des p'tits, oui oui !
Des p'tits sous, des p'tits sous, qui veut des p'tits sous ?
Des p'tits sous, des p'tits sous, on veut des p'tits sous, allez !"
D. Saez

avatar CorbeilleNews | 

@debione

Et ça n’empêche pas les plus riches de toujours se plaindre, comme si ils ne vivaient pas encore assez bien…

avatar debione | 

@CorbeilleNews:

L'épisode de South Park sur le download illégal de musique en parfait démonstrateur...

avatar Nesus | 

@Arnaud33

Quelle vision absurde. Pensez qu’ils ne paient rien, alors même que l’article dit le contraire… c’est un accord. Chacun y gagne. Le jour où le petit développeur filera du cash direct et permettra aussi de faire venir le client sur la plateforme, lui aussi aura le droit à un traitement de faveur. En attendant, il a un accord standard.

avatar Arnaud33 | 

@Nesus

Le mot « rien » dans ma phrase est exagéré , mais ces accords entre multinationale ne sont pas normaux.

avatar Nesus | 

@Arnaud33

Même si votre rien est exagéré, il reste absurde.
Même en ne payant pas directement, Spotify reste l’un des plus gros contributeur financier pour Google. En argent réelle, celui qui est sur votre compte bancaire. Parce que 30 pour-cent de 100€, c’est toujours très loin de faire 50 millions de dollars. Après si vous estimez que 50 millions c’est rien…

Et ce sont des accords normaux. Personne ne traite un gros client de la même façon qu’une petit et heureusement. Je suis le plus gros client de mon fournisseur. J’ai des délai de paiements à 60 jours. Et c’est normal, parce que : ca m’arrange. S’il n’est pas d’accord, il perd son plus gros client. Donc on s’arrange, c’est normal. C’est la règle du capitalisme. Maintenant, vous voulez avoir ce genre d’accord, devenez aussi gros que spotify.

avatar byte_order | 

Preuve que quand le rapport de force est plus équilibré, y'a bel et bien mise en concurrence, avec des éditeurs de killer apps qui obtiennent alors des conditions plus cohérentes, genre une commission que de 4% sur des paiements via la solution d'un tiers (Google Play ici) mais 0% quand ce tiers n'apporte rien dans la solution de paiements finalement utilisée.

Preuve également qu'en l'absence de mise en concurrence et des solutions de distributions et des solutions de paiement, tous les autres acteurs qui sont en position de faiblesse se font clairement abusés avec des montants de commission hors sol, là où ceux qui réussissent déjà beaucoup mieux qu'eux bénéficient, eux, de conditions plus cohérentes, mais encore plus profitables face à leurs potentielles apps concurrentes.

Ce sont des conditions de rentes et de primes à l'impunité et à l'exclusivité, qui ne sont pas saines pour un marché économique sain durablement.

avatar debione | 

@byte_order:

Preuve surtout que tout est fait pour que le gros reste gros, et le petit petit.
Perso, j'appelle cela de la distorsion de concurrence.

avatar CorbeilleNews | 

@byte_order

Un peu comme la possibilité de défiscaliser en faisant du locatif et en croyant qu’ils font de bonnes actions mais cela ne fait qu’augmenter les prix pour les primo accédants qui pour certains ne pourront jamais a cause de ces prix artificiellement haut !

avatar k2r | 

Arrêtez-moi si je me trompe, mais il me semble que hormis l'abonnement annuel développeur à 99 $, tout développeur qui publie une app gratuite ne paye aucun frais d'hébergement sur les serveurs d'Apple. La commission n'est prélevée que sur les éventuels achats in-app.
Alors certes, 30% peuvent sembler beaucoup, mais les frais de structure engagés par Apple sont considérables, donc à un moment ou à un autre, il faut bien payer la "location" des serveurs et des infrastructures, non ?

avatar Krysten2001 | 

@k2r

Plus tous les services à côté 🙃

Il faut bien se dire que même les gros comme Spotify, si ils sont sur l’app store, c’est qu’ils y trouve leur compte. Après ils veulent tout gratos🙃

avatar fte | 

@Krysten2001

"Après ils veulent tout gratos🙃"

Pas toi ? On te file un Mac gratuit ou on te laisse le choix de le payer au prix catalogue. Tu fais quoi ? Ou une jolie villa dans le sud de la France, dans les lavandes, là où il fait beau, gratos. Ou contre 10 mio. Tu choisis. Tu fais quoi ?

Aussi, si tu proposes à ton employeur de bosser gratuitement dès demain, il va se passer quoi tu penses ?

avatar Krysten2001 | 

@fte

Sauf que ça n’arrivera pas 😉

Pour avoir un objet, il faut le payer,…
Le gratuit n’existe pas 😉

avatar fte | 

@Krysten2001

"Le gratuit n’existe pas 😉"

Hum. C’est un argument ? Quel rapport avec le fait de ne pas être satisfait des conditions d’un contrat et de souhaiter négocier de meilleures conditions ? C’est une façon de dire qu’il faudrait être satisfait dans tous les cas ? Naa, ça ne peut pas être ça, ce serait trop crétin.

avatar dodomu | 

@k2r

Tout à fait, mais si ça se trouve Apple se fait un pognon de dingue malgré tout. Et comme il n’y a pas de concurrence, pas moyen de savoir si le prix d’Apple est le juste prix (situation de monopole, ou quasi).
L’ouverture à la concurrence permettra d’avoir la réponse… l’autre alternative étant des prix fixés par l’État, mais ça serait encore plus impopulaire je pense 😉

avatar fte | 

@k2r

"Alors certes, 30% peuvent sembler beaucoup, mais les frais de structure engagés par Apple sont considérables, donc à un moment ou à un autre, il faut bien payer la "location" des serveurs et des infrastructures, non ?"

Les frais d’infrastructure ne sont pas si énormes, les frais de R&D sont amortis depuis longtemps.

Oui, il faut bien payer la location de l’infra. Le problème est que c’est obligatoire. Pas de possibilité d’utiliser sa propre infra, pas de possibilité de faire jouer la concurrence. Aussi, pourquoi un éditeur de logiciel payant devrait payer l’infra des éditeurs de logiciels gratuits ?

avatar Nesus | 

@fte

Bizarrement, il y a quelques années tout le monde avait son infrastructure. Ce n’est plus le cas. On se demande vraiment pourquoi.

avatar fte | 

@Nesus

"Bizarrement, il y a quelques années tout le monde avait son infrastructure. Ce n’est plus le cas. On se demande vraiment pourquoi."

Parce que, hors sphère Apple, le cloud coûte moins cher qu’avoir sa propre infrastructure à construire et maintenir, tiens, pourquoi crois-tu ?!

Ce qui correspond à mon affirmation que les coûts d’infrastructure d’Apple ne sont pas énormes, dans le grand schéma des choses, mais fort bien facturés par contre. D’autant plus facturés que les "clients" n’ont pas le choix, et qu’il n’y a pas de concurrence.

Bizarrement, sur Mac, alors que le store n’est pas obligatoire, qu’il y a liberté et concurrence, le petit bignou se mange un méchant four bien mérité.

Mais qu’essaies-tu de dire exactement ? Ça semble formulé comme contradictoire alors que ça va en réalité exactement dans le sens de ce que je disais.

avatar fte | 

Je n’ai aucun problème avec des commissions négociées. Certes, les poids lourds ont une marge de négociation importante du fait de leur poids justement. C’est injuste ? Sans doute. C’est le capitalisme.

Mais le discours des plateformes "tous sont soumis aux mêmes règles" est un foutage de gueule cosmique, et ça, en tant que client, ça me gêne.

avatar Nesus | 

Je comprends mieux l’énervement de Ek. Quand Google le juge indispensable, Apple le considère comme quasi inutile.

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