2014 : le marché de la musique en baisse, malgré le streaming

Mickaël Bazoge |

La SNEP (Syndicat national de l'édition phonographique) a livré le bilan de l'industrie musicale en France pour 2014. Globalement, ce marché a reculé de manière assez prononcée, puisque le chiffre d'affaires généré par les ventes de musique physique et en ligne a été de 570,6 millions d'euros, soit -5,3% sur un an. Le téléchargement à la pièce a largement contribué à cette chute, puisque d'une année sur l'autre, il a fléchi de 14%, ce qui est au passage une première; c'est guère mieux du côté des ventes de CD, qui ont reculé de 11,5% (seul le vinyle s'en tire mieux avec une croissance impressionnante de 42% !). Le secteur de la musique physique représente toujours la part du lion du marché avec 71%.

La tendance à la baisse du téléchargement de musique est compensée par le streaming : les revenus tirés de cette activité ont ainsi augmenté de 34%; mieux encore, en représentant 55% du numérique, le streaming en est devenu le premier revenu (c'est 12 points de plus qu'en 2013). Grâce à cette performance, la croissance du marché numérique a finalement augmenté de 6%. En tout, la diffusion en streaming compte pour 16% des revenus totaux du marché de la musique.

Cet appétit pour le streaming s'incarne au travers des titres écoutés par cette méthode, soit 12 milliards de morceaux (+40% sur l'année). Plus impressionnant encore, 16% de la population française s'adonne désormais aux joies du streaming audio, 2 millions de personnes sont abonnées à un tel service. Les ventes de titres et d'albums en ligne ont baissé de 19% environ, les sonneries de 41%. En revanche, les abonnements audio ont grimpé de 38%. Ces chiffres permettent de mesurer à quel point le modèle économique de l'iTunes Store prend l'eau et qu'il est grand temps pour Apple de se réinventer en tant que distributeur de musique.

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Un bémol cependant : les abonnements à des services de streaming audio sont bien souvent couplés avec des abonnements de téléphonie mobile. Deezer avec Orange, Spotify avec Bouygues, Napster avec SFR… Le SNEP rapporte que le marché de la musique a perdu près de 65% de sa valeur depuis 2002. Une valeur que le marché du numérique n'a certes pas permis de compenser, même si ce dernier représente 29% des revenus (+3,5 points).

Le rapport 2014 donne aussi l'occasion d'en savoir un peu plus sur l'économie des services de streaming, comme la répartition des 9,99 euros d'un abonnement : l'artiste-interprète empoche ainsi 0,68 euro seulement, 1 euro de plus s'il est aussi l'auteur et le compositeur.

Sur un plan plus général, le Syndicat a noté que les productions francophones tenaient le haut du pavé : les productions du cru réalisent 74% du chiffre d'affaires variété, soit 8 points de plus. 242 albums francophones ont été lancés l'an dernier, soit 17% de plus qu'en 2013, et 109 nouvelles signatures sont apparues (+31%). Corollaire, les investissements marketing pour ces artistes ont augmenté de 9% pour atteindre les 44 millions d'euros (dont 30% pour les nouveaux talents).

Le gros point noir pointé par le SNEP est la concentration abusive des morceaux dans les programmations des radios. Une tendance qualifiés de « double peine » pour les artistes francophones : « Moins d'exposition et moins de diversité ». Une nouveauté sur dix est francophone, contre une sur quatre en 2007; les rotations des mêmes chansons sont de plus en plus élevées : sur Fun Radio par exemple, une nouveauté francophone peut être diffusée cent fois par semaine, contre 64 en 2003. En moyenne, les rotations ont augmenté de 30% en dix ans… Pourtant, le nombre de nouveautés francophones envoyées aux radios a augmenté de 7%. En tout, regrette le Syndicat, « près des deux tiers de la diffusion francophone des 4 principaux réseaux jeunes concentrés sur 10 titres, ce n’est pas une situation acceptable pour les producteurs ». Une solution pourrait être d'imposer une limite : dix titres francophones ne pourraient pas excéder 50% des diffusions francophones.

avatar poikoi | 

Je paye déjà la taxe sur la copie privée . Je ne vois pas pourquoi je devrais encore acheter les musiques.

avatar Mickaël Bazoge | 
… parce que ça n'a rien à voir ? Le fait de payer la copie privée n'ouvre pas droit au téléchargement illégal. La copie privée autorise la reproduction d'une œuvre de l'esprit pour son usage privé. Rien à voir avec une licence globale.
avatar Mathias10 | 

@poikoi :
Tu vas te faire allumer ^^

avatar Domsware | 

@poikoi :
Cette redevance et non taxe c'est pour le déploiement d'une musique achetée sur plusieurs postes.
Ainsi un morceau acheté peut être copié sur plusieurs de tes machines : c'est la copie privée.

avatar yorick | 

@poikoi :
Je vois un peu ce que tu veux dire.
Quand tu achete une musique tu achetes le morceau.
La copie privé est le droit de copier ce morceau sur différent support.

C un peu bete comme taxe, parce que le fais d'acheter doit normalement te donner le droit d'usus sur ce bien. Tu dois donc avoir le droit de copier ce morceau ou tu veux.
Si je n'ai qu'un smarthphone, je ne copie pas en sauvegarde ce morceau, pourtant je paye la copie privé en achetant ce morceau.
La solution pour faire disparaitre la copie privé serait le DRM.

Mais je trouve absurbe de payé cette taxe.

avatar Lion Yes | 

Youtuve est compté comme service de streaming?

avatar Lion Yes | 

*Youtube pardon.

avatar Mathias10 | 

Sachant qu'un des problème en France est la façons dont les majors adressent le marché. Mettre deezer dans un forfait orange pourquoi pas mais cela n'éduque pas le consommateur. Ok il ne faut pas trop brusquer les habitudes mais là on ne bouscule presque rien

avatar ziedjo | 

L'Etat se fait autant que l'auteur compositeur, c'est propre ça aussi tient....
Il vaut mieux être producteur, c'est ça qui ressort de cette étude.

avatar Ashra | 

Un support désuet est amené à disparaître, les majors doivent s'y faire. L'offre crée ça propre demande ? Alors , les majors on intérêt a bouger pour satisfaire la demande et arrêter de pleurnicher pour le million de profit qu'il n'ont pas pu se faire sur le dos du musicien. J'écoute en streaming, et j'achète des vinyles, j'achète la musique des artistes indépendants et après on nous reproches de pirater. C'est limites penser que le français à 1000 euros à débourser en multimédia par mois. Je met au défi le consommateur qui ne pirate pas, qui n'écoute pas de la musique en streaming d'avoir une grande diversité musicale.

avatar Mathias10 | 

Un truc bizarre dans cette taxe
Le volume total en 2012 était de 197 Millions (3€/français)

Si on ajoute le marché (570 millions ) on dépasse les 10€/an/français.

Autant faire une licence globale à 10€ sous forme d'impôts par exemple (c'est déjà plus ou moins le cas). Et point!

avatar sekhmet | 

Ok voit bien que le streaming paye rien aux auteurs et que les radios font pas leur travail .

avatar reego | 

C'est bizarre que les recettes de la musique francophone soient en baisse, malgré la grande qualité de cette dernière...

avatar Strix | 

@reego :
Rhoooooo....

avatar Domsware | 

Un artiste autoproduit touche donc environ 60% du total si je ne me suis pas trompé.

avatar yorick | 

Excelent article.
J'écrivais un commentaire hier justement expliquant que le streaming fonctionnait bien.
Qu'il y avait de plus en plus d'abonné et qu'on devait faire la meme chose pour le ciné après avoir abolie la chronologie des médias.

avatar Spiconnier | 

@mathias10. Il faut faire ton calcul sur le nombre de personnes imposables. Y'a a peu près 20 millions de foyers imposables en France sur un peu plus de 66 millions de français . C'est plus la même taxe et on dépasse donc le coût d'un abonnement spotify ou deezer;-)

avatar ys320 | 

@sekhmet Les radios font très bien le travail qui est pour elles de faire de l'audience et non pas de vendre des disques. Les radios musicales sont écoutées chaque jours par 30 millions de personnes en France. C'est de satisfaire ses auditeurs le job d'une radio. Ce que ne disent pas les chiffres c'est que les radios payent pour diffuser les disques, c'est le taux de phono au prorata du CA. Les maisons de disques se plaignent que seulement 10 titres français font le marché, mais Black M ne s'en plaindra pas lui, les radios diffuseraient sans soucis plus de français si la production correspondait aux besoins des radios et donc aux envies es auditeurs. Le fantasme de la gentille maison de disque et du méchant diffuseur... Cela ne choque personne que 70% des revenues d'une boite comme Spotify soient redistribuée. On est je trouve là limite sur du racket, comme pour les taxes mille feuilles sur la copie privée.

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