HP a bien failli ne pas racheter Palm

Christophe Laporte |

Avant l'annonce du rachat de Palm par HP, Jon Rubinstein a souvent déclaré que sa société pouvait réussir en restant indépendante et avait de nombreuses options qui se présentaient à elle afin de redevenir rentable. Un rapport remis à la SEC permet d'en savoir un peu plus sur la manière dont Palm a décidé de son avenir. Si HP a raflé la mise, Palm a bien failli tomber dans l'escarcelle d'un autre.

Première date clé : le 17 février. Les dirigeants de Palm se sont réunis pour examiner les différentes options qui s'offraient à eux. Il était question de fournir des licences de webOS, de vendre une partie de sa propriété intellectuelle ou encore de vendre complètement la société.

Manifestement, les prétendants ne manquaient pas : entre le 25 février et le 1er avril, Palm a reçu pas moins de 16 propositions. Finalement, la firme américaine a mené des négociations sérieuses avec cinq entreprises, dont HP. Pour des raisons de confidentialité, les noms des quatre autres sociétés n'ont pas été donnés. Dans les documents, elles sont appelées "entreprise A", "entreprise B", "entreprise C" et "entreprise D".

Il semble qu'assez tôt, Palm a été séduite par HP. Les firmes A et B étaient intéressées par un rachat alors que les entreprises C et D cherchaient à acquérir des brevets.

Début mars, le conseil d'administration de Palm a finalement décidé que la meilleure option était de vente de la société. Les deux autres scénarios auraient pour conséquence de diluer la propriété intellectuelle de Palm et ne changeraient rien à la problématique actuelle de l’entreprise. Le CA estimait notamment que Palm n'avait pas la masse critique suffisante pour lutter à armes égales avec ses concurrents.

Il est intéressant de noter que le discours de Rubinstein n'allait pas du tout dans ce sens mi-avril. Il évoquait encore la possibilité de s'en sortir seul, ainsi que les autres options abandonnées par son conseil d'administration (lire : Palm : nouveaux produits sur fond de nouvelles options). Cherchait-il à brouiller les cartes ou était-ce un véritable désaccord sur le fond ? Cela peut expliquer en tout cas pourquoi dans les jours qui ont suivi, des rumeurs laissaient entendre qu'il était sur le point d'être débarqué. Si tout ceci est exact, on peut légitimement se demander s’il fera de vieux os chez HP.

La première proposition de HP remonte au 13 avril, elle était prête à racheter l'ensemble des actions de la société pour un montant d'un milliard de dollars soit 4,75 $ l'action. Elle voulait également obtenir l'exclusivité des négociations pendant une période d'un mois.

Dans la foulée, l'entreprise A a fait une offre en cash de 600 millions de dollars alors que la B désirait mettre en place un programme d'échange d'actions.

HP a bien failli ne pas racheter Palm. Après avoir reçu toutes ces propositions, elle les a toutes déclinées, les estimant insuffisantes. D'autre part, elle a fait savoir à HP, qu'elle ne souhaitait pas entrer dans des négociations exclusives si elle ne revoyait pas son offre à la hausse, chose que HP a refusé de faire.

Alors que les sociétés A et B décidaient de jeter l'éponge, c'est la société C qui est revenue à la charge. Cette fois-ci, elle souhaitait racheter Palm et proposait un prix de rachat compris entre 6 et 7 $ l'action. Seule condition imposée : trouver un terrain d’entente dans les quatorze jours.

Le 19 avril, Palm a joué un coup de poker en envoyant des documents préliminaires afin de sceller un accord à la fois à HP et à la société C. Les dirigeants ont d'abord négocié pendant deux jours avec HP qui à la fin des négociations, a fini par réévaluer à la hausse sa proposition avec une offre à 5$ l'action. Dans le même temps, l'entreprise C a révisé son offre à la baisse ne proposant plus que 5,5 $ par action et exigeait 60 millions de dollars de frais si la transaction n'allait pas à son terme. Les deux entreprises ont discuté pendant trois jours sans parvenir à trouver un accord.

Alors qu'il négociait avec la société C, Jon Rubinstein a fait savoir à HP que son offre était insuffisante et qu'elle devait immédiatement la revoir à la hausse afin de rester en course. Le fabricant d'ordinateurs n'a pas trainé et a fait une offre à 5,70 $ le jour même. Le patron de Palm a ensuite fait savoir à la société C qu'il avait une meilleure offre et leur a demandé de surenchérir.

Au lieu de cela, la société C a proposé de racheter certains brevets de Palm et de prendre une licence non exclusive de webOS, le tout pour 800 millions de dollars. Les responsables de Palm ont décliné l'offre.

La suite, tout le monde la connait. HP et Palm ont peaufiné les derniers détails jusqu'au 28 avril et ont ensuite officialisé la nouvelle. Reste à savoir quelles sont les noms des sociétés derrière les entreprises A, B, C et D. Récemment, les noms de Lenovo, ZTE, Dell et HTC sont fréquemment revenus lorsqu'il était question de Palm.

On pourrait avoir le fin mot de l'histoire concernant la société C. En effet, cette dernière a mené des négociations avec Palm sans signer de NDA. Une chose est sure, pour agir ainsi, ce n'est pas Apple !

[via Engadget]

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#Palm #hp
avatar tipablo | 
HTC qui aurait racheté Palm ? Douteux, à mon humble avis. Lenovo, à la rigueur, Dell aussi... Merci pour cet éclairage pertinent.
avatar m_enfin | 
Et pourtant HTC a bien failli. Heureusement qu'ils ne l'ont pas fait, qui ferait des android d'extreme qualité sinon ? :D
avatar popo69 | 
A mon humble avis, si HTC était dans le coup, c'était simplement pour racheter des brevets ou à la limite prendre une licence webOS.

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