Apple installe ses solutions dans le secteur de la santé aux États-Unis

Mickaël Bazoge |

Apple met toutes les chances de son côté pour devenir incontournable dans le secteur de la santé aux États-Unis. Le constructeur et ses partenaires (notamment Cisco) sont à l’écoute des besoins des établissements hospitaliers comme le raconte Fast Company dans un long papier. La Pomme a mis au point deux plateformes open-source, ResearchKit (à destination des professionnels pour la recherche) et CareKit (pour aider les patients à gérer des pathologies de longue durée).

ResearchKit et CareKit sont la partie visible de l’iceberg. Apple a aussi et surtout su nouer des relations avec les grandes institutions médicales américaines afin de connaitre leurs besoins et proposer des solutions adaptées, y compris en travaillant avec des partenaires comme le fournisseur de solutions de sauvegarde de dossiers médicaux Epic Systems, et des développeurs d’applications.

De fait, le constructeur s’est fait une place dans trois domaines fondamentaux de la santé : la recherche médicale, la gestion au quotidien de la santé du patient et les soins hospitaliers. « Des hôpitaux de premier plan et des plateformes de santé utilisent les produits Apple qui transforment tous les aspects du système de soins à l’hôpital et au-delà », explique un porte-parole de l’entreprise. Un travail au long cours, car comme on le voit il faut adapter les solutions aux besoins des établissements et respecter les régulations d’un secteur bien plus surveillé que le marché de l’électronique grand public.

Au contraire de Google qui a tenté sa chance avec Google Health sans assurer de suivi derrière, Apple joue la carte du temps long avec plusieurs atouts : la sécurité de ses produits et de ses logiciels, la connectivité sans fil et l’assurance qu’il ne faudra pas renouveler l’équipement à tout bout de champ. De fait, le constructeur assure un support de ses appareils mobiles sur le long terme, notamment en ce qui concerne les mises à jour de sécurité.

Les solutions d’Apple s’intègrent dans le flux des données médicales, ce qui permet par exemple au patient d’emporter son dossier de santé dans son iPhone. Pratique pour fluidifier le parcours de soins d’un médecin à un autre… Auparavant, le patient devait transporter une clé USB ou un CD. Les médecins du centre médical Ochsner (Nouvelle-Orléans) peuvent être immédiatement prévenus de la disponibilité d’un test sur leur Apple Watch ; avant, il leur fallait aller sur leur ordinateur pour connaitre les résultats d’un test médical. De fait, il pouvait se passer plusieurs heures entre la disponibilité du test et sa consultation par le professionnel de santé.

L’influence d’Apple est aussi visible de manière plus originale. Ce même centre médical Ochsner a ainsi ouvert un « O Bar » modelé à l’image des Apple Store. Il s’agit d’une boutique commercialisant des produits recommandés par des médecins : on y trouve des iPad, des moniteurs d’activité, des pèse-personnes, des tensiomètres. Il y a même une sorte de Genius Bar où l’on peut assister à des démonstrations de produits.

Le travail est évidemment loin d’être terminé. Tous les patients ne sont pas forcément habitués à utiliser des produits iOS, et ils n’en possèdent pas nécessairement. Autre défi, le « jardin fermé » qu’est le système d’exploitation d’Apple : elle ne fonctionne en effet que sur des produits du constructeur. Néanmoins, les plateformes santé de la Pomme sont open-source. Et visiblement, Apple est prête à faire preuve d’une grande flexibilité, ce qui n’est pas forcément une seconde nature pour l’entreprise. Il faut dire que le secteur de la santé au sens large représente 35 000 milliards de dollars…

avatar Malouin | 

Très intéressant. Chez nous, Le champs du sanitaire et du social sera lui aussi bouleversé par l'Internet des objets et cette fameuse santé de plus en plus connecté. Il s'agit d'une lame de fond ou les premiers seront... les premiers !

avatar warmac33 | 

vrai, et en tenant compte de la motivation à prendre soin de sa santé et d'un meilleur suivi, mais aussi du fichage possible et de l'élan hypocondriaque à venir, j'avoue ne pas savoir trop quoi en penser...

http://sante.lefigaro.fr/article/orthosomnie-on-dort-mal-a-trop-controler-son-sommeil

avatar Malouin | 

C'est vrai, mais il ne faut pas mélanger la donnée "personnelle" avec celle que va pouvoir consulter ton médecin ! Connaitre les constantes de santé relevées par une "simple" Apple watch, ou tout autre wearables muni de capteurs de précision, peu permettre de déceler un problème venir ! Le vraie question est, pour moi, d'intégrer la chaine médicale à ces niveaux objets et à leurs nouveaux usages !

avatar C1rc3@0rc | 

Le souci c'est que les donnees vont aller vers au moins 4 personnes:
- le medecin ou plutot le dossier medical
- le patient (de plus en plus client)
- l'assureur
- Apple

On peut rajouter les intrications avec la justice et les fonds de pensions ainsi que les administrations qui vont pas se priver de cette masse de donnees avec pour justification d'optimiser la politique de sante et sociale...

Certes Apple promet que ces donnees seront "anonymisées" en dehors du patient et du medecin, mais cela reste une promesse dont seul Apple est le garant, et encore puisque les logiciels ont des failles. Et puis les predateurs que sont les assurances et les fonds de pensions sont bien capables de faire du lobbying pour creer des lois qui obligent de leurs transmettre des données personnelles identifiants. Si une donnees existe il y a un droit a l'obtenir qui existe en puissance. Et puis il faut se souvenir que le directeur du FBI a affirmé recemment que la notion de données privées n'existait pas dans le droits américain!!! Et quand on constate que ce droit se generalise hors des USA, il y a de quoi s’inquiéter.

On sait que certaines maladies sont plus frequentes, voire sont specifiques, dans certains groupes ethniques ou classes d'activités ou encore classes sociales. Aux USA le debat sur les medicaments specifiques aux afro-americains est une realité tres ambivalente. Qu'est ce qui va empecher un assureur d'exiger de savoir si l'assuré est d'origine juive, africaine, asiatique,... et sachant que les assureurs sont aujourd'hui des groupes qui prennent en charge la santé, la pratique sportive, l'habitation, les voyages, le travail...

Quant on voit les exigences du FBI et les outils et pratiques de la CIA, sans meme parler de la surveillance Internet, tout cela violant allégrement des droits de l'Homme.

Reste aussi qu'on peut tout a fait légitimement vouloir etre client Apple sans accepter de gaver les datacenter de toutes ses données "biologiques".

avatar C1rc3@0rc | 

Oui, mais un medecin il te voit dans le meilleur des cas une fois par an quand tout semble bien aller (et encore ça c'est en France, dans d'autres pays tu peux passer 10 ans sans voir un medecin) et souvent la consultation se fait pour une urgence et la c'est focalisation sur la symptomatique immédiate.

Aujourd'hui la plupart des maladies mortelles sont a developpements lents et a bas "bruit" mais inexorables et irreversibles et sont quasi toutes causées par le cadre de vie, l'alimentation et les habitudes.
La majorité de ces maladies sont tres faciles a stopper au debut de leur evolution mais pour cela il faut pouvoir les diagnostiquer le plus tot. Et cela implique des suivis reguliers, des analyses et le medecin n'a pour cela que le questionnement du patient et tres peu d'informations.

Avec un systeme de monitoring quotidien on a un flot de données qui offre un taux de fiabilité enorme pour un systeme expert. C'est que l'orgamisme est avant tout un systeme communiquant qui s'autodiagnostique (et se repare...) en permanence jusqu'au niveau celullaire. Mais il faut pouvoir capter cette information avant qu'elle disparaisse.

Je peux te donner un exemple: ma mere a passé des annees avec une hypertension qui n'a ete diagnostiqué que tres tardivement, parce que lorsqu'elle allait faire sa visite annuelle elle avait une tension tres normale... L' hypertension se déclenchait la nuit. Ce qui a été découvert suite a un accident ou elle a ete mise en observation pendant 24 heures, et la le médecin a décidé de faire une investigation avec monitoring sur plusieurs jours... Elle a été diagnostiqué a temps pour garantir sa survie, mais l'hypertension a fait des dégâts irréversibles et qui deviennent avec les années de plus en plus handicapants.
Avec un monitoring quotidien elle aurait été traitée avant que les dégâts soient irréversibles.

avatar Bigdidou | 

@warmac33
"j'avoue ne pas savoir trop quoi en penser..."

Tu n'es pas le seul ;)
Pas simple cette histoire.

@malouin

'Connaitre les constantes de santé relevées par une "simple" Apple watch, ou tout autre wearables muni de capteurs de précision, peu permettre de déceler un problème venir !"
Ben non, justement. On ne sait pas quoi faire de cette masse de données dont la pertinence reste à démontrer.
Le risque de tout dépistage inopportun (manquant de spécificité) est parfaitement connu, lui.

Maintenant si ça permet au gens de se responsabiliser un peu et de et s'autonomiser, pourquoi pas. J'ai cependant plus peur que ça conduise à une sorte de dépendance obsessionnelle à ces technologies et aux chiffres générés, et, au final, à des actes inutiles et surtout dangereux.

avatar gela | 

Je n'ai pas du tout confiance en Apple pour un système de suivi médical important.

- appareils vite obsolètes (malgré ce qu'ils peuvent annoncer, ce sont des marchands d'appareils).

- Apple a la mauvaise habitude d'arrêter sans raison le développement de ses logiciels. "Pas payant ? On ne fait plus, NA !".

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