Payer ses impôts avec Apple Pay ? Ce n’est toujours pas possible. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’un des moyens de paiement actuellement acceptés pour cela vit ses dernières années. Comme le révèle le Monde, le Trésor public réfléchit très sérieusement à ne plus accepter les chèques. Si aucune décision n'est prise, il se murmure que le dernier centre de traitement des chèques par l'administration fiscale pourrait fermer ses portes à l'horizon 2027. Cette réflexion provoque l'ire des syndicats qui estiment que cette décision cache avant tout un plan de suppression d'une cinquantaine d'emplois.

Quoi qu'il en soit, cette réflexion illustre parfaitement la fin annoncée du chèque, cette spécificité française qui a toujours résisté (ou presque) à la modernisation. Alors que certains pays permettaient de prendre en photo un chèque depuis son smartphone pour l'encaisser, la France est toujours restée à l'écart de ce « mouvement ». À cause également de réglementations bancaires plus strictes.
88 % des chèques européens sont français
Ce désamour progressif des Français pour le chèque est particulièrement visible dans les statistiques. Il ne pèse plus que 3 % des transactions, contre plus de 37 % au début des années 2000. Ce phénomène, le Trésor public l'a également largement constaté : le nombre de chèques encaissés a fondu de 72 %, tombant à 39 millions en 2024. Et la chute s’accélère : -20 % rien qu’entre début 2024 et début 2025. Résultat, seuls 4,5 % des paiements au profit de l’État passent encore par chèque, pour à peine 1 % des montants. Mais malgré tout, le chèque demeure une exception française. Selon la Banque centrale européenne, la France est à l’origine de 88 % des chèques émis dans toute l’Union européenne.
Si une certaine partie de la population est attachée à ce moyen de paiement, beaucoup souhaitent sa disparition à commencer par les banques. Le chéquier est gratuit, mais son coût de traitement est plus élevé que les autres moyens de paiement. Plus problématique, s'il ne représente plus qu’une infime part des paiements en France, il est à l'origine de 30 % des montants fraudés.

Alors, quand est-ce que la France rejoindra la Suède, la Bulgarie, la République tchèque, l’Estonie ou le Danemark, qui l'ont récemment supprimé ? La question reste encore tabou. L'autre moyen de paiement appelé éventuellement à disparaitre, c'est le cash. Toutefois, les mentalités à son sujet ont beaucoup évolué, et ce, de manière surprenante. Dans les faits, ce moyen de paiement a quasiment disparu en Suède et en Norvège. Dans le pays d'Ikea, certains établissements bancaires refusent même la monnaie et n'en délivrent pas.
Le cash n'a pas dit son dernier mot
La fin de l'utilisation de la monnaie semblait quasiment actée, mais le conflit en Ukraine a modifié la donne. Les responsables économiques et politiques n'ont pu que constater qu'en cas de guerre et d'atteinte des infrastructures ou des principaux systèmes d'information du pays, la monnaie pouvait avoir quelques avantages. C'est pour cela d'ailleurs que le ministère suédois de la Défense dans une brochure publiée en novembre 2024 pour préparer ses concitoyens « aux crises et à la guerre », recommande d'avoir entre autres toujours une réserve d'espèces à la maison.

Sans parler de guerre, cela peut aussi éminemment être pratique en cas de cyberattaques d'envergure, un phénomène qui n'est pas si rare que cela. Bref, si le chèque est en voie de disparition, les espèces ont encore un bel avenir !
image accroche : Money Knack / Unsplash_