La thèse d'une trop grande fragmentation d'Android revient souvent sur le tapis (lire : Android : "la fragmentation est un mythe"). Elle prend plusieurs aspects, les plus importants étant certainement un trop grand nombre de versions différentes d'un même OS, qui entraîne des APIs incohérentes et incompatibles entre différents appareils, ainsi que le problème des interfaces graphiques différentes. Les statistiques officielles de Google semblent montrer que le premier problème est en passe d'être résolu.
Google a en effet décidé de ralentir le rythme des mises à jour d'Android, ce qui semble porter ses fruits : certes 29,5 % des appareils Android sont restés bloqués à la 1.x, mais 70,4 % utilisent la version 2.x, la transition vers Android 2.2 étant loin d'être terminée (41,7 % pour la 2.1, 28,7 % pour la 2.2). Comme le soulignait Michael Gartenberg il y a quelques jours, l'inertie d'Android est en grande partie causée par les fabricants et les opérateurs, qui peinent à offrir des mises à jour rapides aux téléphones, la faute bien souvent aux surcouches graphiques et aux builds spécifiques à tel ou tel opérateur.
Les chiffres de Google ne sont pas les plus fiables : ils ne prennent en compte que les appareils ayant visité l'Android Market, or il semble que toute une partie de la clientèle d'Android se serve très peu des fonctions avancées comme l'installation d'applications, les plus populaires (Facebook, la météo, les actualités) étant bien souvent installées par défaut. Les statistiques de Chitika sur iOS ne sont pas beaucoup plus fiables, mais offrent une comparaison intéressante : certains n'hésitent pas à dire qu'iOS est plus fragmenté qu'Android.
En théorie, ce n'est pas faux : il y a désormais plus de versions différentes d'iOS en circulation que de versions différentes d'Android installées. Mais cette fragmentation est en grande partie contrôlée, et fait partie d'un plan d'obsolescence programmée et volontaire d'une partie du matériel qui ne sera plus maintenu à jour (iPhone EDGE et iPod touch 1G d'abord, iPhone 2G et iPod touch 2G ensuite, lire : iPhone : quand le haut de gamme devient bas de gamme).
Ainsi, 21,84 % des appareils iOS utilisent iOS 3.1.3, la dernière version d'iOS 3.x qui ait été rendue disponible au public, et la dernière à laquelle aient accès l'iPhone EDGE et l'iPod touch 1G. De nombreux utilisateurs d'iPhone 3G s'en sont certainement tenus à cette version, leur téléphone n'étant pas le plus adapté pour l'iOS 4.
Les statistiques de Chitika ne prennent pas en compte l'iOS 4.1 fraîchement sorti. On remarque que le taux de mise à jour vers l'iOS 4.0.1 est plutôt bon, mais reste néanmoins mineur, que la 3.1.2 est encore largement utilisée, et un taux de 21,42 % « d'autres ». Cela pose donc la question des motivations de cette absence de mises à jour, et du profil réel des utilisateurs iPhone, iPod touch et iPad. Ici se joue peut-être une fragmentation réelle, même si Apple casse assez facilement la compatibilité par des mises à jour matérielles.
Apple semble vouloir elle aussi temporiser : l'iOS 4.2 ne sera disponible qu'en novembre. Il devrait résorber quelque peu cette fragmentation : ce sera la première version commune à l'ensemble des appareils iOS.

