Les premières pièces du procès opposant Apple à des consommateurs reprochant au constructeur d'avoir enfermé les clients de l'iTunes Store dans un jardin fermé, ont exhumé une déposition vidéo de Steve Jobs. Les faits reprochés courent de 2006 à 2009, à l'époque où les fichiers musicaux étaient cadenassés par des verrous numériques.
En 2004, Real Networks faisait alors partie des compétiteurs d'Apple sur le marché de la distribution numérique de musique. L'éditeur de RealPlayer lançait avec Harmony une offensive anti FairPlay, le DRM d'Apple, qui permettait de lire sur un iPod les fichiers achetés dans sa propre boutique. Suite à un jeu du chat et de la souris, Real a fini par déposer les armes, alors que les DRM allaient finalement disparaitre quelques années plus tard (lire : iPod et DRM : le procès à 350 millions de dollars contre Apple).
Les plaignants comptent se servir des courriels de Steve Jobs comme angle d'attaque (lire : iPod et DRM : les emails embarrassants de Steve Jobs). Et parmi les documents « compromettants », on trouve cette fameuse déposition vidéo, une des dernières enregistrées par le fondateur d'Apple, dans laquelle Jobs répond aux questions de manière évasive (à 74 reprises, il répond qu'il ne sait plus ou qu'il ne se rappelle pas).
On retrouve néanmoins le caractère assassin de Steve Jobs. « Est-ce qu'ils existent toujours ? », répond t-il ainsi lorsqu'on lui demande s'il connaît Real Networks… Il explique aussi qu'Apple s'inquiétait de la réaction des maisons de disques : qu'allaient-elles penser s'il devenait possible de prendre la musique d'un iPod pour l'écouter sur d'autres ordinateurs ?
La consultation de la correspondance électronique de Steve Jobs sera sans doute d'une meilleure aide pour les plaignants. En juillet 2004, en pleine controverse Harmony, le patron d'Apple écrivait à ses troupes : « Nous sommes stupéfaits de voir Real adopter les tactiques d'un pirate en cassant l'iPod ».
La plainte initiale a été déposée en 2005; elle concerne des particuliers et des entreprises qui ont acheté des iPod entre 2006 et fin 2009. Les dommages et intérêts réclamés se montent à 350 millions de dollars, un montant qui pourrait automatiquement tripler en vertu des lois antitrust. Apple se défend en indiquant qu'elle n'a aucune obligation légale de rendre ses produits compatibles avec la concurrence. Eddy Cue et de Phil Schiller sont appelés à la barre afin d'éclairer le tribunal.