VODD est un nouveau service de SVOD, c’est-à-dire de streaming vidéo avec abonnement mensuel. On ne paye pas pour chaque film que l’on regarde, mais on paye un abonnement qui permet ensuite d’accéder à l’ensemble du catalogue, sans restriction. Si le principe est le même que Netflix ou CanalPlay, ce nouveau venu n’est pas l’œuvre d’une multinationale bien établie, c’est un projet plus modeste, mais aussi différent, ce qui en fait son intérêt.
Un petit catalogue composé de films singuliers
Le nom du service vient de la contraction de VOD et d’odd, « étrange » en anglais. L’équipe de VODD, une poignée de Lyonnais cinéphiles, ne manque pas de mettre en avant la différence de son offre. Avec environ 250 œuvres au lancement, son catalogue est réduit comparé à ceux de ses concurrents, mais il est sélectionné avec soin. Ils nous ont ainsi confié qu’ils ne cherchaient pas l’exhaustivité et préféraient négocier pour une œuvre en particulier, plutôt que pour un catalogue complet et constitué essentiellement de films sans intérêt.
Quelles œuvres sont sélectionnées par VODD ? La réponse de leurs concepteurs peut surprendre : des films inédits, qui ne sont jamais sortis en salle et que l’on ne connaît pas. La chronologie des médias leur impose, comme à Netflix et CanalPlay, de ne rien sortir pendant les trois années qui suivent le passage en salles. Mais qu’importe, puisqu’ils cherchent avant tout des œuvres méconnues, qui n’ont eu aucune chance par les canaux traditionnels.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas des œuvres connues, des classiques incontournables comme Requiem for a Dream qui devrait faire partie des 250 du lancement. Mais si vous consultez le catalogue de VODD, vous serez certainement surpris par le nombre d’œuvres qui vous sont totalement inconnues, et c’est assez logique. Dans le lot, il y a un certain nombre de courts et moyens métrages, et une proportion assez élevée de documentaires. On trouve aussi beaucoup de longs métrages de fiction — c’est même la majorité du catalogue —, mais souvent des œuvres anciennes et/ou passées inaperçues à leur sortie.
Autant le dire, la sélection proposée par VODD est assez exigeante et elle n’intéressera que les plus cinéphiles et tous ceux qui veulent être surpris. L’objectif mis en avant par ses concepteurs est de proposer des œuvres inconnues à découvrir et le service a été imaginé dans cette optique. Depuis la page d’accueil, trois œuvres sont mises en avant et on n’a très peu d’informations à leur sujet. Un titre, une image, et en survolant une œuvre, pas même le synopsis, mais une description rédigée par l’équipe.
Vous n’aurez pas le résumé, ni même la date ou la liste des acteurs ou encore le réalisateur. Toutes ces informations sont disponibles, naturellement, en cliquant sur les trois petits points qui ouvrent alors la page spécifique à l’œuvre. Mais par défaut, un clic lance directement la lecture, un choix assumé par les concepteurs de VODD.
Pour aller jusqu’au bout de l’idée, VODD intègre même une fonction originale, la « Roulette Movie ». Son fonctionnement est simple : on indique combien de temps on a, de 5 à plus de 45 minutes, et le service lance une œuvre au hasard qui correspond au temps indiqué et que vous n’avez pas encore vue. Selon les cas, on aura un seul court métrage, une sélection de courts métrages ou bien un long métrage.
On ne sait rien sur l’œuvre qui va s’afficher, pas même son titre : l’idée est vraiment de se laisser porter. En choisissant plus de 45 minutes, nous avons eu Le Grand défi : Hercule, Samson, Maciste, et Ursus, les invincibles, un péplum pas très sérieux de 1964. La deuxième fois, un essai sur 10 minutes nous a conduits à Délivre-moi, un court métrage d’Antoine Duquesne sorti en 2013 qui n’était passé jusque-là qu’en festival. Autant dire que ce sont bien deux découvertes et deux œuvres que l’on n’aurait probablement jamais croisées ailleurs.
Vous n’aimez pas les surprises, pas toujours bonnes ? VODD dispose aussi d’options de navigation traditionnelles, à commencer par un champ de recherche bien sûr. Si on le souhaite, une liste complète que l’on peut filtrer par genre, par longueur et trier par date de l’ajout ou par ordre alphabétique est disponible.
Par ailleurs, puisque le contenu proposé par VODD est parfois difficile d’accès, soit parce qu’il est très expérimental, soit parce qu’il est étrange, un code couleur a été imaginé. Tous les films proposés sont soit verts (grand public), soit violets, soit noirs (les plus complexes). C’est un classement effectué par l’équipe du service et ils insistent bien sur le fait que ce n’est qu’une indication.
Une « communauté de curieux »
Comme Apple avec son service de streaming musical, VODD met l’accent sur l’importance de l’humain plutôt que des algorithmes informatiques. D’ailleurs, il n’y a aucun algorithme derrière ce nouveau service, tout est organisé, classé et annoté par l’équipe. Il n’y a aucune suggestion en fonction de ce que vous avez regardé précédemment et encore moins en fonction de ce que vos amis ont regardé. Ce qui ne veut pas dire que vous n’avez pas de conseils, mais ceux-ci sont fournis exclusivement par les utilisateurs du service ou par certaines institutions sélectionnées.
VODD ne repose pas sur les réseaux sociaux existants, mais il est un réseau social, ou plutôt « une communauté de curieux » pour reprendre son slogan. Comme partout, on crée un compte quand on veut utiliser le service, et on devient alors un « Voddeur », avec un profil public et des sélections. Chaque utilisateur peut ainsi recommander des œuvres, regroupées dans des listes. Et il peut ensuite afficher les sélections des profils qu’il choisit de suivre, ou bien utiliser la liste qui rassemble toutes les sélections du site.
Ces sélections sont le seul moyen de dire que l’on a aimé une œuvre, car VODD refuse par ailleurs que l’on note un film, ou que l’on publie un avis. Ses créateurs nous ont expliqué qu’ils préféraient se concentrer sur le catalogue et le visionnage, et que l’on pouvait déjà donner son avis de multiples manières sur internet. D’ailleurs, des ponts sont prévus, par exemple pour permettre à un blogueur de publier un lien qui lance immédiatement la lecture. Mais sur le site lui-même, rien de tel.
Les sélections serviront aussi à quelques partenaires, en particulier les festivals de cinéma. Ils pourront proposer les œuvres diffusées pendant leur festival, ou lors d’éditions précédentes et VODD devrait mettre en avant ces sélections pendant la durée du festival. Quelques accords ont déjà été signés, notamment avec le Festival Cinéma et Droits Humains qui se tient à Paris (septième édition prévue à l’automne) ou encore le Festival du Film Court de Villeurbanne. Celui de Clermont-Ferrand, qui fait figure de référence en la matière, est aussi visé par VODD.
Avec cette offre différente, VODD ne souhaite pas concurrencer Netflix, mais proposer aux cinéphiles un complément. Avec 250 films seulement — et aucune série à ce jour, mais c’est quelque chose qui devrait arriver —, le catalogue est encore tout petit. D’autres œuvres devraient arriver régulièrement et l’objectif annoncé est d’avoir plusieurs milliers de films, courts et longs, à proposer.
Des applications à venir
L’autre défaut pour le moment est technique. VODD est un site qui s’adapte à toutes les largeurs d'écrans, certes, mais c’est loin d’être idéal sur un smartphone. Et que dire de la télévision, où il faudra se contenter de brancher un ordinateur ou d’utiliser AirPlay ? Si vous avez un système home-cinema, il faudra de toute manière se contenter de la stéréo pour le moment. Les œuvres sont proposées en 1080p au mieux et même si la 4K est prévue, à l’usage, on a surtout du 720p.
Tous les films sont proposés en langue originale et en général, il y a des sous-titres en français. Dans certains cas, il faut se contenter aussi de sous-titres en anglais, mais c’est très rare, nous a assuré VODD. Pendant nos essais, nous n’avons vu que des films en français, ou sous-titrés en français, un bon point. La qualité d’image est souvent assez moyenne, mais ce n’est pas forcément la faute du service. La majorité des œuvres proposées ne sont pas disponibles dans une meilleure qualité que le 720p, voire moins.
L’un des objectifs de VODD après son lancement sera de concevoir des applications mobiles et d'être disponible sur les téléviseurs connectés. Les applications pour Android et l’Apple TV devraient facilement arriver, mais il n’y a aucune date de prévue. Pour le moment, le service ne s’utilise que dans un navigateur, mais fort heureusement, Flash n’est pas nécessaire.
Cette offre qui se veut différente et complémentaire ne pouvait pas être proposée à un prix plus élevé que ses concurrents. Bonne nouvelle, l’abonnement de base ne coûte que 5 € par mois sans engagement, ou bien 50 € à l’année. Cette offre est réservée à un seul utilisateur, mais il existe aussi une formule où l’on peut utiliser le service sur trois écrans différents pour 10 € par mois ou 100 € par an.
La bonne idée, c’est que le paiement n’est obligatoire que pour regarder les œuvres. La création d’un compte, qui permet de consulter le contenu, est gratuite. C’est parfait pour découvrir VODD sans payer, mais on peut aussi envisager de ne payer que certains mois, le temps de regarder une œuvre ajoutée récemment. Après tout, à 5 € par mois, on est au même tarif que la location unique sur l’iTunes Store…