Le retour à trois opérateurs n'est plus qu'une question de temps. C'est le sentiment en tout cas de la plupart des acteurs. L'un des derniers éléments qui pouvaient bloquer le partage de SFR entre Orange, Bouygues et Free a été levé en début de semaine. Le tribunal des activités économiques de Paris a en effet validé le plan de restructuration financière d'Altice France. La dette d'Altice, la maison mère de SFR, devrait ainsi passer de 24 milliards d'euros à 9 milliards d'euros.

SFR, un mastodonte à démembrer
Les discussions ont commencé depuis le printemps entre les opérateurs et devraient s'intensifier à la rentrée. Chacun des acteurs est dans une position différente. SFR, rappelons-le, c'est 19 millions d'abonnés, 6 millions sur le fixe, un réseau de 300 boutiques et 8000 salariés. De par sa position de leader sur le marché, l'opérateur historique est celui des trois qui sera le moins gourmand. Les meilleurs morceaux feront sans doute l'objet de négociations intenses entre Bouygues Telecom et Free.
Et à ce petit jeu, c'est la société de Xavier Niel qui a frappé en premier. Elle aurait fait savoir qu'elle souhaiterait récupérer l'intégralité de SFR RED. C'est un choix étonnant, car au printemps, cette division n'était pas forcément présentée comme un élément de choix. Cette activité est perçue comme moins rentable que les clients fixe et mobile de SFR. Cependant, si l'on en croit Le Figaro, Free aimerait aussi avoir sa part de clients premium de SFR.

SFR : le retour à trois opérateurs se prépare chez Orange, Bouygues et Free
Bouygues, pour sa part, poursuivrait au moins deux objectifs à travers cette opération : augmenter son nombre d'utilisateurs dans le fixe et renforcer sa présence auprès de la clientèle professionnelle. Bouygues aurait même tenté de passer en force en contactant directement Patrick Drahi à ce sujet et en essayant de faire la transaction sans que celle-ci fasse partie du deal global.
Les points de désaccord, alors que nous n'en sommes qu'au début, sont nombreux. Bouygues et SFR avaient passé un accord il y a plusieurs années et mutualisaient une partie de leur réseau mobile : environ 15 000 antennes. Si SFR venait à disparaitre, cette charge reviendrait entièrement à Bouygues, ce qui n'est évidemment pas de son goût. L'opérateur aimerait obtenir une forme d'indemnisation de la part de Free et Orange, qui ne seraient pas emballées par cette idée. Autre problème de taille : le devenir des boutiques du groupe qui semblent n'intéresser personne. Et la crainte, assez justifiée de la part des syndicats, d'un plan social à plus ou moins long terme.
SFR veut croire que tout le monde est intéressé, même Musk...
À la rentrée, il faudra parler gros sous. Patrick Drahi va chercher à tout prix à faire monter les enchères et faire savoir que tout le monde est intéressé par les actifs de son groupe. Même Elon Musk pour Starlink, si l'on en croit une indiscrétion de Challenges au printemps dernier. La valorisation du groupe sera sans doute très prochainement au cœur des débats. Bloomberg avait fait courir le bruit qu'Altice avait au printemps envoyé de la documentation à des repreneurs potentiels, dans laquelle elle avançait le chiffre de 30 milliards d'euros. Chiffre démenti depuis par Altice. Selon une source proche du dossier, une vente à 21 milliards d'euros satisferait pleinement Patrick Drahi.

Les choses sérieuses commenceront à l'automne, une fois que le plan de restructuration de SFR sera conclu. Non seulement les différentes parties doivent se mettre d’accord, mais elles doivent également obtenir l’approbation de Bercy et de l’Autorité de la Concurrence. Le rêve pour Patrick Drahi serait qu'un acteur étranger s'intéresse au dossier et soit en mesure de faire monter les enchères. Mais qui voudrait mettre tant d'argent sur un marché si concurrentiel ?