Test d’Oceanhorn

La rédaction |

L’App Store a transformé les appareils iOS en consoles de jeu portables. Mais à mesure que cet App Store se remplit de jeux exclusifs et de franchises à succès, l’absence de grands noms du jeu vidéo se fait de plus en plus sentir. Les licences de Nintendo sont peut-être les plus demandées  — les milliers de méthodes plus ou moins orthodoxes imaginées pour faire fonctionner Pokémon ou Zelda sur son iPhone en témoignent. Oceanhorn pourrait bien convaincre les fans de Zelda, justement. Du moins c’est ce qu’on comprend en lisant les critiques élogieuses de ce petit RPG, sorti il y a quelques semaines, exclusivement sur iOS. Hommage original ou vulgaire plagiat ? La réponse dans notre test.


D’abord un peu de forme. Et c’est simple : Oceanhorn est bien joli. Pour peu que vous disposiez d’un iPhone 5s ou d’un iPad de dernière génération, c’est même carrément beau. L’aspect cartoon de l’ensemble n’est pas un prétexte pour simplifier les structures et les textures : elles sont impeccablement bien réalisées, détaillées et fouillées (regardez seulement la mer pour vous en convaincre). On sent l’attention portée aux détails jusque dans les menus d’inventaire et de réglages. C’est absolument charmant et totalement immersif.

Je cherchais des qualificatifs pour la bande-son, mais peut-être suffit-il de dire qu’elle est co-signée par Nobuo Uematsu. L’auteur des BO des Final Fantasy sait comment emporter le joueur dans un univers, et c’est une belle surprise que de le voir crédité dans un jeu iOS. C’est aussi une preuve supplémentaire de l’attention portée au développement du jeu.


Sur la jouabilité elle-même, les développeurs ont eu la bonne idée de laisser le choix entre l’usage de tout l’écran ou d’un stick pour les mouvements du héros. On touche à un défi inhérent aux terminaux iOS : on masque forcément une partie de l’écran en bougeant son personnage. Oceanhorn ne s’en sort pas trop mal pour autant, puisque l’orientation de la caméra permet de voir le plus grand angle possible quand on se déplace. Pour autant, l’expérience de jeu gagnera forcément si l’iPhone est utilisé avec une manette comme celle de Logitech.

Sur la forme, donc, Oceanhorn est soigné, bichonné, entouré d’attentions, même si — première version oblige — on peut rencontrer pas mal de bugs (plantages et autres pertes de sauvegardes). Un premier correctif (1.2) est sorti récemment, mais n’hésitez pas à patienter encore un peu, juste histoire de… Quid du fond, alors ?


Peut-être que tout le budget est passé dans le développement et le design. Ou la musique. Ou le café, peut-être. Quoi qu’il en soit, là où l’aspect du jeu enchante, l’histoire fait pschit. Certes, Oceanhorn n’est qu’un « petit » jeu à 8 €. Mais on aurait aimé un scénario un peu plus fouillé, une intrigue un peu plus complexe, un retournement un peu moins prévisible. Et surtout, une quête un peu moins convenue.

Parlons-en, de cette quête : difficile de faire plus linéaire. Entre les énigmes fastoches et les phases de navigation interminables pour aller d’une île à l’autre, Oceanhorn réussit à faire de la jolie musique d’Uematsu un calvaire auditif. Écoutez trente fois de suite le même morceau de Mozart pendant que vous refaites le même chemin sans cesse pour chercher telle clé et ouvrir telle porte, et vous aurez des envies de death metal pendant les noces de Figaro.


Finalement Oceanhorn n’est rien de plus qu’un joli divertissement un peu mal fini. Et c’est vraiment dommage, compte tenu de l’attention portée aux détails, et du potentiel de ce genre de jeu sur iOS. Les similitudes avec Zelda sont plus que flagrantes, mais les fans resteront sur leur faim ; on n’est pas dans le plagiat, mais l’hommage est maladroit. Pour autant, si Oceanhorn n’arrivera jamais au niveau des aventures de Link, c’est un moment agréable et une bien belle expérience pour pas trop cher, surtout sur les derniers produits iOS. Et c’est déjà pas mal.

7,99 €

Achat recommandé

Les plus :

  • graphismes
  • ambiance
  • musique
  • prix

Les moins :

  • linéaire
  • scénario vu et revu
  • quelques bugs
avatar solea | 
@ BS0D Le scénario, c'est pas une question de génération de console, parmi les premiers jeux vidéo se trouvaient des jeux d'aventure textuels intégralement axés sur le scénario. On peut se permettre de faire l'impasse sur le scénario dans un jeu de plate-formes, dans un hack&slash, dans un jeu de combat, dans un beat them all, mais le RPG fait partie de ces genres où le scénario est l'élément privilégié. Surtout qu'après des dizaines de Zelda, il n'y a franchement aucune excuse. Dans les années 90, il y avait Soleil pour concurrencer Zelda, et c'était à un autre niveau que ça… il n'a eu aucun succès il y a 20 ans ! Si l'on veut un hommage, on se prend Evoland (enfin, on attend la compatibilité manette :P) et c'est plié. Si on veut un RPG… les Final Fantasy, les Dragon's Quest, Xenoblade, Seiken Densetsu (en A-RPG), Chrono Trigger, et les dizaines de Zelda… il y a de quoi faire. Quand je vois tous les projets Kickstarter qui dégoulinent d'amour et de bonne volonté, je me dis qu'il y a un manque de respect clairement affiché de la part de certains développeurs. Chacun a son niveau d'exigence, certains portent aux nues Angry Birds, pour d'autres c'est King of Fighter. La rigueur n'est pas franchement la même, et l'important c'est qu'on soit content de son achat. Et ce test permet au moins d'avoir un avis, peut-être un poil différent, d'une certaine presse spécialisée mais pas franchement spécialiste, qui couvre avec un enthousiasme forcené et des commentaires trop souvent dithyrambiques l'actualité des jeux sur smartphone.
avatar electarus | 
Pas du tout d'accord avec igen sur ce coup. Le jeu est comme fou sel soulignez très beau et l'histoire loin d'être ridicule. La musique est très belle et absolument pas lassante et les phases d'exploration très sympa. C'est de loin le meilleur jeu de l'ipad pour moi.

CONNEXION UTILISATEUR