Nintendo n'est pas un banal constructeur de consoles ou un éditeur de jeux vidéo comme un autre. L'entreprise japonaise représente pour bon nombre d'entre nous l'âge d'or, une époque extraordinaire et foisonnante durant laquelle Nintendo a inventé la plupart des codes du jeu vidéo qui ont toujours cours aujourd'hui.
Évidemment, tout n'a pas été rose pour la société et plusieurs flops — la GameCube, la Wii U — ont failli la plonger dans le précipice. Mais Big N a toujours su rebondir, avec une résilience remarquable. La Switch sera ainsi, à n'en pas douter, le carton de Noël.
La NES et la Super NES font autant partie de l'histoire de Nintendo que de celle du jeu vidéo. Beaucoup de trentenaires et de quarantenaires ont usé leurs fonds de culotte avec ces consoles, suant sang et eau aux côtés de Mario, Link et Samus.
Le facteur nostalgie a donc joué à fond les ballons quand Nintendo a, sur un coup de tête, lancé la NES Classic Mini l'an dernier. Le constructeur n'ayant pas prévu l'engouement pour cette réédition, très rapidement les stocks se sont épuisés, mais l'entreprise a promis d'en relancer la production l'été prochain.
La Super NES Mini a tout d'une grande
L'odeur de la madeleine se fait sentir aussi en cette fin d'année, avec le retour au catalogue de Nintendo de la Super NES ! La console, appelée Nintendo Classic Mini: Super Nintendo Entertainment System (ouf) par le constructeur, revient donc dans les rayons dans un format aussi mimi que mini, accompagnée de deux manettes et surtout, de 21 jeux préinstallés.
La console en elle-même est une reproduction fidèle de la version européenne (le design américain de l'époque était atroce), exception faite de sa taille : la version mini tient en effet dans la main. Nintendo est allé jusqu'à reproduire le tiroir dans lequel se fichaient les cartouches, mais il ne s'agit que de décoration ici, à l'instar du bouton Eject.
On retrouve de part et d'autre de ce vrai-faux bouton d'éjection la tirette d'allumage et le bouton reset. À l'arrière, deux ports : une sortie HDMI et un micro USB pour alimenter la console. Nintendo fournit un câble USB/micro USB, mais pas d'adaptateur secteur : ce ne sera pas un problème si votre téléviseur est équipé d'un port USB, comme c'est souvent le cas.
À l'avant, on trouve les deux ports manettes qui ont une particularité. Ils sont cachés derrière une languette reproduisant les connecteurs des manettes de l'époque ! On n'est pas certain de la fiabilité de ce petit morceau de plastique, qui a de toute façon vocation à rester ouvert tout le temps.
Puisqu'on en est là, évoquons les deux manettes fournies par Nintendo : ce sont les reproductions fidèles de celles de l'époque. Le plastique est solide, il résistera aux chutes accidentelles (et provoquées, en cas de rage du joueur). Globalement, les sensations sont agréables, le pad tout comme les boutons colorés évoquant les sensations d'antan (pour autant qu'on s'en rappelle). Les contrôleurs se complètent de deux gâchettes.
Après quelques minutes passées à jouer, on a tôt fait de se remettre en selle. Le seul irritant notable, c'est la longueur du câble : il est plus long que celui de la manette de la NES Mini, mais même avec environ 1,30 m de câble, c'est encore un peu court. En particulier dans les salons où la télé est loin du canapé !
Le connecteur des manettes est le même que celui des contrôleurs Classique et Classique Pro de la Wii. Ces accessoires sont donc compatibles avec la Super NES Mini, ce qui est une bonne nouvelle. Les deux manettes SNES fournies nous semblent suffisamment durables et résistantes pour ne pas avoir à les remplacer avant un moment.
Des jeux en pleine forme
Après ce tour d'horizon matériel, il est temps de s'intéresser au contenu, c'est-à-dire… les jeux, bien évidemment ! En l'absence de cartouches et de connexion internet, Nintendo a glissé dans la mémoire de la console 21 titres qui représentent plutôt bien la variété de l'époque.
Il est impossible de contenter tout le monde, et beaucoup estimeront insupportable de ne pas redécouvrir leur jeu préféré de l'époque, mais la Super NES compte tellement de hits qu'il est impossible de tous les retrouver ici. On regrette toutefois que Nintendo n'ait pas pensé ou voulu intégrer de système permettant d'installer de nouveaux jeux (via une clé USB ou un port microSD, pour rester dans le rétro).
Toutefois, faire ou refaire le tour des 21 jeux préinstallés dans la Super NES Mini va occuper les joueurs pendant quelques (dizaines centaines d') heures. Nintendo a eu la bonne idée de fournir sur son site le mode d'emploi en français et en PDF de chacun de ces titres, dont voici la liste :
- Super Mario World
- Super Mario Kart
- Zelda : A Link to the Past
- F-ZERO
- Super Metroid
- Street Fighter II Turbo : Hyper Fighting
- Super Punch-Out !!
- Super Castlevania IV
- Donkey Kong Country
- Mega Man X
- Kirby's Super Star
- Final Fantasy III
- Kirby's Dream Course
- Star Fox
- Star Fox 2
- Yoshi's Island
- Super Mario RPG : Legend of the Seven Stars
- Contra III : The Alien Wars
- Secret of Mana
- EarthBound
- Super Ghouls'n Ghosts
On trouve dans cette liste une poignée de classiques increvables et de très bons jeux en général, dans tous les genres (arcade, aventures, plateformes…) et pour tous les goûts. La surprise du lot, c'est Star Fox 2 dont le destin est assez incroyable : prévue à l'origine en 1996, cette suite n'est jamais sortie, Nintendo ayant préféré investir toutes ses ressources dans la N64.
Malgré tout, le développement du jeu a été achevé et il dormait depuis sur les étagères du constructeur, auréolé de son statut de légende urbaine. Retrouver la bande à Star Fox dans cette suite inédite sur la Super NES Mini, c'est la cerise sur le gâteau ! Même s'il faudra faire un petit effort avant d'y goûter, puisqu'il importe de réussir la première mission de Star Fox pour débloquer le deuxième épisode de la saga.
Dans le mode d'emploi du titre, plus complet et plus riche que les autres, Nintendo lève le voile sur les coulisses du développement. Ce coffre aux trésors contient par exemple des scans de documents d'époque… Pour cette version Super NES Mini, le constructeur a aussi commandé des illustrations originales (que l'on pourra utiliser en fond d'écran !).
Mais Star Fox 2 n'est qu'un des 21 jeux disponibles. Les autres mériteraient qu'on s'y arrête longuement, malheureusement le temps nous manque et puis la plupart sont bien connus — on les trouve sous la forme de ROMs plus ou moins illégales, à faire tourner dans des émulateurs sur à peu près toutes les plateformes. Mais y jouer « pour de vrai », avec les manettes comme dans l'ancien temps sur une console qui reprend le design de l'original, voilà qui a une certaine allure. Et permet de redécouvrir certains titres comme Zelda ou Super Mario World.
Plusieurs des jeux préinstallés peuvent être pratiqués à deux, c'est le cas pour Street Fighter et Super Mario Kart bien sûr, mais aussi Donkey Kong, les deux jeux Kirby, Contra III et Secret of Mana. Au contraire de la NES Mini pour laquelle Nintendo n'a glissé qu'une seule manette, la Super NES Mini est livrée avec deux contrôleurs.
Tout cela est bel et bon et pour les joueurs les plus nostalgiques — et les autres aussi —, cette sélection a de quoi titiller le bout des doigts. Il faut toutefois savoir qu’il s’agit des versions américaines des jeux ; si l’interface de navigation de la Super NES Mini est en français, les explications et les dialogues que l’on peut trouver dans les jeux sont eux restés en anglais.
Ça ne posera pas de problème particulier pour les jeux d’action, mais les titres comme Zelda, où l’histoire et sa compréhension priment au moins autant que l’habileté du joueur, cette absence de localisation en français pourra poser des problèmes.
Pensé pour les joueurs d'hier et d'aujourd'hui
Nintendo ne s’est pas contenté de fabriquer un bête émulateur qui fait fonctionner une poignée de ROMs. La Super NES Mini contient un menu de navigation qui permet de sélectionner facilement le jeu désiré. Le carrousel, qui présente les jaquettes des titres, peut trier le catalogue selon les dates de sortie, la possibilité de jouer à deux, les titres les plus joués... ou tout simplement par ordre alphabétique.
Le format de l’époque dans lesquels ces jeux ont été conçus implique la présence de larges bordures sur les côtés. Nintendo y a pensé et propose douze fonds d’écran plus ou moins rétro pour remplacer les vilaines bandes noires.
Pour souligner l’aspect rétro-gaming de la console, le constructeur propose également de jouer avec un filtre CRT, qui vous donnera l’impression de jouer devant une bonne vieille télé cathodique. L’effet n’est pas poussif ou forcé, simplement on voit des lignes horizontales à l’écran, et c'est assez convaincant ! On peut aussi jouer dans un format 4:3 sans l’effet CRT, ou dans le format d’origine des jeux, plus carré.
Autre faveur accordée par Nintendo, chacun des jeux de la Super NES Mini bénéficie — en plus de leur système de sauvegarde interne — de quatre emplacements de sauvegarde supplémentaires. Il suffit d’appuyer sur le bouton Select de la console pour conserver la séquence que l’on peut ensuite « ranger » dans un des slots prévus à cet effet. Ce sont jusqu'à cinq minutes d'un niveau que l'on peut ainsi conserver.
Les jeux de l’époque étant bien plus ardus que ceux d’aujourd’hui, cette option sera sans aucun doute appréciée de tous ! Nintendo y ajoute une autre possibilité originale, la fonction Replay. Elle permet de revenir dans une séquence enregistrée pour identifier un moment délicat, puis de relancer la partie pile à cet instant. Une facilité que bien des joueurs auraient voulu avoir sous la main à l’époque...
Pour conclure
Difficile de trouver des défauts à la Super NES Mini qui est peut-être encore plus intéressante que la NES Mini. Cette dernière joue à plein la carte de la nostalgie, mais le « nouveau » modèle bénéficie d’une sélection de jeux exceptionnels, qui restent toujours aussi passionnants à pratiquer aujourd’hui.
Certes, certains ont vieilli plus que d’autres. La 3D primitive de Star Fox a pris un coup, la bouillie de pixels de Castlevania pique un peu les yeux... L'absence de localisation en français sera aussi un handicap, même si l'anglais utilisé dans les jeux est généralement facile à comprendre. Mais quel plaisir de renouer avec ces gloires d’antan ! Ce d’autant que Nintendo ne s’est pas moqué des joueurs : la console est complète avec ses deux manettes, les finitions sont excellentes (on regrettera simplement un câble un peu court), le tout au prix public abordable de 70 €. Attention cependant aux effets d'aubaine : en attendant le réapprovisionnement des stocks, certains petits malins vendent leurs unités à des prix qui dépassent de loin celui conseillé par le constructeur.
À l’heure où des fabricants un peu véreux s’appuient sur leurs anciennes franchises pour faire les poches des joueurs (mieux vaut éviter d’acheter ces « Megadrive Mini » qui pullulent sur Amazon), Nintendo respecte les joueurs et leurs souvenirs avec cette Super NES Mini, dont le seul revers finalement est la difficulté de s’en procurer une.