iBooks : la BnF « très satisfaite » du partenariat avec Apple

Stéphane Moussie |

Mi-décembre 2015, BnF-Partenariats annonçait la mise à disposition de 10 000 livres du XIXe siècle au format ePub en exclusivité temporaire sur iBooks. Un an plus tard, la filiale de la Bibliothèque nationale de France est « très satisfaite » de cette opération.

« [Elle] a permis d’étoffer considérablement l’offre patrimoniale de livres numériques sous format ePub », nous a répondu BnF-Partenariats. « Leur diffusion sur l’Apple Store (sic) a été importante en volume comparativement au téléchargement de PDF », a ajouté la société, sans donner de chiffres.

L’exclusivité d’un an dont bénéficie l’iBooks Store concerne uniquement la version ePub des œuvres. La conversion a été financée par Apple et réalisée par Jouve à partir des documents numérisés disponibles librement sur Gallica. L’interface entre ces deux acteurs est assurée par le distributeur Immatériel.fr.

BnF-Partenariats nous a confirmé que, comme prévu, « ces ePubs qui ont été mis en ligne mensuellement sur l’Apple Store (resic) tout au long de l’année 2016 seront distribués chez les autres libraires en ligne au fur et à mesure de la date anniversaire de leur mise en ligne. » La prochaine et dernière étape sera la mise à disposition gratuite de ces ePub sur Gallica en 2022.

L’iBooks Store met actuellement en avant une sélection de livres (gratuits et payants) ayant pour thème « au cœur de l’étrange ». Il n’y a malheureusement pas de moyen d’avoir la liste complète de la Collection XIX à notre connaissance.

Ce partenariat a été critiqué par les défenseurs du domaine public, les libraires et l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, qui jugeait que « cela revient à se moquer un peu du monde et du service public même que de revendre de la sorte des œuvres du domaine public. »

BnF-Partenariats a défendu de son côté un « [élargissement de] l’accès aux collections de la BnF » et le distributeur Immatériel.fr a pointé le manque de deniers publics pour ce type d'opération :

Qu'une œuvre soit dans le domaine public ne veut pas dire qu'elle soit facilement accessible. [...] La numérisation et la fabrication du domaine public sont des tâches titanesques. [...] La BnF pourrait faire ce travail sur fonds propre, mais on sait la difficulté à trouver du financement public aujourd’hui ; l’intervention de l’industrie est donc une bonne chose et les conditions d’Apple sont très favorables.

avatar spece92 | 

Excellente nouvelle : pas de blocages !

avatar occam | 

Pour avoir réalisé à partir de scans l'édition au format ePub de certains classiques scientifiques et ouvrages de référence disponibles seulement dans de rares bibliothèques, je suis à 100% d'accord avec le commentaire d'Immatériel.fr.

C'est une tâche gratifiante mais qui prend du temps et des moyens si elle est entreprise de manière sérieuse ; ardue quand on la fait sur fonds propres avec une infrastructure minimale.

Quant à Jack Lang, il peut faire don de sa langue de bois, dont il possède de copieuses réserves, pour en extraire de la pâte à papier en aide à l'imprimerie besogneuse.

avatar YAZombie | 

+1 sans réserve (comme quoi, tu vois! ?)

avatar Bigdidou | 

Absolument.
On peut critiquer la démarche, mais il faut proposer une solution alternative, alors. Et là, c'était manifestement ça ou rien.

avatar béber1 | 

@occam

d'accord avec ton propos.
Le point de vue de Jack Lang, qui a été quand même un excellent ministre de la Culture, est celui du centralisme Jacobiniste assez récurrent en France, et que l'on peut sans peine faire remonter jusqu'à Charlemagne, via Louis XI, Richelieu, Louis XIV et Napoleon.

Sauf que l'Etat français actuel n'a plus les moyens ni les compétences adaptées à ses ambitions héritées des idéaux de la Revolution (une vraie mise à disposition des "citoyens" de son immense patrimoine culturel, littéraire et livresque)
…sauf en acceptant des partenariats avec des entreprises privées, dans des contrats d'utilisations et de diffusions équilibrés qui peuvent ainsi peuvent combler certains de ses idéaux et ses financements divers, de manière plus souple, pragmatique et intelligente.

avatar occam | 

@béber1

Nous sommes bien d'accord, je crois.

Je ne mets pas en cause l'activité de Jack Lang en tant que ministre de la Culture. (Même si j'ai eu l'occasion de voir dans le menu détail la mise en oeuvre de certaines initiatives annoncées en fanfare, d'y participer modestement dans mon domaine, et de me rendre compte que très peu était prévu pour assurer leur pérennité, après l'éclatant effet d'annonce.)

Mais il faut voir de près l'état des inventaires de bibliothèques, en dehors de quelques objets de prestige : la numérisation est une priorité absolue pour les préserver, pendant que les moyens font cruellement défaut. Une initiative bien conçue comme celle d'Apple est à multiplier à la puissance n, au lieu de chercher à la saborder au nom d'un principe irréalisable. La vraie bataille du domaine public est ailleurs, et Jack Lang aurait dû la mener quand il en avait le pouvoir, et les faveurs du prince-lettré.

avatar béber1 | 

@occam
"La vraie bataille du domaine public est ailleurs, et Jack Lang aurait dû la mener quand il en avait le pouvoir, et les faveurs du prince-lettré."

sauf que tu sais très bien que la numérisation pour les archivages divers
ne s'est vraiment développée qu'après les présidences de F. Mitterand.

Il aurait fallu anticiper car les techniques existaient déjà, mais les automatisations (documents fragiles et anciens exclus, je sais) les normes et les capacités de stockages n'étaient pas aussi évoluées que celles d'aujourd'hui

avatar Domsware | 

C'est Apple c'est pas bien. Sans même prendre le temps de l'analyse.

avatar Nesus | 

Personnellement, j'en suis parfaitement satisfait. C'est peu cher et au moins il n'y a pas de coquilles dans les textes ou autre erreur de l'ocr à l'inverse de tous les autres. Donc pour la qualité oui au paiement.

avatar occam | 

Collatéral à propos de la BnF :

L'app « Gallica » de la BnF vient juste d'être mise à jour.

J'ai eu la surprise très désagréable de découvrir que la version actuelle de l'app Gallica n'est plus compatible avec les iPad avant l'Air !

iOS 8 minimum, d'accord, mais laisser les iPad 2, 3, 4 en déshérence ?

Cela me semble très peu judicieux, quand on prend en compte le public visé. Il ne s'agit quand même pas de gamers demandant des animations à Warp 9. Beaucoup d'écoles, d'étudiants et de chercheurs démunis — sont encore équipés de ces iPad increvables. L'accès aux livres numérisés ne dépasse pas encore leurs capacités matérielles. La vitesse est secondaire.

Service public ?

avatar béber1 | 

"Service public ?"

Et voui
Éditeur : Bibliotheque nationale de France
© Bibliothèque nationale de France - 2013

Autant les techniciens et certains services français sont remarquables, autant des fois le suivi laisse vraiment à désirer. So frenchy ? :')

avatar Terrehapax | 

Je me permets de contredire Nessus : j'ai, contrairement à lui, été surpris du nombre de coquilles présentes dans les volumes de la collection XIXe que j'ai achetés sur le Book Store.
J'aurais pensé que des livres créés sous les auspices d'une des plus prestigieuses institutions bibliophiliques au monde seraient irréprochables. Eh bien, ce n'est malheureusement pas le cas; je ne sais pas qui relit les épreuves après composition et avant publication mais ils ressemblent trop souvent aux ouvrages d'écrivains amateurs publiées par Blurb ou Lulu plutôt qu'à des œuvres marquantes de la littérature française.

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