Sur son blog, le développeur Olivier Faurax fait part d'une nouvelle intéressante : il a contacté Skype pour s'enquérir d'un RPM (Redhat Packet Manager) pour Mandriva, et il s'est vu répondre que Skype serait proposé en open-source "au plus vite".

L'information se répand comme une traînée de poudre dans la communauté open source, Skype étant avec Flash l'un des deux logiciels propriétaires les plus utilisés. Elle est reprise par Slashdot, après quoi Skype a publié des précisions sur son blog.

Commençons par faire un état des lieux : si Skype n'est pour l'heure pas disponible en open source, il est néanmoins possible d'intégrer le protocole de communication dans des logiciels de tierce partie : Skype proposait déjà ses API pour les développeurs, à l'aide de wrappers pour COM (ActiveX), Java, Python, mais également Cocoa, Carbon et AppleScript (voir notre article Les API de Skype sous Mac OS X). D'autre part, un projet nommé NakedSkype se voue à proposer l'accès au protocole sur plus de plateformes encore.

La première question que poserait l'ouverture du code de Skype est bien sûr celle de la sécurité : avec toute la recette du protocole sous les yeux, un développeur mal intentionné pourrait-il intercepter des conversations? Fort heureusement, non, le protocole est non seulement basé sur le peer-to-peer, et donc décentralisé (il n'y a pas de serveur qui fasse l'intermédiaire entre deux utilisateurs, les données sont transmises de proche en proche), mais il est également chiffré sur 256 bits, et il est impossible de désactiver le chiffrement. Cette sécurité pose par ailleurs quelques questions : nombre d'états, dont la France, exigent un système d'écoutes légales sur les télécommunications pour des raisons de sécurité nationale (la France interdisait jusqu'en 2004 les clés de chiffrement supérieures à 128 bits). Cette question reste dans un certain flou artistique, mais des rumeurs évoquent une « backdoor » pour les services des différents gouvernements.

Cependant, ces interrogations n'ont même pas lieu d'être : Skype ne proposera le code source que de l'interface graphique de son client logiciel, le protocole étant offert sous forme de librairie fermée, non pour des questions de sécurité, mais pour des questions de propriété intellectuelle : le protocole utilise des licences de tierces partie, que Skype ne possède donc pas et qu'elle ne peut offrir en open source.

Quoi qu'il en soit, cette nouvelle fait l'effet d'une petite bombe et pourrait bien donner un second souffle à Skype, qui pourrait se voir ainsi distribuée de facto dans l'installation de base de certains systèmes d'exploitation par exemple. D'autre part la communauté de développeurs pourra ainsi influer sur l'interface graphique du logiciel et offrir de nouvelles fonctionnalités. Bref, voilà quelques éléments qui pourraient bien contribuer à imposer Skype comme un standard, fut-il propriétaire, ce qui serait loin d'être une première.