Mise à jour 18/03 — Comme on pouvait le prévoir, Apple n'apprécie pas vraiment l'initiative CAID chinoise. Le Financial Times révèle que le constructeur a prévenu au moins deux éditeurs d'apps chinoises qui ont intégré cette nouvelle manière de créer un numéro d'identifiant unique. La Pomme leur donne 14 jours pour revenir dans les clous, au risque sinon de supprimer les applications de sa boutique.
L'enjeu est de taille, la Chine est un marché stratégique pour Apple qui peut difficilement faire l'économie des apps de Baidu, ByteDance et Tencent. Or, ces trois géants testent CAID, ce qui leur permettra d'identifier et de tracer leurs utilisateurs à l'avenir. Si Apple l'autorise, mais le constructeur semble bien parti pour ne rien laisser passer.
Article original, 16/03 — Apple aura bientôt un cas plus délicat que les autres à traiter concernant l'encadrement du suivi publicitaire qui entrera en vigueur avec iOS 14.5. Alors que la Pomme s'est jusqu'à présent défendue vigoureusement face à la fronde de Facebook et de start-ups françaises, elle va devoir prendre position sur une initiative prise par un groupement d'éditeurs chinois soutenu par l'État.
La China Advertising Association, qui rassemble 2 000 acteurs, dont les géants Tencent (propriétaire de WeChat et au capital de nombreuses entreprises dans le monde) et ByteDance (TikTok), a mis au point une nouvelle façon de pister les utilisateurs d'iPhone en réponse à la prochaine mesure de confidentialité d'Apple, rapporte le Financial Times. Ce sytème, nommé CAID, est en cours d'expérimentation par de nombreux éditeurs chinois.
D'après un guide de ByteDance à destination des éditeurs d'apps, les publicitaires « peuvent utiliser CAID comme remplaçant si l'IDFA [l'identifiant publicitaire, ndr] de l'utilisateur n'est pas disponible. » Or, iOS 14.5 permettra justement aux utilisateurs de bloquer, s'ils le souhaitent, l'utilisation de leur IDFA afin de ne pas être pistés.
Interrogée spécifiquement sur CAID par le Financial Times, Apple a répondu de manière plus générale en déclarant que les règles de l'App Store étaient les mêmes pour tous les développeurs dans le monde entier et que les apps qui ne tiendront pas compte du choix de l'utilisateur seront rejetées. En l'absence d'autorisation de suivi de la part de l'utilisateur, la politique de confidentialité d'Apple indique noir sur blanc que les éditeurs n'ont pas le droit de tirer parti d'un autre identifiant pour du pistage.
D'après une source du journal, Apple pourrait détecter les applications qui utilisent CAID. Mais prendra-t-elle vraiment des mesures contre ces apps chinoises ? En dépit de son discours, selon trois sources du Financial Times, ce n'est pas assuré. Apple pourrait faire profil bas si CAID a le soutien entier des entreprises et du gouvernement chinois. On sait combien le marché chinois est aussi important qu'épineux pour Apple, qui doit composer avec des demandes du gouvernement pas toujours alignées avec ses engagements, sous peine de sanctions.
CAID a été pensé au départ pour les développeurs et publicitaires chinois, mais au moins un groupe français spécialisé dans le jeu vidéo qui a des liens avec la Chine a été encouragé à postuler pour l'utiliser, selon le Financial Times. Son nom n'est pas précisé. La China Advertising Association affirme de son côté que CAID n'est pas en contradiction avec la politique de confidentialité d'Apple et qu'elle discute activement de ce sujet avec Cupertino. CAID pourrait être rendu public cette semaine.