Gomm magique
Sloy était un groupe de rock à part dans le paysage musical français. Formée à Béziers puis domiciliée à Rennes, cette formation, vite remarquée par de grands noms de la musique (Steve Albini à la production, PJ Harvey et Placebo avec lesquelles ils tourneront), brouillait les pistes géographiques avec leur rock décharné à l’énergie brute dont l’esprit se rapprochait de l’Amérique de Fugazi ou de Shellac. En dépit d’un tube justement intitulé «Pop» qui aurait pu lui ouvrir les portes de la consécration, Sloy était car Sloy n’est plus, l’histoire ayant pris fin officiellement en 2001.
Gomm, quant à eux, sont lillois et reprennent finalement les affaires là où Sloy les avait laissées en y ajoutant ce petit plus qui fera peut-être toute la différence. On retrouve avec un plaisir non dissimulé ces guitares rageuses, cette basse bondissante, une tension et une urgence au service d’une écriture à l’efficacité redoutable (Karl Heinz Mucke, I Need dont on se remet difficilement) agrémentées d’une variété vocale bienvenue (chant féminin et masculin en anglais, français ou allemand) et d’une utilisation très pertinente de claviers analogiques donnant une dimension très Krautrock à leur musique rappelant à ceux qui en doutaient que LE groupe le plus influent de ces 35 dernières années reste sans doute Can. L’album est bien sur inégal mais l’énergie et l’inspiration déployées ici place, dans l’hexagone, Destroyed to Perfection bien au-dessus du panier de crabes rempli des nombreux charognards occupés à piller la dépouille encore tiède de Noir Désir.
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