La 5G en France, c’est pour l’année prochaine à en croire les opérateurs qui multiplient les expérimentations (tout récemment chez Bouygues). Mais avant de profiter des bienfaits de ce nouveau réseau, encore faut-il pouvoir le déployer à grande échelle. Et l’État a ici son mot à dire, puisque les bandes de fréquences (3,4 à 3,8 GHz) sont sa propriété que les opérateurs vont devoir acheter, via des enchères attendues et redoutées par tous.
Début mai, le ministère de l’Économie et celui de la Cohésion des territoires ont dessiné le cadre général de cette opération de grande envergure, dans une lettre que s’est procurée Les Echos. Le prix de réserve des enchères sera donc fixé d’ici cet été par la commission des participations et des transferts, avec en ligne de mire les enchères à proprement parler cet automne.
Le gouvernement entend trouver un « juste milieu » entre la mise en place d’infrastructures numériques « de qualité » nécessitant des investissements sur le long terme, et un prix plancher qui doit permettre de remplir à bon compte les caisses publiques rapidement. « L'un n'empêche pas l'autre. Il faut maximiser les retombées de long terme, et pas seulement la mise de départ », confirme-t-on au cabinet de la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher.
Cet équilibre sera délicat à trouver, et il ne fait aucun doute que les opérateurs vont peser de tout leur poids pour éviter de devoir payer trop cher leur ticket d’entrée. Leur discours sera simple : l’argent qui ne sera pas dépensé lors des enchères servira au déploiement du réseau. Un message manifestement entendu par les pouvoirs publics, qui veulent éviter de taper trop fort dans le portefeuille des opérateurs.
À cet égard, les exemples allemand et italien font figure de repoussoir : les enchères y ont atteint voire dépassé le seuil des 5 milliards d’euros. Or, le gouvernement s’attend à une couverture de plusieurs villes dès l’année prochaine, et à terme ce sont « tous les territoires, y compris les plus ruraux ou de montagne, [qui] doivent pouvoir bénéficier du développement des services 5G dans un calendrier raisonnable ». Difficile dans ces conditions d’exiger le beurre et l’argent du beurre.
Le gouvernement n’écarte pas un recours accru à la mutualisation des réseaux pour parvenir à une « bonne couverture mobile de l'ensemble du territoire [qui] est un objectif majeur ». La 5G ne remplacera pas (tout de suite) la 4G, qui est encore loin d’avoir dit son dernier mot — et qui reste encore à déployer sur l’ensemble du territoire (lire : C’est quoi, la 5G ?).