Que savait-on sur l'iPhone avant 2007 ?

Florian Innocente |

Le 9 janvier 2007, Steve Jobs dévoilait l’iPhone. La première étape d’une aventure qui allait transformer Apple et provoquer des cataclysmes chez les fabricants de mobiles et les éditeurs de logiciels et services. À l’approche de ce dixième anniversaire, cette Timeline revient sur les quelques mois qui ont entouré cet événement.

Comme aujourd’hui, où des rumeurs évoquent très en amont les projets d’Apple dans le domaine automobile, ses intentions autour du mobile ont été discutées et analysées pendant plusieurs années avant la sortie du téléphone. Un premier signal a été envoyé en décembre 1999 — Jobs était revenu depuis deux ans — avec l’enregistrement du nom de domaine iphone.org. Difficile de faire plus explicite.

“Wallaby”, nom de code d’un prototype branché à un Power Mac G3 pour simuler le fonctionnement de ce que serait la partie matérielle de l’iPhone. Photo publiée en 2014, lire : Des anecdotes sur la création du premier iPhone

Puis, en 2002, c’est le patron d’Apple qui livre quelques réflexions. « Nous partons du principe qu’entre aujourd’hui et l’année prochaine, le PDA allait être absorbé par le téléphone. Nous pensons que le PDA va disparaître » déclarait sans ambages Steve Jobs à John Markoff du New York Times, au mois d’août de cette année là.

La concurrence au moment de l’annonce de l’iPhone

Dans cet article publié cinq ans et deux mois avant la commercialisation de l’iPhone aux États-Unis, ce produit apparaît comme une suite logique — sinon vitale — des efforts de reconstruction d’Apple. Une remise en route déjà bien entamée avec l’iMac et la refonte de la gamme d’ordinateurs, mais qui passe aussi et surtout par une diversification vers des produits électroniques grand public.

M. Jobs et Apple n’ont pas souhaité commenter ces projets. Mais des analystes du secteur ont décelé quelques pistes qui démontrent qu’Apple réfléchit à ce que certains dans l’entreprise appellent un “iPhone”.

Jobs avait déjà un œil sur le futur de son entreprise, malgré une actualité produits chauffée à blanc. 2002 est l’une de ces années où Apple a fait feu de tout bois et régalé ses clients en nouveautés. Il y en a eu pour tout le monde ! La Pomme récoltait les fruits de ses premiers succès comme l’iMac et construisait les fondations des prochains.

Liste non exhaustive des faits marquants de 2002 : le démarrage par défaut de tous les Mac sur Puma (OS X 10.1.2) ; lancement de Jaguar (OS X 10.2) ; ouverture du cinquantième Apple Store ; iMac G4 “tournesol” (Jobs décrétera à cette occasion que « l’écran cathodique est officiellement mort ») ; l’iPod devient compatible avec Windows ; ouverture du service internet “.Mac” ; arrivée des Xserve ; achat de Logic pour les pros de l’audio ; création d’iSync pour synchroniser son calendrier iCal (tous deux développés par l’antenne parisienne d’Apple) et son carnet d’adresses entre son Mac et des téléphones mobiles de Palm et le Sony T68i.

Sony Ericsson T68i, l’un des meilleurs mobiles lancés fin 2001 et très copain avec le Mac grâce à iSync

Un téléphone signé Apple aura la vie dure

La (prochaine tornade) iPod n’a pas encore fêté sa première année, l’iTunes Store n’est pas encore né, que déjà on presse Apple de passer au chapitre suivant. Car à cette époque, les yeux restent tournés vers le Mac. Il y a chez certains l’idée que le pari fait avec OS X pourrait ne pas suffire. Si Apple escompte vraiment fabriquer un téléphone, il faudra mieux préparer son coup qu’avec le Newton. Ce marché du mobile n’est pas pour les tendres. La Pomme aurait d’ailleurs tenté d’acheter Palm, en vain.

Toujours dans l’article de John Markoff :

Le nouvel appareil d’Apple arriverait dans un domaine où d’autres entreprises ont déjà bien labouré le sol — entre autres Microsoft, Nokia et Motorola, ainsi que des start-ups comme Handspring (fondé par d’anciens de la division Palm de 3COM, ndlr) et Danger (qui portait les germes d’un succès à venir chez Google avec Android et d’un échec cuisant chez Microsoft lorsqu’il acheta cette entreprise, ndlr). Ce domaine très encombré pourrait présenter un risque pour Apple, si son produit devait être jugé comme insuffisant face à la concurrence.

Des indices font penser qu’un iPhone est bien dans les cartons. En se projetant un peu, il y a des technologies dans Jaguar qui pourraient être employées pour un terminal mobile : la reconnaissance de l’écriture Inkwell , l’utilitaire de recherche Sherlock qui sait maintenant aller sur internet, la naissance d’iCal et d’iSync, sans oublier iChat.

Steve Jobs, bien sûr, ne pipe mot dans cet entretien des réflexions en cours chez Apple. Le sentiment qui prévalait chez Apple était qu’il y avait quelque chose à faire dans la téléphonie mais que tous les éléments n’étaient pas réunis pour le faire correctement : réseaux faiblards pour un usage orienté internet, système de l’iPod sous-dimensionné, OS X trop lourd et le problème des opérateurs qui se posaient en interlocuteurs intraitables (lire Wired raconte la création de l’iPhone).

On apprendra aussi plus tard qu’en 2003, Apple a d’abord songé à faire un équivalent de l’iPad puis a fait passer l’iPhone en premier (lire Des anecdotes sur la conception de l’iPhone).

En 2005, un prototype de ce qui allait devenir l’iPhone. L’engin avait un écran tactile de la taille d’une petite tablette et un large assortiment de prises — via Ars Technica

Jobs étant Jobs, il ne peut s’empêcher de donner son avis au journaliste qui l’interroge. Et s’il prend la peine de le faire, c’est bien que la question doit occuper ses pensées…

[Jobs] insiste sur le fait qu’il n’adhère pas à l’idée d’un assistant personnel conventionnel, en déclarant que ces appareils sont trop difficiles à utiliser et qu’ils sont le plus souvent d’une utilité relative. Mais un téléphone avec les fonctions d’un PDA, là c’est autre chose.

Et tout en assurant que l’entreprise n’avait aucune intention de lancer un tel produit, il admet à contre-cœur que mixer certaines des innovations d’Apple en design industriel avec celles en interface utilisateur serait une bonne idée pour un produit devant offrir des fonctions informatiques et téléphoniques.

La manière dont Steve Jobs abordait il y a dix ans cette éventuelle implication d’Apple dans la conception d’un mobile, ressemble à celle de Tim Cook lorsqu’il est titillé sur les voitures :

Je n’ai rien à annoncer quant à nos projets. Mais je pense qu’il va se produire dans les toutes prochaines années des changements significatifs dans l’industrie automobile, avec l’électrification et la conduite autonome. Et il est nécessaire de porter un intérêt tout particulier à l’interface utilisateur. Je pense donc que beaucoup de changements vont arriver dans ce domaine.

Un iPod sachant téléphoner

Au fil de l’année 2002 et les suivantes, la marque iPhone va être déposée dans de nombreux pays, alimentant l’intérêt. Sans parler de l’arrivée en 2005 du Motorola Rokr, premier téléphone à utiliser une version mobile d’iTunes. Le Rokr vite oublié tant il était mauvais, les rumeurs s’accélèrent lorsqu’on approche de 2007.

via ferra.ru

En mars 2006, Think Secret parle de retards et d’un développement suspendu. Apple veut concevoir son téléphone sur des bases complètement neuves mais cela ne se fait pas sans mal. Résultat, le produit pourrait ne sortir qu’au début 2007 au mieux, explique le site de rumeurs.

Le cabinet d’analyses ATR parle d’un format longiligne comme l’iPod nano et d’un choix parmi trois coloris.

En septembre 2006, ThinkSecret évoque les signatures et négociations entre Apple et les opérateurs. L’iPhone aura un écran de 2,2“ et un appareil photo de 3 mpx (il fera en fait 3,5” et 2 mpx). Le site parlait toujours d’une commercialisation début 2007.

Septembre encore, une source de MacRumors détaille un prototype à partir duquel le site réalise une image : un écran allongé, une roue d’iPod qui peut s’escamoter pour révéler un clavier numérique. La face avant est noire et l’arrière est en acier chromé. Comme pour de nombreuses rumeurs, cet iPhone sera surtout un iPod amélioré, capable de téléphoner et possédant les fonctions de base d’un PDA.

Fin novembre, un analyste parle déjà du développement de l’iPhone suivant, puisque le premier avec son format d’iPod nano serait déjà en production. Ce qui dans les faits était loin d’être le cas. Ne serait-ce qu’entre janvier et juin 2007, Apple a décidé de remplacer la vitre en plastique par du verre. Ce second iPhone mettrait l’accent sur iChat, bien plus que sur le mail. iMessages n’arrivera en réalité qu’avec l’iPhone 4s et iOS 5.

En décembre, Kevin Rose, alors une figure d’internet, fait grand bruit avec une série de détails qui s’avèreront pour la plupart à côté de la plaque. L’iPhone sortirait en janvier, il aurait deux batteries (une pour la partie MP3, l’autre pour le téléphone), il disposerait d’un clavier rétractable et peut-être d’un écran tactile.

via Gizmodo

Même mois, Think Secret assure que le téléphone aura une connexion de type GSM/Edge uniquement, pas de CDMA (la norme utilisée par Verizon, l’un des deux principaux opérateurs américains, qui ne sera prise en charge qu’en 2011). Il se synchronisera avec iTunes, rendant facultative la possession d’un iPod. La probabilité de voir l’iPhone en boutiques dès janvier 2007 commence à s’étioler.

15 jours avant la fin de l’année, une analyste de Morgan Stanley, Rebecca Runkel, livre un portrait bien plus fidèle : lancement au premier semestre 2007, écran 3,5", format plus large qu’un iPod nano, plus fin qu’un iPod vidéo, châssis en métal, roue virtuelle cliquable, plusieurs couleurs dont le blanc, le noir et l’argent, un seul opérateur américain et deux capacités de 4 et 8 Go. L’un de ses deux prix sera le bon.

via appleiphone

Juste avant l’ouverture de Macworld Expo, John Gruber y va de ses prédictions : pas de téléphone VoIP en Wi-Fi mais un véritable appareil cellulaire. Une approche dans la conception de l’appareil qui surprendra les gens. Il avance une idée dont il rêve qu’elle se réalise : « Ce ne sera pas un iPod phone, mais plutôt la présentation d’un nouvel OS pour mobile ».

Lorsqu’on parcourt plusieurs de ces rumeurs et voit les formes imaginées par des graphistes, il est étonnant de voir à quel point l’écran n’était pas considéré comme une source possible d’innovation pour ce téléphone. Sa nature tactile était parfois mentionnée, mais pas davantage que pour n’importe quel autre PDA du moment.

La notion d’un écran, pas seulement tactile mais multitouch (un terme peu usité alors), associé à une interface capable de réaliser des prouesses (pincer pour zoomer) n’était même pas envisagée (un de nos lecteurs rappelle à juste titre la démonstration épatante du concept de multitouch par Jeff Han en février 2006, mais il paraissait bien difficile d'imaginer cela un an plus tard à peine dans un téléphone…). Il semblait tout aussi osé de songer à un téléphone s’émancipant de son clavier physique, où l’écran absorberait toute l’interaction utilisateur. En résumé, les rumeurs ne portèrent que sur les points les moins importants, l’essentiel fut gardé secret.

C’est pour cette raison que Steve Jobs est parvenu à ce point à créer la surprise le 9 janvier, avec cette présentation devenue historique. : on l’attendait avec curiosité par une porte, il est entré en fanfare par une autre !

Que savait-on chez Apple France

Un ancien cadre d’Apple France, parti juste avant l’annonce de l’iPhone, se souvient de l’épais secret qui l’entourait. Même les employés français qui n’étaient pas dans la confidence de ce grand projet ont dû signer de nouveaux documents rappelant leur devoir de discrétion absolu sur tout ce que faisait Apple, dans l’hypothèse où des fuites surviendraient.

« Le projet était uniquement U.S. et rien en Europe… Pas de certification en avance de phase au L.N.E. (Laboratoire national de métrologie et d’essai, ndlr), par exemple. Le produit est sorti aux U.S. puis il a fallu attendre 5 mois pour l’avoir en France. Pour le reste, ce n’étaient que des rumeurs… Tout le monde pensait qu’Apple allait sortir un iPhone. Mais la piste la plus souvent évoquée était une évolution de l’iPod, avec l’apparition d’un clavier dessus. Donc le lancement de l’iPhone comme produit indépendant, avec un écran tactile, fut une grosse surprise, y compris chez Apple où très peu de personnes savaient. »

« Comme toujours, le produit a été accueilli en interne avec enthousiasme et tiédeur mêlés : est-on légitime sur le marché du téléphone ? Pas de 3G au lancement de l’iPhone alors que Steve vend la qualité de Safari dessus, et un Safari mobile qui ne supporte pas Flash… Pas de batterie amovible… Pas d’accessoires au lancement… Bref, sentiment d’un lancement un peu précipité, mais que Steve n’avait plus le temps. »

« Et puis in fine, ce sont toujours les clients qui tranchent, et qui en ont fait le succès, grâce à l’App Store pour iPhone (lancé l’année suivante, ndlr) : une tornade… ! Ce sont les apps qui ont imposé l’iPhone au delà des espérances d’Apple. »

avatar occam | 

Il est absolument saisissant de voir comment presque tous les analystes ont mis à côté de la plaque en ce qui concerne les deux innovations essentielles : le display multitouch et l'OS.

Ils connaissaient pourtant Steve Jobs. Ils auraient pu imaginer qu'il voudrait marquer un deuxième essai pour réaliser tout ce dont il avait rêvé près d'un quart de siècle plus tôt, avec le premier Mac. Seulement, en 2007, la technologie était enfin au rendez-vous. Et les analystes l'ont raté.

avatar awk | 

@occam :
Cela produire une certaine humilité en théorie, mais en pratique...

Et ce n'est pas nouveau comme phénomène' loin s'en faut

avatar bonnepoire | 

Ce qui est surtout étonnant c'est que tous les mockups de l'époque imaginés par des "spécialistes", imaginaient des claviers physiques.
On peut définitivement dire que sans l'iphone on en serait encore sans doute au PDA évolué. L'iPhone a bouleversé les usages et le design.

Certains viendront encore dire que Jobs n'était pas un créateur mais un vendeur. Il n'était pas ingénieur mais il a dirigé ses équipes pour réaliser sa vision. Dans le domaine de la technologie, rien n'est possible sans vision, excepté pour les suiveurs (samsoule).

avatar whocancatchme | 

Il suffit de regarder la présentation, pour voir quand Jobs fais défiler les contacts et qu'on entend un "woaah" dans la salle pour comprendre à quel point les téléphones était à la ramasse niveau tactile !

avatar lennydd | 

Et c'est à ce moment-là que j'ai abandonné mon Nokia pour prendre un iPhone et depuis je suis toujours resté sur iOS.

avatar Florian Innocente | 

Un Nokia banal ou un modèle un peu sophistiqué ?

avatar lennydd | 

@innocente :
Un Nokia E65, qui à cette époque me paraissait moderne :D

avatar Jacalbert | 

@lennydd :
Moi aussi
Octobre 2007 iPhone qui venait des USA qu'il fallait débloquer
50,00 € dans un centre à Paris

avatar EricdeB | 

@Jacalbert :
Pareil!
Mais ce furent 400€ pour un iPhone envoyé des US.
Je l'ai toujours. Il marche encore.
On dirait un prototype pourri ;) Qui m'a mis une grande baffe.

avatar Dv@be | 

@lennydd :
Idem pour moi.

avatar Rez2a | 

Très intéressant cet article, merci. Le parallèle avec le supposé gros projet actuel de chez Apple (la voiture) est bien vu.

J'espère qu'ils seront capables de nous surprendre à nouveau à ce point, je peux pas dire avoir été super emballé par les présentations de l'iPad et de l'Apple Watch comme je l'ai été par celle de l'iPhone.

avatar Gregoryen | 

Très bel article !

avatar mickzoe | 

Mon Nokia N95 avait également pris une énorme claque cette année là! Toujours sous iOS depuis lors. Mis à part une parenthèse de quelques mois pour un HTC Wildfire vite refermée!

avatar initialsBB | 

@mickzoe :
Moi j'avais un Sony Ericsson rutilant avec le WAP (vous vous en souvenez?) et même google maps... rendu instantanément ringard par l'arrivée de l'iPhone.

avatar hautelfe | 

En fait, ton Sony Ericsson était déjà ringard, vu que les smartphones de l'époque était compatible 3G. (mais pas l'iphone, qui ne gérait même pas les MMS)

avatar IceWizard | 

J'ai beaucoup rigolé en apprenant qu'Apple allait faire un téléphone. Je m'attendais à un like-Nokia plus joli, avec une pomme. J'ai eu un sacré choc en lisant la description de la bestiole, quelques jours après la présentation du premier iPhone. C'est rare d'assister à une telle rupture technologique.

avatar hautelfe | 

En fait, Apple a lancé un windows mobile like, quoi, du style des qtek et acer...

https://pmcdn.priceminister.com/photo/438013862.jpg

certes, il faudra attendre très... longtemps pour le stylet.
Et c'est sûr que la grande nouveauté, c'était l'écran capacitif, même s'il fallait s'y faire avec de gros doigts (surtout que cela ne fonctionne pas avec les ongles), à cause du petit écran.

avatar awk | 

@hautelfe :
Tu n'as strictement rien compris

C'est justement la transition à un paradigme multitouch en lieux et place d'un point où le styler remplace la souris qui créait la rupture

avatar awk | 

@hautelfe :
C'est l'exact opposé de la paresse intellectuelle de Windows Mobile essayant de faire rentrer au forceps le WIMP dans un téléphone, ce qui était inepte

avatar béber1 | 

hautelfe
" En fait, Apple a lancé un windows mobile like, quoi, du style des qtek et acer...
https://pmcdn.priceminister.com/photo/438013862.jpg "

:roule:

avatar Manubzh | 

Oula ! Vous êtes en manque d'inspiration les gars ^^

avatar awk | 

@Manubzh :
C'est au contraire très intéressant de rappeler ce type de temporalité, quand tant de personnes racontent n'importe en oubliant le passer.

Pour penser le futur il faut connaitre l'avenir

Typiquement le type de papier intelligent qui fait la singularité de MacGe

avatar occam | 

@awk :
« Typiquement le type de papier intelligent qui fait la singularité de MacGe »
Plus 1 !

(Si seulement l'app était déjà au niveau d'intelligence des contenus, en permettant p. ex. d'insérer un symbole d'addition ou un thumbs-up sans qu'il disparaisse dans un trou noir.
[Et si jamais les trous noirs se mettent à rendre l'information engloutie, notre galaxie sera submergée de petits "plus" flottant par-ci, par-là, hors de tout contexte intelligible.])

avatar kouriachicoach | 

C'est surtout l'app store qui ma convaincu pour ma part.

avatar reborn | 

@kouriachicoach :
C'est Installer qui m'a convaincu à l'époque, et dire que j'allais prendre du windows mobile car c'était moins cher... Je ne savais même pas ce qu'était un écran tactile capacitif

avatar mp_ | 

"Ce sont les apps qui ont imposé l’iPhone au delà des espérances d’Apple."

N'oublions pas qu'Apple n'avait prévu de proposer que des webapps dont on pouvait placer des raccourcis sur l'écran d'accueil ; Jobs ayant dit, me semble-t-il, qu'il était impossible de proposer aux développeurs de concevoir des applications natives.

Propos démontés en quelques mois par la communauté jailbreak alors naissante. D'où la grosse nouveauté d'iOS 2 : l'App Store ! (avec une des première application musicale qui était un "portage" App Store d'une application dispo sur Installer).

Très bel article, c'est sympa de voir des photos de prototypes, et c'est amusant de faire un point sur ces rumeurs ; et de voir qu'en (presque) 10 ans, le projet Titan nous démontre que les fantasmes à propos des futurs produits d'Apple restent aussi tenaces !

avatar Rez2a | 

@mp_ :
Au niveau des déclarations de Jobs et des webapps, je suis persuadé qu'il avait "bullshité" les développeurs et que le SDK n'était tout simplement pas prêt à l'époque de la sortie du produit.

Tout comme on s'est tapé WatchKit à l'époque de la sortie de la montre, qui a été déprécié au bout de même pas 2 ans. Le vrai SDK n'était pas prêt.

Dans le laps de temps qui sépare la sortie du premier iPhone et l'iPhone 3G avec l'App Store, c'est juste impossible qu'Apple ait eu le temps de miser sur les webapps, puis admettre son erreur, se raviser, et mettre au point tout le SDK les docs le portail iTunes Connect.

Je crois qu'ils avaient la bonne idée dès le début mais qu'ils ont retardé le lancement d'une année, et ont filé cette alternative des webapps aux développeurs comme un moyen de patienter.

avatar awk | 

@Rez2a :
Et sur quoi repose cette croyance qui va à l'encontre de tous les témoignages ?

Les bullshit du passé ressortent toujours quand il y a prescription, là : rien

avatar Rez2a | 

@awk :
C'est juste un sentiment, vu que le cœur de métier d'Apple à l'époque était le Mac et que la valeur ajoutée du système reposait beaucoup dans la qualité de ses applis, j'ai du mal à croire que quelqu'un comme Jobs aie décidé de miser sur des technos web alors qu'il y avait tout le potentiel pour faire des trucs monstrueux en natif.

Et comme je l'ai dit, le délai me paraît très court pour rendre public le SDK, rédiger les docs et mettre au point iTunes Connect. Mais je me trompe peut-être.

avatar awk | 

@Rez2a :
Surtout sue j'avais lu un peu vite ta contribution et l'avais mal interprété;-)

Désolé:-)

avatar marc_os | 

@ awk
« témoignages » ? Mais quels témoignages ?
C'étaient juste des affirmations péremptoires, du style "Apple n'est pas capable de".
Ah moins que tu aies un témoignage inédit de S. Jobs sous la main...
Bref, pour tout développeur raisonnable il était évident que comme pour OS X 10.0 qui était difficilement utilisable par le client lambda, les choses ne se feraient en une fois. Et il était tout aussi évident qu'Apple avait un SDK privé pour créer ses propres Apps sur l'iPhone ! Sinon, comment auraient-ils fait ??
Il leur "suffisait" de rendre le SDK public. Mais ce genre de chose ne se fait pas du jour au lendemain, car il faut "fiabiliser" le SDK, par exemple blinder les traitements d'erreurs car les devs externes ne contourneront pas les éventuels problèmes, mais au contraire les révèleront.
La "communauté du jailbreak" n'a rien changé ou provoqué, elle a juste tenté de forcer les choses, n'ayant pas la patience d'attendre le SDK officiel.
Et les webapps, c'était pour faire patienter.

avatar awk | 

@marc_os :
Si tu prenais le temps de lire ...

avatar béber1 | 

mp_
"N'oublions pas qu'Apple n'avait prévu de proposer que des webapps dont on pouvait placer des raccourcis sur l'écran d'accueil ; Jobs ayant dit, me semble-t-il, qu'il était impossible de proposer aux développeurs de concevoir des applications natives.

Propos démontés en quelques mois par la communauté jailbreak alors naissante. D'où la grosse nouveauté d'iOS 2 : l'App Store ! (avec une des première application musicale qui était un "portage" App Store d'une application dispo sur Installer).

D'accord avec ta 1ere phrase, mais pas avec les suivantes.

C'est OS X la bascule --Majeure-- qui explique les apps et son marché via iTMS,
c'est aussi ce qui explique l'arrivée aussi rapide du SDK,
parce que celui-ci avait été prévu et développé plus tôt.

Je vais me répeter :
"on peut aussi supposer que Forstall ait mis tout son poids dans l'adaptation d'un OS X mobile…"
"Fadell a lui-même avait reconnu qu'il était arrivé trop tard sur le projet Linux et que finalement il avait lucidement appuyé la version OS X en y voyant que des avantages". Si je m'en rappelle bien, il a même mis sa démission dans la balance.

On peut les lister a posteriori :
-OS X (cohérence logicielle)
-le SDK avec le même XCode que pour Mac OS X,
-mêmes langages de développement : obj-c-cocoa, etc.
-utilisable uniquement sur Mac,
-l'abandon des WebApps
-et donc le développement du marché des Apps natives via iTMS,
qui a entrainé à son tour le clash et la guerre contre Flash et les outils de dev. multi-plateformes d'Adobe.

Bref, il n'y avait pas besoin du Jailbreak comme veut le croire une vieille légende urbaine

avatar oomu | 

En 1 an après la mise en vente de l'iphone, itunes store débarqua avec déjà toutes les grandes lignes de la charte développeur, de itunes connect, des documentations, tutoriels, un Xcode viable, etc.

De toute évidence c'était en chantier depuis des années et quand Steve Jobs disait "I have a sweet sweet solution : web apps", il baratinait comme de coutume. Car ce qu'Apple ne présente pas encore, N'existe PAS (encore).

Le fantasme que c'est le "jailbreak" qui a motivé Apple de faire l'itunes store, les apps native etc est effectivement naïf.

Apple procède par étape. Et tant qu'elle a pas officialisé un produit, officiellement il n'existe pas et rien est fait.

avatar Florian Innocente | 

Jobs était opposé aux apps pour différentes raisons, et ce n'est qu'après l'insistance de membres du conseil d'administration (et je crois que son cercle proche) qu'il a littéralement cédé mais à contre coeur de ce que je m'en souviens.

Arthur Levinson en avait fait un récit dans la bio de Jobs.

Extrait d'un précédent article :

« Au départ, Jobs était opposé à l'idée de proposer des applications sur l'iPhone. L'un des membres du conseil d'administration d'Apple - Art Levinson - raconte qu'il a appelé Jobs une douzaine de fois pour le convaincre du potentiel de ces petites applications. «Au premier abord, Jobs a repoussé cette idée, en partie parce qu'il pressentait que son équipe n'avait pas la compétence nécessaire pour évaluer toutes les implications d'une politique de validation des apps de tierces-parties». Ce qui donne un autre éclairage sur la suprise affichée par les dirigeants d'Apple après l'annonce des premiers chiffres de ventes. On peut penser qu'elle était tout à fait sinçère, et ne procédait pas des habituelles techniques de com'. »

https://www.macg.co/aapl/2011/10/steve-jobs-anecdotes-et-extraits-de-sa-biographie-76702

avatar awk | 

@innocente :
Jean-Marie Hullot a aussi apporté des témoignages allant dans ce sens sur les prémisses du dev

avatar béber1 | 

Florian : "Jobs était opposé aux apps pour différentes raisons"

Jobs était l'ami de Larry Ellison, et je me rappelle que dans la série "Les Cinglés de 'informatique" '(à 43':00")
https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=ySM9m9o4pa8#t=2581
il a un propos sur l'avenir des micro-ordinateurs et sur le développement d'Internet
que ce site resume :
http://www.lnco-software.com/index.php/saga/l-informatique-pour-tous#larryellison

"Larry Ellison à un credo. Les micro ordinateurs seront condamnés. Ils seront remplacés par un boîtier bon marché. Une sorte de super téléviseur qui sera connecté à des ordinateurs centraux via Internet. Tout le monde pourra accéder à des bases de données et à des logiciels à la demande. Aussi simplement qu’en ouvrant un robinet. Comme l’eau courante a remplacé les puits, le câble remplacera les micros."

Et il me semble que la vision de Jobs, avec son idée fixe sur les Webapps au départ... était liée à cette vision,
celle de terminaux connecté au "câble"(?), au "réseau", à l'Internet plus certainement…
pour avoir accès aux médias, aux infos et aux logiciels à la demande, autrement dit : des Webapps.
(je ne peux m'empêcher de penser que l'OS basé sur Linux sur lequel Jon Rubinstein et Steve Sakoman travaillaient
https://www.macg.co/2011/10/projet-iphone-os-fadell-donne-sa-version-35005
...a servi de base pour WebOS. Mais passons..)

C'est apparemment Forstall, Fadell(?) et d'autres de l'équipe d'OS X qui ont réussi à persuader Steve d'opter pour les apps natives et d'abandonner les webapps, même s'il y a eu, selon Walter Luh, un moment d'hésitation et de flottement qui a continué après la présentation de l'iPhone :
https://www.macg.co/ios/2010/02/apple-aurait-voulu-flash-sur-iphone-6646

"Selon Walter Luh, Apple souhaitait proposer Flash sur iPhone, dans la mesure où elle vantait sa capacité à naviguer sur le "vrai" web, à l'inverse du protocole WAP pour les mobiles jusqu'alors. L'iPhone était censé offrir, dans votre poche, le web tel qu'il est sur les ordinateurs de bureau. Cette logique impliquait l'intégration de Flash, d'autant qu'initialement les seuls logiciels que l'iPhone était censé faire fonctionner étaient des Web Apps, soit des cibles toutes trouvées pour l'affichage dynamique que Flash permet. Apple aurait discrètement fait diverses démarches afin d'intégrer Flash.
(…)
Pour quelle raison (Apple a-t-elle changé d'avis)?
Luh se sert alors de son expérience chez Apple : la société est focalisée avant tout sur l'expérience de l'utilisateur. Et selon toute vraisemblance, les résultats ne lui ont pas paru assez probants. Flash avait été conçu pour une autre ère, dominée par les ordinateurs de bureau comme par les portables, et non par des appareils limités en puissance, qui présentent d'autres modèles d'interaction. Il se pourrait même que cet échec ait fini de convaincre Apple de réviser sa copie concernant les Web Apps, il aurait donc contribué à l'avénement de l'App Store, un choix qu'Apple ne regrette certainement pas."

Quoiqu'il en soit, on peut aisément présumer que Forstall et ses équipes ont sûrement développé un SDK pour la version mobile d'OS X. Car, développer un OS sans SDK et quelques apps natives...
Et que Fadell, qui avait aussi emmené dans ses cartons de l'iPod...le projet d' un store, y a vu un prolongement commercial évident,
qui pouvait aussi bien contribuer au succès public de l'iPhone (ce qui s'est passé)
qu'il pouvait intéresser tout un tas de developpeurs sur XCode… sur Mac

avatar awk | 

@béber1 :
Cette vision est celle dont John Cage fît un tant le credo de Sun : "The Network is the Computer" et il avait parfaitement vendu cette vision à Ellison tant elle faisait sens pour Oracle;-)

avatar PandaB2A | 

Un super article !
Merci !

avatar smaxintosh | 

Ça fait des années que je n'ai pas vu ces prototypes de premier iPhone ! Ca me renvoie à l'époque ou je sauvegardais ces photos et que je les rangeais dans un dossier "Apple" sur mon Windows XP customisé pour ressembler à OSX :D

avatar Henri_MTL | 

Très bon article merci !

Mon premier smartphone a été l'iPhone 3G qui était vraiment une révolution avec des apps comme Shazam qui m'ont bien fait halluciner à l'époque (en 2008), et puis voilà, comme avec le Mac qui m'a fait découvrir l'informatique, je suis passé à la concurrence :)

Si les dirigeants d'Apple ont assez de talent, ils me feront peut-être acheter une voiture de leur marque dans 10 ans, avant de repasser à la concurrence ! :)

avatar Alim | 

Me rappel l'avoir trouvé trop grand, trop cher et trop moche à l'époque. Il m'intéressait absolument pas.

avatar awk | 

@Alim :
Mais tu n'en tire aucune leçon sur tes capacités de jugement:-) ;-)

avatar Alim | 

Je le trouve toujours trop cher et trop moche. Pareil pour le 6, 6s et 7. Ils m'intéressent absolument pas.

avatar awk | 

@Alim :
Merci de nous informer de cette quintessentielle analyse critique dont la finesses imparables du jugement esthétique n'est pas sans rappeler les plus grands maîtres de cet art difficile.

avatar Alim | 

T'es vraiment un crétin enfaite. Ce n'était pas une analyse mais un avis subjectif purement personnel. Je trouve que les iPhone que j'ai cité ne ressemble à rien. Leur design est beaucoup moins abouti que fut le 4 ou le 5. La superposition des matières et le détail de finition était hautement plus travaillé sur le 4/5. C'est mon point de vue, qui a autant de valeur que le tient ou n'importe qui au passage.
Pondre un message sarcastique no sens dès que tu ne sais plus quoi répondre met juste en lumière tes lacunes en matière capacité d'analyse et d'argumentation :( Remarque, ça ne m'étonne pas

avatar oomu | 

A l'époque, je me rappelle que c'était tout ce que mon coeur de vieux fan de Star Trek voulait et j'avais rien à fiche de la téléphonie, pda, pocket pc, 3G, photo, flash ou quoi que ce soit: il me fallait urgemment Safari et un forfait data.

avatar Stéphane83000 | 

Rien que l'iPhone 3G, iOS, son écran et Safari c'était déjà presque un mini ordinateur en main.

avatar Doctomac | 

Bon article !

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