Quel sera le rôle de l’Arcep dans le processus d’acquisition de SFR ? C’est la question que pose, fort justement, ZDNet. Si l’Autorité de régulation des communications électroniques n’a pas autorité en matière de concurrence, elle en a en matière d’attribution des fréquences. Et pourrait donc ralentir, voire bloquer le processus.
Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep dans sa dernière année de mandat, n’a jamais caché sa préférence pour le maintien de quatre opérateurs et une plus grande mutualisation des réseaux. Alors que le regain de concurrence a finalement eu des conséquences positives sur l’emploi, une concentration ne garantit rien en la matière (lire : SFR à tout prix). À part une pression plus forte de Free pour rattraper ses concurrents, qui n’auraient d’autre choix que de tailler dans leur marge — et donc dans leur masse salariale — pour suivre la cadence.
Ce sera à l’Autorité de la concurrence de se prononcer sur le bien-fondé d’une acquisition de SFR par Bouygues Telecom ou Numericable. Mais si Vivendi choisissait l’offre de la 22e fortune de France, l’Arcep aurait alors son mot à dire sur la cession du réseau de Bouygues à Free Mobile. Or comme le rappelle ZDNet, Silicani a déploré plus d’une fois que Numericable soit le seul acteur du marché sans réseau mobile, et l’Autorité a érigé l’incessibilité des fréquences en principe intangible.
L’Arcep pourrait donc être le grain de sable enrayant la belle mécanique de Bouygues, qui a reçu le soutien officiel du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg — le même Arnaud Montebourg qui réfléchissait à démanteler l’Arcep. D’un coup, les scénarios alambiqués des telenovelas sont devenus particulièrement fades.