Dans une interview au Figaro, le PDG de Hachette Livre Arnaud Nourry revient sur les relations compliquées avec Amazon, désormais acteur incontournable du secteur.
« Amazon est le premier client de Hachette Livre au niveau mondial, c'est donc un partenaire essentiel. Nous avons eu des points de friction. C'était désagréable d'être perquisitionné par les services de Bruxelles et accusé, à tort, d'entente illégale avec Apple par la justice américaine [Hachette a signé un accord avec le Département de la Justice américain, ndr]. Mais tout cela est réglé. »
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Le fait qu'Amazon étende toujours un peu plus son champ d'action n'inquièterait pas Hachette :
« Amazon fait aussi de l'édition, c'est une tentation que les distributeurs ont de temps en temps, mais en général avec peu de succès. Cela ne m'inquiète pas, car nous aimons la concurrence. Amazon publie quelques centaines de livres par an en langue anglaise, quand nous en publions des milliers. »
La bataille des grands auteurs ?
Depuis toujours, de nombreux éditeurs font la cour aux grands auteurs, comme Stephenie Meyer ou encore James Patterson. Amazon fait partie de ceux-là. Le PDG d'Hachette n'y voit rien d'anormal. Pour lui, les auteurs n'ont aucun intérêt à se diriger vers des non professionnels. L'édition ne serait pas qu'une question d'argent, mais aussi un moyen de tisser des relations personnelles entre un auteur et son éditeur. « Nous n'avons pas perdu un seul de nos grands auteurs », assure le dirigeant.
La loi anti-Amazon légitime ?
Début octobre, les députés français ont voté une loi visant distinctement Amazon qui interdit de cumuler l’envoi postal gratuit des livres achetés en ligne avec la remise de 5% sur le prix du livre. Même si le PDG d'Hachette comprend l'acharnement autour des grandes entreprises américaines, il considère qu'Amazon a souffert d'une trop grande stigmatisation et cite la loi Lang, stipulant que les distributeurs doivent être traités dans des conditions égales de concurrence.
Le numérique sur le devant de la scène
Même si la France est réticente à se diriger vers la lecture numérique, les taux de croissance de ce marché sont à deux chiffres. Représentant 7 à 8% cette année, il pourrait progresser autour des 15% l'année prochaine. Pendant ce temps-là, le livre numérique aux États-Unis constitue 40% du marché global. Le retard est bien là, mais il n'est pas insurmontable.
Concernant la rentabilité des livres électroniques, Arnaud Nourry explique :
« C'est compliqué de répondre, car on ne sait pas si un exemplaire numérique a remplacé un exemplaire en grand format, vendu plus cher, ou un en poche, vendu moins cher. En tout cas, dans les pays anglo-saxons où nous sommes, je n'observe pas de dégradation de nos comptes d'exploitation. Le numérique a un effet vertueux. L'édition est la seule industrie culturelle à gagner de l'argent avec le numérique. »