iPad : l'ordinateur "Pour les nuls" ?

Florian Innocente |

L'iPad n'est-il qu'un gros iPod touch ou va-t-il poser les bases d'un nouveau rapport à l'informatique comme l'a fait le Mac en son temps ? Non pas une redéfinition dans son ensemble de l'informatique personnelle mais une voie parallèle à celle que nous empruntons tous au quotidien ?

Laissons de côté les avis passionnés d'utilisateurs qui ont déjà condamné cette tablette qui, il n'est pas inutile de le rappeler, n'a été à ce jour tenue en main que par trois douzaines de journalistes. Non pas que ces commentaires n'apportent rien au débat, mais ils émanent quasi uniquement d'utilisateurs saturés de produits informatiques et de gadgets électroniques.

En prenant un peu de distance vis à vis de ces débats de technophiles jamais rassasiés on peut se demander s'il n'y aurait pas un marché auprès d'une population qui, à l'inverse de la précédente, considère toujours l'ordinateur comme un adversaire. Ou chez ceux qui s'y sont mis à reculons, sur l'amicale pression de la famille. Et ce ne sont pas forcément des personnes âgées, loin des clichés, la maîtrise de l'outil informatique est parfois une épreuve même pour des trentenaires (si ce n'est des plus jeunes encore).

Peu importe le système d'exploitation, cet univers reste l'objet d'une large incompréhension. Le clavier et la souris sont des dos d'âne qu'il faut à chaque fois franchir, les Finder et Explorateurs de fichiers des labyrinthes aux arborescences sans fins, les "disques durs", "RAM", "applications", "logiciels", "fichiers" ou "documents" des concepts définitivement abstraits.

Certains parviennent à se frayer un chemin, montrant parfois même une surprenante aisance, qui pour commander des livres, qui pour vendre sur eBay, qui pour taper une lettre, mais ce sont souvent des victoires isolées, obtenues sur un terrain informatique qui reste largement hostile dès que l'on s'éloigne un peu trop de ces fragiles acquis.

L'iPad, tel qu'il se présente, efface la quasi-totalité de ce qui peut effrayer ces personnes. Une interface jolie, légère et pilotée de la plus simple des manières : le doigt. Apple n'a pas cherché à rendre Mac OS X compatible avec des interactions tactiles, elle a transformé son système pour que celui-ci, et non l'utilisateur, se plie à cet usage.

C'est aussi l'iPad qui suit l'utilisateur et pas l'inverse. Oui on peut emmener les 2 ou 3 kg de son MacBook dans son canapé, on le fait tous, mais l'iPad pèse 700 g. Enfin, il ne suffit que d'un abonnement Internet (voire peut-être même, si les conditions tarifaires des opérateurs s'avéraient par miracle, intéressantes, d'un simple abonnement 3G) pour être opérationnel.

Sur les choix techniques, certaines absences qui font hurler les premiers détracteurs de l'iPad se transforment quasiment en avantages. Autant les accros de l'iPhone peuvent s'agacer (non sans raison) de l'absence d'un multi-tâche - généralisé - dans iPhone OS, autant on peut se demander si ces utilisateurs novices vont jongler entre plusieurs applications. Ne vont-ils pas plutôt porter leur attention sur une seule chose à la fois (pendant que l'iPad jouera tranquillement de la musique en fond…) ?

Pas d'appareil photo, pas de webcam… chacun aura son avis sur ces absences. Le couple Skype + webcam aurait eu du charme c'est vrai. Mais cela ne rend pas l'iPad fondamentalement inexploitable (ni n'empêche des évolutions futures). Des années durant l'iPod est resté sans tuner FM alors qu'il s'agissait d'une fonction courante chez ses concurrents. On pourrait aussi dresser la liste des lacunes des premiers iPhone… La tablette n'aurait pas de Wi-Fi, un écran médiocre là, oui, l'affaire serait sérieuse.

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Ensuite, l'iPad propose l'essentiel pour un usage standard d'Internet : aller sur les sites d'info, sur les sites marchands, sur Flickr, Picasa ou YouTube pour voir les photos et vidéos familiales. L'absence de Flash est là aussi à pondérer. Ce sera un obstacle pour accéder à certains sites ou contenus, c'est indéniable, mais une bénédiction chez d'autres qui ont en horreur la pub. Même des utilisateurs rompus à Internet ne se privent pas pour installer des bloqueurs de contenus Flash…

Le client mail paraît suffisant pour qui n'échangera qu'une poignée de messages par semaine. Le clavier et ses grosses touches semble lui aussi relativement praticable (bien plus que celui de l'iPhone) et, au pire il y a la solution du Keyboard Dock qui transforme l'iPad en une petite station Internet tout sauf encombrante, avec un clavier identique à celui d'un Mac.

Pour la suite iWork, les choses sont moins claires. Apple a produit des démos très convaincantes… avec des documents tout prêts. C'est une chose de bouger du doigt une image dans un document Pages riche en contenus et déjà terminé, on verra ce qu'il en est lorsqu'on part d'une feuille blanche. A défaut on se rabattra sur les modèles fournis. Mais là aussi, si l'on s'en tient à de la petite correspondance (lettre de contestation d'un PV ou réclamation auprès de son centre des impôts) l'iPad devrait être dans les clous (on pressent toutefois qu'il faudra une imprimante sans fil si l'on n'a pas d'ordinateur).

Et ne parlons même pas de l'App Store et de la future librairie d'e-Book, qui seront autant de sources de contenus, et où la notion "d'installation du logiciel" est aussi évacuée. En outre toute une nouvelle génération d'applications pourrait bien naître dans la foulée de l'iPad et des possibilités offertes par son grand écran. L'App Store de l'époque iPhone a été une surprise, avec l'arrivée de l'iPad on n'a peut être encore rien vu. 

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Si l'on envisage l'iPad sous cet angle, comme une porte d'entrée vers Internet et aux usages de base de l'informatique, et non pas uniquement comme un joujou supplémentaire pour qui en a déjà plein la maison et les poches remplies, Apple a peut-être une carte à jouer. Sondez autour de vous les personnes répondant à ce profil, les réponses pourraient être intéressantes (et le cadeau de Noël 2010 tout trouvé).

D'autant que l'iPhone et l'iPod touch - comme autant de mini tablettes qu'ils sont - ont largement labouré et semé le champ du multi-touch et de l'internet mobile. Apple lance un tout nouveau produit dont l'essentiel du fonctionnement est déjà compris sinon acquis par des dizaines de millions d'utilisateurs qui seront autant de porte-voix. Le pari de l'iPad n'est pas gagné d'office - Apple a beau ne pas sauter sur chaque nouvelle mode - comme les netbook - elle peut s'être trompée - mais l'objet part avec du vent dans le dos.

Cependant, il y un "mais", et il s'appelle iTunes. On peut utiliser l'iPad sans cette application (on voit parfois des gens sans ordinateur s'équiper d'un iPhone), mais c'est se priver de sauvegardes, de mises à jour système, d'un moyen aisé de transférer une collection existante de musique ou de photos. Qui dit iTunes dit ordinateur, et là on se mord la queue.

C'est ce dernier obstacle qui n'a pas (encore ?) été levé. A défaut d'avoir une indépendance pleine et entière de l'iPad vis-à-vis de l'ordinateur, au moins que son autonomie soit plus prononcée. Sauf à ce qu'Apple - qui a tout de même intérêt à vendre du Mac - ne permette au minimum ces sauvegardes et mises à jour système via Internet, on aura toujours ce fil à la patte. Plus que l'absence de port USB, de webcam, de port HDMI et autres acronymes, c'est peut-être ce point qui le plus regrettable.

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iPad : la concurrence surprise par le prix

Christophe Laporte |

Le fait que l'iPad soit vendu à partir de 499 $ est un coup dur pour la concurrence. À en croire DigiTimes, celle-ci était persuadée que la firme de Cupertino allait sortir un appareil plus proche des 1000 $.

Des fabricants comme Asus et MSI pensaient investir tranquillement ce marché en proposant des produits concurrents 20 à 30 % moins cher que l’iPad. Mais à 499 $, la donne est différente. Cela les contraint donc à revoir leurs stratégies. Visiblement, ils ont peur se lancer dans une guerre des prix et de se retrouver sur un nouveau créneau difficile à rentabiliser.

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SFR : 700 000 iPhones vendus en 2009

Christophe Laporte |

SFR ne doit sans doute pas regretter d'avoir commercialisé l'iPhone. En 2009, la filiale de Vivendi a écoulé 700 000 exemplaires du téléphone d'Apple. Une performance d'autant plus remarquable qu'elle a commencé à le vendre seulement au mois d'avril.

À titre de comparaison, l'année dernière, il se serait vendu en France entre 1,8 et 2 millions d'iPhone.

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Du zoom sur l'iPad

Arnaud de la Grandière |

L'iPad est le premier appareil capable de faire tourner des applications de l'App Store et dont la résolution est supérieure à 480x320. Si l'iPad est pleinement compatible avec l'iPhone, avec son processeur ARM d'un côté et une version d'iPhone OS dont seule la façade diffère, cette nouvelle résolution pose un cas de conscience : comment gérer l'affichage des applications?

Apple propose deux modes de visualisation : taille standard et zoom x2. La taille standard était un passage obligatoire, pour une raison purement anatomique : un certain nombre d'applications utilisent le multitouch de telle façon qu'elles deviendraient inutilisables une fois agrandies, les doigts ne pouvant tout simplement pas s'écarter indéfiniment. Cependant, l'affichage "taille réelle" de l'iPad ne se fera pas exactement à la même taille que sur l'iPhone, puisque le smartphone d'Apple a une résolution supérieure à l'ardoise magique : l'iPhone affiche 480x320 pixels à 163 points par pouce, alors que les 1024x768 pixels de l'iPad s'affichent à 132 pixels par pouces. Un pixel sur l'iPad est donc légèrement plus grand qu'un pixel sur l'iPhone.

Pour ce qui est de l'affichage zoomé, Apple n'a pas fait dans la dentelle. Dans le simulateur iPad intégré dans le SDK, les applications iPhone, une fois zoomées, s'affichent avec de bien gros pixels… Cependant le simulateur ne semble pas encore finalisé, et l'iPad pourrait tout à fait présenter un comportement différent. Apple dispose de différents moyens pour utiliser un affichage indépendant de la résolution.

En informatique, l'indépendance de la résolution rime avec éléments graphiques vectoriels : au lieu de définir une image pixel par pixel, on la définit par une "recette" que l'ordinateur utilise pour dessiner l'image en temps réel. Ainsi, quelle que soit la résolution, l'image s'affiche toujours de manière aussi détaillée que possible. C'est par exemple sur ce procédé que repose Flash, ou encore Illustrator. Si les images bitmap semblent des cas désespérés (on verra plus loin qu'il existe cependant quelques remèdes), celles-ci sont loin d'être les seuls éléments graphiques affichés sur un ordinateur. Ainsi, le texte est un élément éminemment vectoriel. En introduisant une couche d'abstraction pour le rendu des applications, iPhone OS pourrait ainsi afficher le texte à la résolution native de l'iPad, même si l'application classique ne prenait pas ce cas de figure en ligne de compte.

C'est également le système qui dessine, à la demande des applications, tous les "widgets", à savoir les éléments d'interface (boutons, sliders, menus, cases à cocher, etc). L'iPad pourrait tout à fait substituer des widgets "haute définition" à ceux de base lorsque les applications sont zoomées.

Enfin, dans le domaine des jeux les modèles 3D sont des éléments vectoriels par excellence : le viewport OpenGL peut tout à fait être affiché à n'importe quelle définition sans que la chose ne pose de problème particulier. S'il est un domaine où ces questions ont été amplement explorées, c'est bien celui de l'émulation. Les vieux jeux peuvent ainsi trouver une nouvelle jeunesse grâce à l'amélioration de la définition de la console virtuelle, pour les moins puristes des gamers. Ainsi, les émulateurs de Nintendo 64 peuvent afficher les jeux 3D à la résolution de votre ordinateur, bien supérieure à celle de la console d'époque (de 256x224 jusqu'à 640x480 au mieux sur la N64).
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C'est également grâce à l'accélération matérielle des cartes 3D qu'on peut agrandir les images bitmaps en minimisant l'effet de pixellisation, grâce au filtrage bilinéaire qui permet de lisser les textures lorsqu'elles s'affichent à une taille supérieure à leur résolution native. Il est d'ailleurs surprenant qu'Apple n'ait pas même intégré cette solution au simulateur d'iPad.

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Mais les émulateurs ne se sont pas arrêtés en si bon chemin, et ont exploré d'autres moyens d'améliorer le rendu des images bitmaps à une résolution supérieure. Différents algorithmes, comme par exemple le 2xSal, permettent de combler les pixels manquants en temps réel, par le bais d'une interpolation adaptative qui est plus particulièrement efficace sur les graphismes typiques des jeux vidéos, avec des aplats de couleurs tranchés. Ces algorithmes permettent un rendu qui évite l'effet de flou apporté par l'interpolation bilinéaire ou bicubique, et permettent de rajouter des détails graphiques là où il n'y avait rien, en donnant d'excellents résultats (voir ci-dessous). Pour la petite histoire, un de ces algorithmes est né en 1992, lorsque LucasArts a porté son moteur de jeux d'aventures depuis le PC vers le Macintosh, qui avait à l'époque une résolution supérieure de deux fois, afin d'améliorer les graphismes sans avoir à les refaire intégralement.

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L'avènement de la vidéo HD a d'ailleurs ravivé l'intérêt pour ce type d'algorithmes, et certains téléviseurs HD haut de gamme intègrent un système d'upscaling en temps réel qui améliore la définition de la vidéo, permettant d'afficher des images, à l'origine en définition standard, en haute définition. En revanche ces systèmes, pour les images de type vidéo, sont autrement plus gourmands en puissance de calcul.

Comme on le voit, Apple dispose de différents moyens pour apporter un rendu satisfaisant aux applications zoomées sur iPad. Cependant, lors de la présentation de l'appareil, elle n'a pipé mot sur la manière dont le zoom serait effectué. Tout au plus, Apple a-t-elle précisé que "la plupart" des applications seraient compatibles, ce qui implique, outre le fait que d'autres ne le seront pas, qu'il y a quelque différence dans l'exécution des logiciels qui expliquerait cet état de fait.

N'oublions pas également que ces différents procédés ne sont pas universels, et sont plus ou moins efficaces en fonction de la nature des images traitées, ce qui peut entraîner un autre inconvénient : avoir à paramétrer leur activation ou non, selon qu'ils seront un plus… ou une gêne. Ca n'est clairement pas l'approche qu'Apple souhaite avoir pour son ardoise magique, qui se veut l'ordinateur "for the rest of them", accessible à tous les laissés pour compte de l'informatique. Nous aurons le fin mot de l'affaire d'ici quelques semaines.

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Apple a fait tourner la photocopieuse pour l'iPad ?

Christophe Laporte |

Accusation sérieuse ou simple coup de pub ? Le constructeur chinois Shemzhen Great Long Brother Industrial Co accuse Apple d'avoir copié son P88 avec l'iPad. Ironie du sort, nous vous avions présenté en octobre dernier l'objet en question comme un maxi iPod touch (lire : Une tablette qui ressemble à un maxi iPod touch).

« Je ne comprends pas. Pourquoi ont-ils fait le même produit que nous ? », déclare le directeur de l'entreprise. Si d'aspect extérieur, il y a une certaine ressemblance tout comme il y a une certaine ressemblance entre la plupart des smartphones tactiles, ces deux modèles sont très différents sur le plan technique.

Le P88 tourne sous Windows et intègre un processeur Atom à 1,6 GHz, 1 Go de RAM, 160 Go de disque dur, et pèse son kilo (soit 300 grammes de plus que l'iPad). Au niveau de l'autonomie, il y a également une sacrée différence : 1 heure et demie pour le P88 contre 10 heures pour l'iPad.

via LeMonde.fr

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L'iPhone : des résultats un peu décevants aux États-Unis

Christophe Laporte |

Aux États-Unis, la situation de l'iPhone pourrait sans doute être un peu meilleure. AT&T a activé durant les trois derniers mois de l'année 3,1 millions d'iPhone, soit 100 000 de moins que lors de la période précédente. À titre de comparaison, au niveau mondial, les ventes de terminaux Apple ont progressé séquentiellement de 19 %.

L'analyste Gene Munster n'avait donc pas tort quand il déclarait en fin de semaine dernière que les téléphones Android avaient dû avoir un léger impact sur les ventes d'iPhone durant les fêtes de fin d’année. Mais sans doute le plus gros boulet d'Apple outre-Atlantique, c'est d'être disponible que chez un seul opérateur.

via SAI

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