S’il est un domaine dans lequel la bataille est rude, c’est bien celui des batteries de véhicules électriques. Entre annonces, contre-annonces, retards, fausses routes, faux espoirs, c’est l’activité industrielle la plus rapide à évoluer depuis quelques années.
Bien entendu, les « petites phrases » et autres coups bas ne manquent pas, qu’ils soient justifiés ou non, souvent entre concurrents, mais parfois entre collaborateurs. Et ça tombe bien vu que Robin Zeng, fondateur de CATL (plus gros fabricant de batteries pour VE au monde, pendant qu'Apple frayait avec un concurrent local), est les deux à la fois pour Tesla.
Le patron chinois a ainsi organisé récemment une grosse rencontre entre lui et Elon Musk, fantasque patron de Tesla, et son avis sur ce dernier est relativement tranché et plutôt détonnant, comme le rapporte The Verge : selon lui et après leur rencontre, Musk n’y connaît pas grand chose en batteries, et risque d’aller droit dans le mur avec ses cellules 4680 (qui équipent le Cybertruck et de plus en plus de produits de Tesla) :
« We had a very big debate, and I showed him. He was silent. He doesn’t know how to make a battery. » (Nous avons eu une grosse discussion, où je lui ai exposé mes arguments. Il est resté silencieux. Il ne sait pas comment fabriquer une batterie.)
Et la façon dont tournent les choses pourrait bien lui donner raison : alors que la marque américaine a bien du mal à maîtriser les coûts et les volumes de production de sa batterie maison, le chinois de son côté produit en très grande quantité des cellules utilisées par de nombreuses marques, y compris Tesla. Elon Musk aurait d’ailleurs donné un ultimatum aux ingénieurs responsables des 4680, leur donnant jusqu’à la fin de l’année pour trouver les solutions nécessaires à la réussite de cette batterie.
Cependant, Robin Zeng ne dresse pas un tableau complètement noir du patron sud-africain, trouvant qu’il était plutôt bon dans les puces, le software, et « tout ce qui touche à la mécanique ». Reste que comme beaucoup, il se demande pourquoi Musk a la fâcheuse manie d’annoncer des délais intenables :
« Si quelque chose prend cinq ans à être finalisé, il annonce deux ans. Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu qu’il voulait pousser ses ingénieurs à leurs limites. »
Steve Jobs, en son temps, avait utilisé cette méthode pour essorer ses ingénieurs durant la conception du Macintosh. Avec pour conséquence de se faire jeter de l’entreprise par le directoire...