Le One M9 réussira-t-il à faire enfin décoller HTC ? Le constructeur de Taïwan, reconnu pour la qualité de ses smartphones, a lancé son navire amiral de l’année durant le MWC, quelques heures avant que Samsung ne lâche ses Galaxy S6 et S6 Edge. Et là où on peut saluer le fabricant coréen pour avoir su profondément renouveler son offre (en s’inspirant, une fois n’est pas coutume, de l’iPhone), HTC a clairement joué la carte de la continuité. C’est la teneur des tests qui sont sortis cette nuit sur les principaux sites américains.

Le One M9 peut assez basiquement être comparé à son prédécesseur, le One M8, dont il reprend toutes les bonnes idées de design en y ajoutant quelques modifications. PhoneArena note ainsi, comme dans la plupart des autres tests, que HTC a accentué le choix des matériaux premium qui composent l’appareil. Les finitions sont saluées par tous les testeurs, HTC ayant ajouté un contour doré sur le modèle argent. D’autres coloris sont disponibles. La finition est « plus brillante que le modèle à surface matte de l’an dernier », explique Dan Seifert de The Verge, qui félicite HTC pour avoir répondu ainsi aux critiques qui trouvaient que le One M8 avait tendance à glisser des doigts.

« Honnêtement, [l’appareil] est toujours aussi incroyablement joli à regarder et le revêtement anti-griffures donne moins l’impression d’être aussi glissant », abonde PhoneArena. D’autres petits changements ont été opérés, comme la présence du bouton d’allumage désormais positionné sur la tranche, au dessus des boutons de volume — source de confusion, d’après Seifert qui aurait préféré une configuration à la iPhone 6. Les hauts parleurs BoomSound, « signature » de HTC, sont évidemment présents en façade et ils sonnent un peu moins forts que sur le M8, note Phil Nickinson d’Android Central. À pleine puissance, le nouveau One serait en effet moins bruyant que son prédécesseur, ce qui n’est pas l’opinion de Dan Seifert qui estime au contraire que les hauts parleurs sonnent un peu plus fort qu’avant !

L’écran de 5 pouces (1080p) est sensiblement identique au M8, si ce n’est une teinte qui vire au vert, selon Nickinson. La dalle du One M9 a été traitée contre la polarisation : il est donc possible de consulter le smartphone avec des lunettes de soleil polarisées. Si la résolution est moins élevée que sur les écrans QHD de la concurrence (le Galaxy S6 en est équipé, par exemple), cela ne change pas grand chose à l’expérience utilisateur, rapporte Chris Velazco d’Engadget. Les angles de vision sont toujours aussi bons tandis que HTC a revu la colorimétrie de la dalle LCD : les blancs sont « plus neutres » au détriment de noirs « un peu moins percutants ».

Techniquement parlant, le One M9 offre la fine fleur de ce que la technologie Android a à offrir actuellement : un processeur Snapdragon 810 à huit cœurs et 3 Go de RAM. La puce de Qualcomm a une certaine tendance à chauffer, ce qui est le cas aussi du M9, mais moins que la tablette Nexus 9 du même HTC qui fonctionne avec un Tegra K1. Phil Nickinson a pu sentir son modèle de test chauffer, mais rien d’inconfortable ni de dangereux. « Le M9 peut chauffer, comme tout autre téléphone. Et le métal conduit mieux la chaleur que le plastique », explique-t-il.

En termes de performances, Dan Seifert annonce que le One M9 est un des smartphones Android les plus rapides du marché. « Je n’ai pratiquement jamais eu à attendre qu’une application se lance ou que l’écran d’accueil soit disponible ». En même temps, avec 3 Go de RAM sous le capot, le contraire aurait été un peu décevant. Quant à la surcouche Sense, elle se montre elle aussi réactive et « elle ne ralentit pas l’expérience Android ». HTC a développé deux petites nouveautés : une nouvelle manière de totalement personnaliser l’interface de Sense, et un widget qui propose des applications selon l’utilisation et la localisation de l’utilisateur. La première est qualifiée d’amusante, la seconde d’oubliable.

La grande déception du One M9 réside dans l’appareil photo. HTC n’a jamais su s’y prendre en la matière, et malheureusement ce n’est pas avec cette nouvelle génération que le constructeur arrive à se démarquer de la concurrence — voire de se hisser au même niveau tout simplement. Le M9 a basculé le capteur photo UltraPixel en façade et en plaçant un capteur photo de 20 mégapixels à l’arrière. Mais HTC doit se contenter des miettes laissées par Apple et Samsung, qui ont la priorité sur la production de capteurs. Et évidemment, ils s’arrogent les meilleurs composants…

Les résultats ne sont guère fameux. Avec 12 mégapixels de moins, l’iPhone 6 fait largement mieux, regrette Dan Seifert images à l’appui (au passage, c’est une preuve supplémentaire que les mégapixels ne font pas tout). Même constatation chez tous les testeurs : l’appareil photo du M9 pêche par sa mauvaise qualité dans des conditions de basse luminosité — heureusement, le capteur offre des clichés satisfaisants quand les conditions lumineuses sont bonnes, mais c’est aujourd’hui un minimum.

Le One M9 n’est qu’une amélioration du One M8, qui lui-même n’était guère qu’un One M7 un peu meilleur. Autant dire que HTC prend du retard vis à vis d’une concurrence qui bouge plus vite et plus fort, en témoigne le Galaxy S6 qui sera l’adversaire le plus redoutable du M9. Le nouveau One n’a pas grand chose à lui opposer, si ce n’est les mêmes arguments depuis trois générations. Les testeurs s’accordent à dire que l’appareil photo est la fonction qui laisse le plus à désirer dans ce smartphone qui ne démérite pourtant pas : son design et ses performances le positionnent toujours aux avant-postes d’un marché… qui ne va pas attendre que HTC améliore la qualité de ses optiques ou sorte de sa zone de confort.