Jan Koum a annoncé son départ de WhatsApp, la société qu'il avait cofondée en 2009 avec Brian Acton et que Facebook avait acheté en 2014 pour 19 milliards de dollars. Sur Facebook, Koum déclare en substance qu'il va profiter de son temps libre pour vaquer à quelques-unes de ses passions. Pas un mot sur ses motivations.

L'annonce de ce départ, si elle était prévue, a peut-être été précipitée par un article du Washington Post qui évoque des désaccords de plus en plus larges entre Koum et Facebook sur la gestion des données personnelles des utilisateurs de la messagerie et trouver le moyen de dégager des bénéfices.

Brian Acton qui est déjà parti de WhatsApp avait appelé à quitter Facebook et à effacer son compte personnel au moment où a éclaté l'affaire Cambridge Analytica. Acton est co-fondateur et président exécutif de la Fondation Signal dont le système de chiffrement est utilisé par WhatsApp et Messenger.

Koum aurait toutefois mûri sa décision avant ce scandale qui a ébranlé Facebook et obligé Zuckerberg à s'expliquer devant le sénat américain. Ce sont plusieurs épisodes qui l'auraient finalement conduit à prendre le large.

Facebook a été condamné l'an dernier par Bruxelles (et plus modestement par la CNIL) à verser 110 millions d'euros pour avoir fourni des « renseignements inexacts ou dénaturés » sur le partage de données d'utilisateurs entre WhatsApp et Facebook.

Le chiffrement des données de bout en bout mis en place par WhatsApp en 2016 tracasserait également Facebook qui cherche à développer des fonctions pour les entreprises intéressées par utiliser WhatsApp, puisque le service reste gratuit après avoir abandonné il y a deux ans son tarif symbolique de 0,99 $, et alors qu'il n'est toujours pas financé par la pub. Apparemment les responsables de WhatsApp redoutent que ces efforts visant à tirer de l'argent de WhatsApp n'impliquent d'affaiblir le chiffrement qu'ils utilisent.

D'après le quotidien américain, Koum aurait été lassé et fatigué par ces affrontements et ces différences de points de vue entre WhatsApp et Facebook. Son départ pourrait être suivi par d'autres à la fin de l'année, sitôt que ces employés auront la possibilité de se délester de leurs stock-options reçues lors de l'acquisition.

Mark Zuckerberg, dont Jan Koum ne fait aucune mention dans son mot de départ — ne remerciant que ceux qui l'ont entouré chez WhatsApp ainsi que les utilisateurs — lui a répondu. Il le remercie pour tout ce qu'il « [lui] a appris, notamment sur le chiffrement et sa capacité à reprendre le pouvoir aux systèmes centralisés pour le remettre entre les mains des gens. Ces valeurs seront toujours au cœur de WhatsApp », promet-il.