Apps de traçage : l'UE établit ses règles, le Royaume-Uni plus si sûr de l'API d'Apple et de Google

Mickaël Bazoge |

Les applications de traçage des contacts et d'alerte seront un des outils pour rompre la chaîne de transmission du coronavirus une fois levées les mesures de confinement. Ces apps soulevant autant d'interrogations que de fantasmes, la Commission européenne et les États membres ont élaboré une boîte à outils commune ainsi que des orientations pour la protection des données.

L'approche commune est un guide pratique pour les développeurs des apps de traçage au niveau de l'UE. Un certain nombre d'exigences ont été élaborées. Les applications doivent ainsi :

  • être pleinement conformes aux règles de l'UE en matière de protection des données et de la vie privée ;
  • être mises en œuvre en étroite coordination avec les autorités de santé publique et approuvées par celles-ci ;
  • être installées sur une base volontaire, et devront être démantelées dès qu'elles ne seront plus nécessaires ;
  • viser à exploiter les solutions technologiques les plus récentes de protection de la vie privée : elles fonctionneront « probablement » en Bluetooth (la Commission n'écarte manifestement pas d'autres technologies) sans permettre la localisation des personnes ;
  • s'appuyer sur des données anonymisées : en aucun cas ces apps ne pourront révéler l'identité de la personne infectée ;
  • être interopérables dans toute l'UE afin que les citoyens soient protégés même lorsqu'ils franchissent les frontières ;
  • être ancrées dans des orientations épidémiologiques acceptées et correspondre aux meilleures pratiques en matière de cybersécurité et d'accessibilité.

Les applications de traçage et d'alerte devront aussi être « sûres et efficaces ». À l'avenir, cette boîte à outils pourra accueillir d'autres fonctions sur l'information et le suivi des symptômes, par exemple. Ces recommandations seront très certainement suivies par les autorités françaises qui développent dans l'urgence l'application officielle StopCovid.

En ce qui concerne l'initiative commune d'Apple et de Google, qui vont proposer une API facilitant l'interopérabilité entre les plateformes iOS et Android, son adoption reste encore sujette à caution. La prudence est toujours de mise en France, tandis qu'au Royaume-Uni où très tôt le service de santé du pays (NHS) a fait part de son intérêt, on s'interroge désormais sur la pertinence de cette solution externe.

Si l'application de traçage anglaise utilise l'API d'Apple et de Google, le NHS ne sera pas en mesure d'obtenir certaines informations utiles, sur les mouvements de population par exemple, ou encore sur les personnes qui ont activé le système de suivi sans avoir vérifié récemment leurs smartphones. Il ne sera pas non plus possible de collecter de liste de tous les téléphones avec lesquels un utilisateur a été en contact.

Google a précisé que ces restrictions ont été mises en place pour éviter les abus de surveillance. L'API, puis plus tard l'intégration bas niveau dans les systèmes d'exploitation, pourrait toutefois se montrer indispensable chez les utilisateurs d'iPhone. Sans elle, les applications de traçage doivent être toujours présentes à l'avant-plan, ce qui implique d'avoir l'iPhone allumé en permanence sans qu'on puisse s'en servir (lire : Traçage des contacts : qu'est-ce que c'est et que préparent Apple et Google ?). Les apps exploitant le Bluetooth en permanence ne peuvent fonctionner en arrière-plan, en vertu des règles édictées par Apple pour préserver la batterie et la confidentialité.

avatar Silverscreen | 

L’API signale des matchs de clés anomymisées directement à la personne qui a croisé quelqu’un qui aura été déclaré ensuite atteint par le virus. Pratiquement, l’appli se contentera de dire « vous avez croisé un porteur déclaré du virus (éventuellement à une date X), faites vous tester »
Ce que veulent les états in fine, c’est un outil de tracking (géolocalisation+transmission de la liste des personnes croisées aux autorités sanitaires) donc j’aime autant que ce soit Apple qui aie la main sur la solution sur iOS...

Certes 25% des personnes n’ont pas de smartphone mais c’est en général aussi celles qui savent devoir s’exposer le moins possible et qui sont, de toutes façons, confinées jusqu’à nouvel ordre (même après le 11/05). Sans compter la population de personnes déjà sous surveillance dans des structures médicalisées (EHPAD) ou à domicile (traitement administré par une infirmière à même de faire des tests - prise de température et/ou via un kit).

Les smartphones sont surtout détenus par la population la plus à risque au niveau comportemental (grosse socialisation liée à l’emploi, mobilité géographique, sentiment d’impunité lié à l’âge)...

Dans tous les cas, sans tests massifs, l’API c’est un emplâtre sur une jambe de bois...

avatar SyMich | 

Vous avez croisé un porteur du virus, faites vous tester

C'est bien le principe sauf que... en France, faute d'une capacité de tests suffisante, on ne peut pas se faire tester tant qu'on ne présente pas de symptômes ☹️

Donc l'app ne sert à rien

avatar WhiteRose | 

@SyMich

En prenant toutes les pincettes nécessaire, je crois me souvenir que le ministre de la santé a annoncé que lors du de confinement toutes personnes présentant des symptômes pourra se faire dépister. Ce qui semble aller de pair avec la mise en place de l’app.
Bien à vous.

avatar SyMich | 

Exactement... "toutes les personnes présentant des symptômes"

Donc si vous avez simplement reçu une notification de l'app StopCovid vous signalant que vous avez côtoyé une personne qui a depuis été diagnostiquée comme malade, vous ne pourrez rien faire de cette notification. Tant que vous n'aurez pas de symptôme, vous ne pourrez pas vous faire tester.

avatar WhiteRose | 

@SyMich

Effectivement c’est assez complexe à gérer. J’attend plus d’explication/solution dans les jours à venir pour pouvoir me faire une idée avant de soutenir ou vilipendé l’app. Après, il faut aussi prendre en compte que soit le gouvernement fait rien et se fait critiquer, soit il sort l’app et se fait critiquer, dans les deux cas il subira des critiques de l’opposition et d’une partie des français. Mais au moins dans le premier cas il pourra dire qu’il a utilisé toutes les possibilités.

avatar SyMich | 

On a fait des simulations avec la RATP et Orange (dont l'app est disponible en bêta sur Android)...
A Paris avec uniquement le trafic sur la ligne A du RER (1 million de voyageurs par jour),
- si on a 10% de volontaires pour utiliser l'app de traçage
- si on met en quarantaine toutes les personnes ayant été en contact prolongé avec quelqu'un déclarant le CoVid et que 50% des personnes recevant l'alerte respecte la mise en quarantaine (hypothèse probablement optimiste)
- si on considère que 15% des personnes ayant été en contact seront à leur tour infectées (hypothèse basse que nous donne le ministère de la Santé) et vont contaminer à leur tour (avant d'être en quarantaine)
en 3 jours après déconfinement total, on a 6 millions de personnes en région parisienne à mettre en quarantaine... ce qui revient à reconfiner tout le monde 😳
On pourrait éviter de mettre en quarantaine tout le monde en testant les personnes ayant été en contact avec un malade... sauf que là c'est 6 millions de tests à pratiquer au bout de 3 jours, ce qui est impossible (et on ne parle que de la Région parisienne!)
Bref, la conclusion qui s'impose, c'est qu'une app de traçage ne sert à rien ☹️

avatar kinon | 

@SyMich
"si on considère que 15% des personnes ayant été en contact seront à leur tour infectées (hypothèse basse que nous donne le ministère de la Santé) et vont contaminer à leur tour (avant d'être en quarantaine)
en 3 jours après déconfinement total, on a 6 millions de personnes en région parisienne à mettre en quarantaine... ce qui revient à reconfiner tout le monde 😳"

Non car il est inutile de tester tous les gens qui ont eu un contaminant à proximité. Ils ne seront pas tous contaminés. Donc il suffit de les avertir et de se faire tester au premier signe suspect de symptome.
De toutes manières même contaminés ils ne seront détectés par le test qu'après quelques jours.

Le problème est que nous n'aurons ni remède efficace et encore moins vaccins avant des mois au moins. Donc toute solution même efficace à 10% est à prendre.

Nous n'avons pas assez de tests à ce jour, peut être en disposerons nous de plus dans les 3 mois à venir mais ce ne sera pas suffisant pour être une solution absolue car même avec 70 millions de tests ile st rigoureusement impossible de tester tout le monde en moins de deux ans, donc inutile de voir les tests comme l'arme absolue non plus c'est un moyen de limiter fortement la rapidité de développement de l'épidémie, pas plus.

avatar SyMich | 

"... Donc il suffit de les avertir et de se faire tester au premier signe suspect de symptome."

Non, il suffit de se faire tester au premier signe suspect (les symptômes sont aujourd'hui bien connus). Donc inutile de développer et déployer la moindre application de tracking. L'info qu'on a été en contact avec une personne contaminée ne sert strictement à rien. Informé ou pas, on ne fait rien tant qu'on ne présente pas de symptôme, de toutes façons.

avatar kinon | 

@SyMich

Plus le temps passe plus la possibilité de disposer de tests est grande.

avatar Antwan | 

C’est con pour le Royaume Uni mais ils vont être obligé de faire ce que l’UE décide pour cette crise, même s’ils “s’interrogent sur la pertinence”.

avatar WhiteRose | 

@jcp25

Alors le Royaume Uni n’est pas sorti de l’Europe et ne le sera jamais. Car l’Europe ils en font parties, tant géographiquement que culturellement, linguistiquement et ethniquement.
Après si on parle de l’Union Européenne, il ne sont pas encore sortit non plus ^^
Ils seront officiellement hors UE au 31 décembre 2020, et ce si aucun report n’est actée d’ici la.

avatar kinon | 

Beaucoup de commentaires défaitistes sans avoir les informations nécessaires.
Personne ne sait ce que sera l'application au final.
Personne sait de quelle quantité de test on disposera dans les 3 mois à venir
Personne ne sait combien de personnes adopteront cette application ( et je pense personnellement que pouvoir être averti que l'on a côtoyé une personne potentiellement contaminante sera beaucoup plus motivante pour installer l'appli que la crainte maladive de flicage)

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