Benjamin Clymer est un fan absolu de montres. Son site, Hodinkee, est une référence en la matière depuis 2008, avec des tests approfondis sur les tocantes les plus prestigieuses comme les plus communes. L'homme a en tout cas beaucoup de goût pour les belles choses, c'est pourquoi il a été invité par Apple à assister au special event. Il donne son point de vue de grand amateur sur l'Apple Watch et prévient : les industries horlogères suisse et japonaise peuvent apprendre d'Apple, dont le sens du détail, du design et de la finition est remarquable pour un produit dans cette catégorie de prix (à partir de 349$).
Aucune montre actuelle ne se rapproche de l'Apple Watch en matière de fluidité, d'attention portée aux détails, ou tout simplement de la qualité de fabrication. La Watch « donne l'impression d'être chère ». Le design de la montre évoque à Clymer le travail de Marc Newson — le designer australien travaille désormais auprès de Jony Ive, mais il n'est pas impossible que les deux larrons aient planché ensemble sur le design de l'appareil et ses bracelets. Les deux tailles d'écran (38 et 42 mm) sont jugées aussi confortables l'une que l'autre, et chacune accommodera le poignet d'un homme, d'une femme ou d'un enfant. Clymer apprécie également le respect montré par Apple à l'histoire de l'horlogerie, qui s'incarne par la présence de deux cadrans « cosmiques », qui évoquent « l'origine et l'importance des premières machines de chronométrages », ainsi que les premières complications.
L'auteur salue aussi le travail d'Apple de proposer un maximum d'options afin de satisfaire les goûts de chacun, même si tout le monde ne trouvera pas forcément son bonheur. L'effort est louable, en tout cas, et souligne la volonté d'Apple de faire de la Watch un appareil aussi personnel que possible. « Aucune montre venant de Suisse ne propose autant de choix de finitions ». C'est aussi le cas avec les bracelets, qui ont véritablement enthousiasmé Benjamin Clymer. Apple a vu juste avec ce catalogue de 6 bracelets en tout genre, déclinés en plusieurs coloris. Là encore, le soin apporté aux détails (pour les boucles, par exemple), et l'hommage d'Apple à l'histoire de l'horlogerie (le bracelet en maille milanaise, pourtant suranné d'après l'auteur, mais qui est tellement confortable). « Encore une fois, Apple a accordé une attention incroyable aux détails dans le design et à la portabilité de la Watch. Dans de nombreux cas, la proposition du constructeur fait passer les fabricants suisses ou japonais pour des amateurs », assène t-il.
Tout n'est cependant pas complètement parfait. Devant l'Apple Watch, on ne ressent pas l'émotion que l'on peut avoir devant une belle montre mécanique : « Mes montres vont durer des générations, cette Apple Watch va tenir cinq ans, avec de la chance. Sur un plan émotionnel, vous ne pouvez pas les comparer, et c'est pourquoi je pense qu'il n'y aura pas beaucoup d'amoureux des montres (qui en temps normal sont les premiers à dépenser de l'argent pour des produits Apple) qui craqueront pour cet appareil ».
Autre point intéressant soulevé par le rédacteur : l'Apple Watch est encombrante. La manche de la chemise doit se déformer pour passer par dessus. « Je pense qu'un bon design ne doit pas perturber la vie quotidienne, et une montre qui ne tient pas sous la manche de ma chemise a raté quelque chose ». Le produit d'Apple est plus volumineux qu'il l'aurait voulu; « je pense qu'il devrait être plus fin », nonobstant les problèmes techniques.
L'obligation de rester connecté en permanence à un iPhone peut aussi poser problème, en particulier pour les coureurs qui ne veulent pas s'encombrer d'un smartphone (il est vrai que dans ce cas, pourquoi avoir en plus une montre ?). À cette interrogation sur l'autonomie de la Watch, personne chez Apple n'a pu apporter de réponse pour le moment. Mais Clymer s'attend à ce qu'une solution soit trouvée rapidement.
Pour conclure, l'auteur estime que pour une première, Apple fait déjà preuve d'une grande maturité que pourraient lui envier bien d'autres fabricants de montres. L'Apple Watch devrait être d'une concurrence redoutable pour des marques comme Suunto, Casio, voire Seiko. La plus grande menace vient du facteur cool véhiculé par la marque Apple, quelque chose d'inconnu chez les constructeurs suisses. « À 16 ans, est-ce que quelqu'un choisira une montre ou une Apple Watch ? À 20 ans, voudront-ils une Hamilton ou l'Apple Watch 3 ? À 25 ans, achèteront-ils une Omega ou une Apple Watch Plus ? » Voilà un vrai casse-tête pour l'industrie horlogère suisse. L'Apple Watch lui montre en tout cas qu'il est possible de proposer un produit design et soigné à un prix convenable.