La création tumultueuse du premier iPhone

Florian Innocente |

À l'approche du 10e anniversaire de l'iPhone à la fin juin, The Verge publie les bonnes feuilles d'un ouvrage qui retrace la naissance du téléphone. The One Device: The Secret History of the iPhone, de Brian Merchant (journaliste chez Motherboard), est en précommande sur Amazon avec une sortie prévue le 20 juin.

L'auteur a recueilli des souvenirs et anecdotes de première main de participants au projet iPhone. Certains détails sont maintenant bien connus mais d'autres moins voire pas du tout, comme l'opposition très marquée de Phil Schiller à l'idée d'un clavier virtuel . Extraits :

L'auteur revient d'abord sur le recrutement effectué en interne pour constituer l'équipe matérielle et logicielle qui travaillerait en secret sur le téléphone « Ça s'est fait lentement au début. Un jour, il y avait une chaise vide là où un très bon ingénieur s'asseyait habituellement. Un membre clé de l'équipe était parti. Personne ne pouvait dire exactement où il s'en était allé ».

Deux hauts responsables du logiciel, Henri Lamiraux et Richard Williamson, écumaient ainsi différents bureaux du siège d'Apple à la recherche des meilleurs éléments dans les meilleures équipes.

Ceux qui acceptèrent, sans savoir pour quel produit ils signaient, devaient garder le secret le plus absolu et s'apprêter à ne plus compter leurs journées ni week-end. « L'iPhone a été la cause de mon divorce » raconte l'un d'eux, Andy Grignon qui plancha sur les premiers prototypes et sur la partie modem et communications. « Ouais, l'iPhone a ruiné plus d'un mariage » déclare un autre.

Le coup d'envoi précis du projet iPhone est difficile à déterminer mais Tony Fadell raconte à l'auteur que l'iPod en a été l'élément déclencheur, au vu de son poids dans les comptes de la société « La genèse de l'iPhone a été la domination de l'iPod. C'était 50 % du chiffre d'affaires d'Apple. » Après des débuts pépères les deux premières années de ventes, Fadell finit par arracher à Steve Jobs le feu vert pour rendre le baladeur compatible avec Windows.

Ce fut l'explosion des ventes mais il fallait déjà préparer le coup d'après, trouver le produit qui permettrait à Apple de rester sur cette lancée :

Annoncé en 2001, devenu un succès en 2003, l'iPod a été considéré comme vulnérable dès 2004. Le téléphone mobile a été perçu comme une menace car il pouvait lire des MP3. "Donc, si vous ne pouviez emmener avec vous qu'un seul appareil, vous prendriez lequel ? demande Fadell. "Et c'est pourquoi le Motorola Rokr est arrivé."

Effrayée par le coût que représenterait l'acquisition de Motorola, Apple a préféré sceller un accord autour du Rokr, un téléphone dont le design existait déjà mais amélioré pour lire une poignée de morceaux récupérés d'iTunes, chose qu'aucun autre mobile ne pouvait proposer.

Jobs n'était pas du tout chaud à l'idée de se lancer dans la conception d'un smartphone, d'abord parce que cela impliquait de se livrer pieds et poings liés aux opérateurs qu'il décrivait, selon un qualificatif resté célèbre, comme des "orifices".

Rokr

En privé, rapporte un interlocuteur de Brian Merchant, Jobs estimait aussi que les smartphones n'allaient intéresser qu'une fraction d'individus, ceux de cette catégorie qui portent leur mobile à la ceinture. Le partenariat avec Motorola permettrait de repousser la menace que faisaient peser les mobiles sur l'iPod, poursuit Fadell :

L'idée derrière le Rokr était : comment pouvons-nous leur donner un peu de cette expérience, de telle manière qu'ils soient quand même obligés d'acheter un iPod ? Donnez-leur un avant-goût d'iTunes et vous en ferez essentiellement un iPod shuffle, ils auront alors envie de passer à un iPod. C'était la stratégie initiale : ne pas cannibaliser l'iPod parce qu'il marchait très bien.

Au sein d'Apple tout le monde savait que le Rokr serait un piètre produit et qu'il ne pouvait sortir rien de bon de chez Motorola : « Ils sont lents, ils sont incapables de remettre les acquis en question, ils vont limiter le nombre de morceaux (on pouvait en mettre 100 seulement, ndlr). Tout était de nature à faire en sorte que l'expérience serait à coup sûr vraiment merdique ».

Pour Richard Williamson, il y avait toutefois un avantage à ce que Jobs travaille avec son homologue Ed Zander de Motorola « Steve apprenait des choses pendant ces réunions ».

La décision qu'Apple fabrique son téléphone n'avait pas encore été prise, Jobs restait à convaincre. Cependant Fadell avait commencé à plancher discrètement sur la question, avec l'idée de fusionner l'iPod avec des fonctions de communication, notamment le Wi-Fi. En somme ce qui deviendrait plus tard l'iPod touch. La première fois que Jobs vit une démo d'un prototype d'iPod connecté au web (avec toujours la roue comme dispositif de navigation, aucun écran tactile n'était au point à ce moment là), sa réaction fut sans équivoque :

C'est une connerie. Je ne veux pas ça. Je sais que ça fonctionne, je l'ai bien compris, merci, mais c'est une expérience de merde.

Plusieurs hauts responsables d'Apple bataillèrent des mois durant pour faire comprendre à Jobs la nécessité de se lancer dans la création d'un smartphone, alors que les mobiles ressemblaient de plus en plus à des baladeurs MP3.

Le 7 novembre 2004, Mike Bell (un vétéran d'Apple et ancien de Motorola) a envoyé tard dans la nuit à Jobs un courrier électronique. "Steve, je sais que vous ne voulez pas faire de téléphone", a-t-il écrit, "mais voilà pourquoi nous devrions le faire : Jony Ive a des designs vraiment géniaux pour les futurs iPod que personne n'a vus. Nous devrions en prendre un, mettre un logiciel d'Apple dedans et faire un téléphone nous-mêmes au lieu de mettre nos affaires sur les téléphones des autres.

Jobs l'a appelé tout de suite. Ils ont discuté pendant des heures, chacun essayant de convaincre l'autre. Bell a détaillé sa théorie de la convergence — sans doute en mentionnant le fait que le marché des téléphones portables explosait partout dans le monde — et Jobs l'a mise en pièce. Avant de finalement céder.

D'accord, je pense qu'on devrait le faire.

Steve et moi, Jony et Steve Sakoman (un ancien de l'équipe Newton) avons déjeuné trois ou quatre jours plus tard et nous avons lancé le projet iPhone.

Brian Merchant parle ensuite de la naissance de l'interface, pilotée par Greg Christie alors patron de l'interface utilisateur (lire Greg Christie, un départ moins mélodramatique qu'annoncé). Tout était à inventer, ne serait-ce que la manière de présenter les icônes à l'écran, en grille comme cela semble naturel aujourd'hui ou sous la forme d'une liste ?

L'effet de rebond pour montrer qu'un défilement arrivait en butée fut l'un des actes fondateurs de l'iPhone. C'est en le voyant, associé avec un geste tactile, que Jobs fut renforcé dans sa conviction de faire ce téléphone. C'était la promesse de créer une expérience utilisateur inédite.

Les icônes des apps de calendrier, de calculatrice, de carnet d'adresses furent inspirées par les widgets d'OS X dans Dashboard « Une des premières idées pour le téléphone était d'avoir ces widgets dans votre poche », explique Imran Chaudhri qui avait supervisé la conception de Dashboard pour OS X Tiger.

Dashboard

Steve Jobs voulait toutefois que ces développements soient structurés autour d'une « histoire » qui montre ce qu'allait être ce produit, son utilité. Il fallait dégager une cohérence d'ensemble. Il donna deux semaines à ses équipes pour créer quelque chose qui réponde à cette nécessité.

Nous avons montré à Steve les contours de cette histoire. On lui a montré l'écran d'accueil, comment un appel était reçu, comment aller à votre carnet d'adresses, à quoi allait ressembler Safari, et c'était juste un petit aperçu. Ça n'était pas de grandes citations intelligentes mais ça donnait l'histoire.

Et Steve Jobs adorait une bonne histoire.

La présentation du Rokr fut un autre moment où Steve Jobs fut convaincu qu'Apple devrait prendre son destin en main et ne pas dépendre d'un autre pour son téléphone. Le Rokr connut quelques bugs pendant le keynote et Fadell se souvient de son patron sortant de scène :

Lorsqu'il est descendu, il était comme "Ugh, vraiment contrarié". Le Rokr a été un tel désastre qu'il a fini sur la couverture de Wired avec le titre "You Call This the Phone of the Future ?" Rapidement il s'est retrouvé avec un taux de retour six fois plus élevé que la moyenne de l'industrie. L'énormité de cet échec a pris Jobs par surprise — et sa colère a aidé à le motiver pour écraser la pédale de l'accélérateur dans la direction d'un téléphone Apple.

"Ça ne va pas marcher. Je suis écœuré et fatigué de traiter avec ces idiots du mobile" a déclaré Jobs à Fadell après la démonstration.

Les deux projets Purple 1 et Purple 2 ont été lancés, le premier sur la base d'un iPod, une option que Jobs jugeait plus prudente. Le second sur OS X ainsi qu'un écran multitouch. Une technologie alors en plein développement puisqu'il fallait arriver à la réduire de la taille d'une grande table à celle d'un téléphone. Cette seconde option était plus risquée et aléatoire mais elle l'emporta au final (lire aussi Photos et vidéo de l'interface qui n'a pas été choisie pour l'iPhone). Tony Fadell supervisait P1, Scott Forstall était sur P2 et l'équipe de l'interface utilisateur contribuait aux deux.

L'interface physique de l'iPod au service (laborieux) d'un téléphone

200 prototypes d'un iPod mini équipé d'un microphone et d'une puce radio furent fabriqués par les gens de P1. On pouvait passer des appels en numérotant avec la roue mais c'était fastidieux. Comme un retour aux anciens téléphones à cadrans rotatifs. Chaque saisie d'un caractère ou d'un chiffre obligeait à tourner la roue (exactement comme la saisie d'un nom de film avec l'ancienne Apple TV, ndlr). Même l'idée d'ajouter une fonction de saisie prédictive pour deviner les mots à venir dans la phrase n'arrangeait guère les choses.

Jobs s'amouracha finalement de l'idée d'une interface complètement tactile alors que les ingénieurs d'Apple progressaient sur la question. Le livre révèle qu'il y a eu au moins une personne farouchement contre les deux interfaces en compétition : Phil Schiller. Le grand patron du marketing ne jurait que par les téléphones à claviers physiques, sur le modèle éprouvé des BlackBerry. Fadell se souvient des réactions de son ancien collègue :

Il était simplement assis là avec son épée, faisant à chaque fois : "Non, nous devons avoir un clavier physique. Non. Clavier physique. Et il ne voulait pas revenir à la raison alors qu'on était tous sur le mode "Non, Phil, ça marche maintenant" Et il disait "Il faut avoir un clavier physique !"

Schiller n'avait pas la même sensibilité technologique que beaucoup d'autres techniciens. "Phil n'est pas un homme de la technique", déclare Brett Bilbrey, ancien chef du Groupe des technologies avancées d'Apple. "Il y avait des jours où il fallait lui expliquer les choses comme à un écolier." Jobs l'aimait bien, pense Bilbrey, parce qu'il "appréhendait la technologie comme l'Américain moyen le fait, comme l'ont fait grand-mère et grand-père".

Un désaccord de fond que Schiller exprima à nouveau lors d'une réunion où tout le monde avait décidé d'aller vers l'option d'un clavier virtuel sur un écran tactile, raconte à nouveau Fadell :

"Nous prenons la mauvaise décision !" hurla Schiller.

Steve l'a regardé et a fait "J'en ai marre et je suis fatigué de ce genre de choses. Est-ce qu'on peut régler ça une fois pour toutes ? Et il l'a éjecté de la réunion". Plus tard Steve et lui ont conclu ça dans le couloir. Il lui a été dit quelque chose comme "Soit tu es dans le projet, soit tu dégages. Et il a finalement cédé".

Cela a eu pour effet de tout clarifier : le téléphone serait basé sur un écran tactile. "Nous savons tous que c'est ce qu'il faut faire", a déclaré Jobs lors d'une réunion, en montrant l'écran tactile. "Alors, faisons en sorte que ça fonctionne."

Deux philosophies s'affrontaient entre les équipes P1 et P2, écrit Brian Merchant, la première est focalisée sur l'idée d'un téléphone alors que pour l'autre, ce téléphone était d'abord un prétexte pour concevoir une toute nouvelle forme d'ordinateur de poche.

"Il y avait vraiment débat : ce n'est qu'un iPod avec un téléphone. Et nous disions non, c'est OS X avec un téléphone", déclare Henri Lamiraux. "C'est ce qui a créé de nombreux conflits avec l'équipe iPod, parce qu'ils pensaient qu'ils étaient l'équipe qui connaissait tout du logiciel sur les petits appareils. Et de notre côté on disait "Non, ok, c'est juste un ordinateur".

"À ce stade, on ne se souciait pas du téléphone", dit Williamson. "Sa nature de téléphone n'était pas importante. Après tout c'est un modem à la base. C'était plutôt "À quoi ressemblera le système d'exploitation, quel sera le nouveau paradigme d'interactions ?"

Dans ce commentaire, vous pouvez lire les racines de ce conflit philosophique : les ingénieurs en logiciel ont vu P2 non pas comme l'opportunité de construire un téléphone, mais comme une occasion d'utiliser un périphérique en forme de téléphone comme cheval de Troie pour un ordinateur beaucoup plus complexe.

[MàJ] Phil Schiller, dans une réponse sur Twitter, a contesté la version des faits donnée par Tony Fadell à propos de ses efforts pour avoir un clavier non virtuel sur l'iPhone. Il écrit « Ce n'est pas vrai, ne croyez pas tout ce que vous lisez… ». Dans son livre, Brian Merchant rappelle la personnalité haute en couleurs de Fadell et qu'un ancien haut responsable d'Apple l'avait enjoint de ne « pas croire un seul mot » de ce que lui disait ce dernier (lire aussi Clavier de l'iPhone : Fadell prend la défense de Schiller).

avatar Spinnozza | 

"En privé, rapporte un interlocuteur de Brian Merchant, Jobs estimait aussi que les smartphones n'allaient intéresser qu'une fraction d'individus"
Je me souviens que quand Dieu créa la femme beaucoup de ses conseillers pensaient la même chose.

avatar Shralldam | 

Comme quoi on présente toujours Jobs comme l'homme qui avait du flair... Mais qui avait aussi beaucoup de chance d'être entouré de personnes tenaces et déterminées.

avatar Florian Innocente | 
Et ça a été la même chose pour l'App Store, un gros travail de lobbying pour qu'il accepte les apps.
avatar occam | 

@Florian Innocente

"un gros travail de lobbying pour qu'il accepte les apps"

L'idée de verrouiller son pré carré était bien ancrée chez Jobs, depuis très longtemps.
• Le désastre Apple ///, conçu comme système clos et qui aurait dépéri faute de développeurs même si on n'avait pas mis "de la merde dans un bas de soie" côté motherboard.
• Les "virtual slots" du premier Macintosh, pour bien fermer une machine qu'il a fallu ouvrir par la suite.
Etc., ad finem.

avatar 33man | 

Jobs avait comme plein de monde des qualités et défauts, il est vrai que c'est un peu frustrant de tout lui attribuer le succès d'Apple et iPhone, il y a certes beaucoup contribué mais je me doute bien que ce n'est pas lui qui a créé les éléments électroniques pour l'écran tactile.

avatar wilfried50 | 

La couverture du Wired c'est la pub ITunes !!!

avatar roccoyop | 

@wilfried50

Pub iTunes détournée.

avatar Spinnozza | 

@Sharlldram :C'est le propre d'un bon manager de savoir s'entourer des bonnes personnes.

@33man : Bernard Arnaud coud lui même les vêtements Louis Vuitton ? ?

avatar stemou75 | 

@Spinnozza
Ça s'écrit Arnault. Il n'est pas PDG de Louis Vuitton (c'est Michael Burke) et encore moins créatif mais actionnaire, très grosse nuance. Jobs décidait de tout dans les choix de projets et il se présentait comme le créateur de l'iPhone.

avatar marc_os | 

@stemou75 :
Ah oui, l'actionnaire. Le parasite qui vole légalement le fruit du travail des salariés en prétextant prendre des risques alors qu'il ne fait rien, strictement rien a part communiquer avec son banquier. Or les risques ce sont les salariés qui les supportent et qui sont licenciés en cas de problème, jamais l'actionnaire ! De plus, quand on gagne ainsi de l'argent sans rien faire, on paye moins d'impôts qu'en travaillant.
Ah ces pauvres actionnaires...

avatar Kensei68 | 

Faut pas tout mélanger quand même.

Le principe de l'actionnariat, c'est que c'est lui qui mets des "billes dans une boite"... C'est celui qui finance le projet. Sans actionnaire(s) au départ, il n'y a tout simplement pas de société, donc pas d'employés non plus.
Bien souvent, dans une boite, ce sont les actionnaires qui bossent le plus.

N'oublie pas qu'en France, 90% des sociétés sont des TPE de moins de 20 salariés.

Evidemment, ceci étant dit, la politique de M. Arnault, qui engrange quelque chose comme 400M€ par an de dividendes et qui délocalise à tour de bras, peut certes paraitre amorale...

avatar Splinter | 

Schiller a conteste cette version des faits.

avatar occam | 

@Splinter

"Well, he would, wouldn't he?"

https://en.wikipedia.org/wiki/MRDA_(slang)

avatar zzBoibes | 

Le fait que Jobs soit très difficile à convaincre a très certainement contribué au fait d'avoir une telle success story avec un produit vraiment novateur. C'est ce qu'apportent les grands patrons : ils poussent le cran plus loin obligeant les autres à se surpasser.

avatar roccoyop | 

Il doit manquer la première partie du développement car à la base ils devaient d'abord sortir l'iPad avant de se focaliser sur le téléphone, non ?

avatar mirando | 

@roccoyop

Effectivement. L'iPad semble t il était créé (finalisé) avant l'iPhone. Mais ne satisfaisait pas jobs en terme de batterie.

avatar Bruno de Malaisie | 

@roccoyop

Correct. Peut être que le proto iPad était pour le R&D du touch screen.
Belle aventure technologique en tout cas!!!!

avatar Le Gognol | 

@roccoyop

Oui il y a quelque chose de pas cohérent dans cet histoire à occulter ainsi le développement de l'iPod et du multitouch...

avatar Henri_MTL | 

@roccoyop: Tu as raison, l'iPad était prévu avant, donc cette histoire de clavier physique semble pas mal bidon.

avatar Lecorbubu | 

Quid de Jean-Marie Hulot, qui est présenté par Olivier Frigara comme le père de l'iPhone ? Homme qui, invité dans une des émission de ORLM, racontait comment il avait échangé avec Jobs puis planché sur cette question.

Je suis étonné de ne pas voir le nom de ce personnage qui semble pourtant avoir eu un rôle important dans la genèse de l'iPhone. Hulot pipoterait-il ? Ou les faits relayés dans ce livre sont-ils biaisés ?

avatar Anthony Nelzin-Santos | 
@Lecorbubu : disons que Jean-Marie Hullot exagère un tout petit peu son rôle. Il fait partie de cette fantastique bande d'ingénieurs qui ont travaillé à la fois sur le « système classique », NeXTSTEP, et Mac OS X, et aussi de cette « filière française » qui a grandement participé au développement de l'informatique. Et c'est incontestablement le « père » d'Interface Builder. De ce point de vue, son influence sur la conception d'applications est indéniable.

Il n'a pas « soufflé » l'idée de l'iPhone à Jobs, comme il le prétend parfois. Il en a sans doute parlé à Jobs, mais c'est une idée que Jobs avait de longue date, et il y a eu plusieurs projets avortés de bouts de téléphone chez Apple depuis… le début des années 80 ! Bref, sur ce plan, son rôle est beaucoup moins clair. Disons qu'il faisait partie de ce groupe de personnes qui ont remarqué que les technologies (et les conditions) évoluaient de telle manière qu'il était enfin possible pour Apple de réaliser un téléphone, et qu'il a milité pour et participé à ce mouvement.

Ce qui est beaucoup plus assuré, c'est qu'il a pris le large lors de l'acquisition de NeXT par Apple, et n'est revenu dans le giron de la société qu'en 2001. Entretemps, il avait notamment travaillé sur un système pour… PDA. Il a été un des pivots de l'équipe R&D parisienne, et a mené l'effort de développement d'iSync et d'iCal en même temps que l'équipe bossait sur un projet de téléphone. À l'époque, ils sont plus proches du projet P1 (base iPod/Linux) que du projet P2 (base tactile/Mac OS X), mais ces travaux ont servi à l'iPhone tel qu'on le connait aujourd'hui. C'est déjà pas mal pour un seul homme, et je serais étonné qu'il ne soit pas cité dans ce bouquin à ce titre.
avatar Lecorbubu | 

Merci pour ces précisions exhaustives !

avatar whocancatchme | 

@roccoyop non je crois qu'ils y ont pensé en développant l'iPhone, mais qu'ils allaient le sortir après.... Leur 1ère intention était bien le téléphone

avatar powergeek | 

J'attends de voir le film tiré de ce livre...

avatar stemou75 | 

Scott Forstall était à la tête du projet qui fut choisi. Puis il a mené l'équipe iOS qui a beaucoup progressé aux débuts et gardait son avance sur la concurrence. A mon avis une grave erreur de Cook de l'avoir viré pour plaire à Ive. iOS évolue beaucoup moins vite depuis. Trop de projets sur les épaules de Greg Federighi qui fait la moitié de la présentation à la WWDC.

avatar reborn | 

@stemou75

C'est exactement l'inverse. ios 6 était très décevant niveau nouveautés

ios 4 apportait enfin le multitache, ios 5 le centre de notification et ios 6 rien..

ios 7 et surtout 8, marque de debut de plus de liberté pour les développeurs

Scott était trop enfermé dans les dogmes "Jobsien"

avatar Rez2a | 

@reborn

Attention avec iOS 6 quand même, même si il est vrai que c'est peut-être la release qui contenait le moins de nouveautés pour les utilisateurs (à part l'obligation de télécharger Google Maps que tout le monde a bien senti...), c'est quand même la version qui a posé les bases de la conception d'interfaces telle qu'on la connaît aujourd'hui avec Auto Layout, ça a dû représenter un boulot titanesque.

avatar reborn | 

@stemou75

"A mon avis une grave erreur de Cook de l'avoir viré pour plaire à Ive"

Il a surtout trahit la confiance que Cook avait en lui (Apple maps). Luc Julia ne le supportait pas comme d'autres au sein d'Apple car il faisait son chef à la Jobs et intervenait dans des projets qui n'était pas les siens

avatar ckermo80Dqy | 

Qui a osé traduire "I'm sick an tired..." par "Je suis malade et fatigué..." ?
Ça mérite une punition ?
En gros on traduirait par "J'en ai plus que marre..." ou "Je n'en peux plus de..."

avatar Splinter | 

@ckermo80Dqy

Exactement !

avatar Florian Innocente | 

@ckermo80Dqy "Ça mérite une punition"

Un peu d'indulgence j'ai fait l'article à 23h, fatigué aussi pour le coup.

Je change en tout cas, ta suggestion est bien et hier je n'arrivais pas à trouver quelque chose qui colle bien.

avatar Ios_What a joke | 

I'm sick of = J'en ai marre de

avatar Mike Mac | 

J'ai toujours mon iPhone 1.0 !!!

avatar Rez2a | 

J'adore ce genre d'histoires, mais c'est dur de démêler le vrai du faux. Si ils racontent des cracks sur la position de Schiller à l'époque, comment croire le reste ?

Quoiqu'il en soit ça reste intéressant, si c'est vrai ça prouve que Jobs n'était pas le visionnaire infaillible que certains imaginent encore.

En revanche, on ne peut lui enlever la qualité qu'il a su très bien s'entourer et pousser les équipes jusqu'à leurs limites.
C'est rassurant de voir que la boite ne tenait pas que sur un seul mec même si on pouvait déjà largement s'en douter.

(Cela étant dit, j'ai quand même du mal à faire confiance à un livre dont le titre indique "IPHONE" en caps lock et tout... bordel ça ne pourrait même pas être validé sur l'App Store ?)

avatar NAVY7GAS | 

Article collector mercî, j'espère pouvoir être inspiré tôt ou tard.
Quitte ou double, mais des gens qui en veulent.

Quant à Phil : schoolboy grandpa ! XMdptdrr!!
-or you stay with us, or you're fired.
- o k:../

avatar IGerard | 

Ha Jean Marie Hullot... lui aussi faut sans doute ne pas croire tout ce qu’il dit...

avatar NAVY7GAS | 

Les jean-marie sont des suspects campagnards, mi homme mi femme

avatar XiliX | 

@Florian..

Heuuu nooon quoi... elles sont où les pages 4, 5... ?
C'est déjà fini ? :-(

avatar Pobla Picossa | 

Steve Jobs a eu du talent, de l'opiniâtreté, des idées bien arrêtées et de la chance. Comme tout chef d'entreprise qui ne réussit pas par hasard.
Mais quand même, parfois, ses idées étaient un peu bizarres.
Par exemple, il voulait appeler le Mac "Bicycle"...
On aurait aujourd'hui des discussions du jour "t'as vu mon vélo Retina 27 pouces ?"

Il a transmis à Apple (et à Cook et à Ive) sa conception de la création basé sur des dogmes, parfois sans queue ni tête. Espérons que ça ne finisse pas par mettre la pomme dans un entonnoir d'où elle ne pourrait plus sortir...

avatar reborn | 

@Pobla Picossa

Il a aussi précisé qu'il ne fallait pas intérioriser ses décisions.

avatar Nesus | 

Jobs est le mec qui savait faire les bons choix. Tout le monde lui présentait tout et n'importe quoi et il faisait les choix qui étaient pertinents. C'est ce qu'il y a de plus dur. C'est ce qui a emmené Apple là où elle est.
Cook a mis beaucoup de temps à comprendre ça. Il le savait, mais n'arrivait pas à la comprendre et donc à le faire. Ça semble s'être décanté et il faut lui reconnaître qu'il a beaucoup évolué dans le bon sens. Il lui reste encore à se sortir du côté financier et il deviendra aussi bon que Jobs.

avatar reborn | 

@Nesus

Ce n'est pas son rôle à Cook d'être Jobs. Son rôle actuel n'est pas si different de celui qu'il avait de lorsqu'il était aux opérations

avatar Rez2a | 

@reborn

Je suis d'accord avec ça.

Pour les gens qui cherchent un nouveau Jobs, vous gagnerez sûrement du temps en allant directement voir Elon Musk.

Pour moi, Cook est là pour organiser la boite de la meilleure façon possible, mettre les bonnes personnes aux postes clés et gérer le planning de la roadmap d'Apple tout en essayant de contenter les actionnaires et les clients, sans parler d'assurer la pérennité de la boite en la développant là où il faut.

Et mine de rien c'est déjà pas un boulot facile. Mais je ne pense pas que Cook soit celui qui dise "bon les gars, on va faire tel produit avec telle techno".

Je me fais pas de souci pour autant, la culture d'entreprise d'Apple est très forte et j'ai aucun doute sur le fait qu'il y a beaucoup de personnes encore très inspirées par Jobs et qui adoptent les mêmes méthodes pour explorer les bonnes pistes.

CONNEXION UTILISATEUR