Amazon achète les studios MGM !

Mickaël Bazoge |

Amazon devient un nouveau géant d'Hollywood. Le géant du commerce en ligne, qui fait aussi accessoirement plateforme de streaming, vient de signer un gros chèque de 8,45 milliards de dollars pour s'offrir les studios MGM ! La rumeur avait parcouru l'échine de l'industrie du cinéma depuis quelques jours, c'est désormais officiel. Il s'agit de la deuxième plus grosse acquisition de l'histoire pour Amazon, après le réseau d'épiceries Whole Foods (13,7 milliards en 2017).

Cet énorme deal va sérieusement muscler Amazon Studios, la division en charge de la production de films et de séries pour Prime Video. C'est aussi tout un catalogue qui va rejoindre le service de streaming : Stargate, The Handmaid's Tale, Fargo, des émissions de télé réalité à la pelle (MGM possède le réseau Epix), et bien sûr des films en pagaille comme Rocky, Robocop, ou encore James Bond. Les droits sur l'agent le moins secret de la planète étant complexes, on ne sait pas trop comment va s'articuler la diffusion de la saga (c'est aussi le cas pour d'autres programmes).

En tout, Amazon met la main sur plus de 4 000 films, dont la prochaine production de Paul Thomas Anderson (Magnolia, There Will Be Blood…), ainsi que 17 000 épisodes de séries TV. Et surtout sur des franchises à faire fructifier : pourquoi pas une nouvelle série Stargate que les fans réclament à cor et à cri depuis des années ?

Il reste cependant à franchir l'obstacle des régulateurs : une acquisition de cette ampleur va certainement relancer leur appétit d'enquêtes sur les pratiques de ces grandes entreprises. Avant qu'Amazon entre dans la danse, il s'était murmuré qu'Apple aussi avait été approchée.

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avatar Matlouf | 

J'y crois assez moyennement, les sorties en salles c'est quand même pas mal de cash flow (hors pandémie, bien sûr). Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui la production de films puisse se contenter uniquement des plateformes ou uniquement de la sortie en salles.

Contre-exemple : les séries qui mobilisent des budgets comparables à des longs métrages.

avatar YetOneOtherGit | 

@Kensei68

"Moi ca commence à sérieusement me foutre la trouille cette frénésie de rachats à tout va par les GAFAM...
Faut-il voir dans cette dernière acquisition d'Amazon un clou de plus planté dans le couvercle du cercueil du cinéma (j'entends les salles avec les grands écrans).
Combien de temps faudra-il à Amazon pour décider que la diffusion du dernier James Bond par exemple, peut finalement se passer du grand écran et arriver directement sur Amazon Prime ? C'est bon pour les abonnements...
J'espère sincèrement que le public n'accrochera pas. Les films à grand spectacle méritent une sortie en salle... (et pas seulement ceux-là d'ailleurs)."

Situation bien plus compliquée que tu ne le penses :
- Les majors indépendantes et peu diversifiées souffre depuis longtemps et l’aventure de MGM est un roman depuis longtemps.
- L’industrie cinématographique est dans une situation économique difficile depuis longtemps et la crise du COVID n’aide pas
- Les entreprise ayant les moyen et l’intérêt de racheter ces majors à un prix descend sont peu nombreuses
- La guerre de la SVOD fait des ravages et fera des morts
- Les blockbusters tel qu’on les connaît ne peuvent être amortis sans exploitation en salle
- La transition vers une industrie se basant presque exclusivement sur des blockbusters aux budgets vertigineux a été une stratégie pour conserver une attractivité pour le public en salle mais est très dangereuse, une accumulation d’échecs peut anéantir un studio

Bref l’avenir du cinéma est une nouvelle fois pas évident, mais cette industrie a souvent été capable de se réinventer.

Les studio ne dépendant pas de grand groupe des médias sont aujourd’hui rare et même ceux appartenant à de vastes réseaux souffrent de la fragilité de ses grands réseaux de médias.

Nous avons connu cette dernière décennies de nombreuses opérations de consolidation ou de ventes par appartement et ce n’est que le début.

La structure du secteur à un horizon de 5 ans risque d’être fortement bouleversé.

La SVOD va se consolider sur quelques survivants se partageant 80% du marché, la concurrence va cesser …

avatar laraigneegypsymontealagouttiere | 

Apple débourse des sommes folles pour racheter des boites comme Beats mais n’a pas su dégainer assez vite et assez d’argent pour se payer MGM

Ils lancent un service vidéo vraiment pauvre et espèrent rattraper le retard sur Netflix, Disney et consorts en combien de temps ?

8,5 milliards c’était une broutille pour Apple
C’est vraiment mal joué de leur part

avatar YetOneOtherGit | 

@laraigneegypsymontealagouttiere

"C’est vraiment mal joué de leur part"

Tu devrais postuler pour apporter ta vision stratégique éclairée.

avatar pagaupa | 

J’adore tous ces commentaires... Apple aurait racheté MGM, cela aurait été extraordinaire...😂😂😂

avatar duke_fsc | 

Et voici la fragmentation des œuvres culturelles cinématographiques version 2.0.
Des exemples existent déjà de licences cédées et désormais possédées par des plateformes de streaming qui les retirent de leur catalogue pour une raison X ou Y. Par exemple, il y a eu quelques œuvres dernièrement dont le financement a été compliqué à cause de la crise Covid et dont les auteurs ont été obligés de céder les droits en échange d’un financement. Ces œuvres n’existant nulle part physiquement, n’ont d’autre destin que de disparaître si, à terme, elles ne rentrent pas dans les critères de rentabilité de la plateforme acquérante ou pour toute autre raison imaginable (exemple : Tales from the loop, sur Amazon Videos). De plus, une sortie physique permet à n’importe qui d’acheter l’œuvre d’une manière ou d’une autre. Là, sans support physique, si nous ne sommes pas abonnés à la bonne plateforme, c’est peine perdue pour accéder à la dite œuvre.
Cela semble gêner peu de monde. En gros, moins on a les moyens financiers, moins le futur nous permettra d’accéder à l’ensemble des œuvres qui existent. Voilà la très grosse différence inquiétante entre dématérialisé et supports physiques. Bien entendu, on ne peut acheter toutes les œuvres qui existent mais notre choix peut être très sélectif sans qu’il soit limité à l’abonnement d’une plateforme plutôt qu’une autre.
Imaginons que je sois un très grand fan de 2001, Oyssée de l’espace (bon OK, je le suis vraiment) et que cette œuvre ne soit jamais sortie en support physique et que ce soit la seule œuvre qui m’intéresse dans le catalogue d’une plateforme, serait-il sage de louer un abonnement à cette plateforme pour regarder cette œuvre à loisir ? Alors le jour où les supports physiques disparaîtront, nous n’aurons plus que l’achat sur une plateforme comme iTunes Store et équivalent… mais si un jour la plateforme n’existe plus, ou toute autre raison qui ferait que les certificats des DRM expirent ou soient révoqués, que se passera-t-il ? D’ailleurs, le blu-ray, malgré être un support physique pose un peu le même problème. Si les clefs expirent, et que les lecteurs Blu-ray neufs n’existent plus et que les clefs ne sont pas renouvelées, que se passe-t-il ?
Je suis abonné à Netflix, Apple TV et Amazon, mais je me demande si je ne vais pas simplement arrêter mes abonnements pour être en adéquation avec mes inquiétudes. C’est pareil pour les livres et la musique. On se plaignait des majors, mais les GAFAM et assimilées sont à mon avis bien plus dangereuses à cause du pouvoir qu’elles sont en train d’acquérir sur la diffusion des œuvres. Très sincèrement, je ne leur en veux pas à elles, je serais à la tête d’une de ces sociétés, tant qu’on me laisserait faire, j’irai sans doute dans la même direction. Mais il est vraiment temps qu’un contre pouvoir régule cette situation. La politique de la copie privée n’a jamais eu autant de sens qu’aujourd’hui et est à mon avis la meilleure réponse possible : forcer la possibilité d’une copie privée sans DRM ou des DRM avec un nombre limité de copies possibles (je sais : techniquement bien difficile à élaborer.). D’où l’intérêt d’avoir une réflexion globale sur le sujet. La culture est en train de pâtir de cette situation. Mon exemple de 2001 odyssée de l’espace n’est pas venu de nulle part, Ugo Bienvenu traite du problème dans sa BD Préférence Système (au passage, petit clin d’œil à Apple, ça ne fait pas de mal).

https://www.franceinter.fr/culture/preference-systeme-d-ugo-bienvenu-exceptionnelle-bande-dessinee-sf

avatar YetOneOtherGit | 

@duke_fsc

Les pb que mets en avant non rien de neuf et n’ont pas attendu la dématérialisation ni la SVOD.

La capacité d’accès au patrimoine cinématographique est même incomparablement meilleur aujourd’hui que dans le passé 😎

avatar duke_fsc | 

@YetOneOtherGit

Ah bon ? Explique-moi en quoi avant c’était le même problème ?
Une œuvre sort au cinéma et a une deuxième vie en dvd.
J’achète le DVD.
Mon seul dilemme c’est où acheter mon dvd et le regarder 1000x par jour si ça me chante… Enfin 1000x si l’œuvre en question ne dépasse pas 1’26,4” 😇
Peu importe le lecteur que j’aie, je peux lire mon dvd.
On passe sur les DRM qui m’empêchent de le copier car c’est même plus vraiment le sujet.
Autre scénario :
Amazon produit et acquiert les droits d’une série ou d’un film. Elle n’existe qu’en streaming chez Amazon
Je suis abonné que chez Netflix.
Comment dois-je faire pour voir cette œuvre ?
Je précise, c’est une œuvre que j’adore, je suis fanatique même, je veux la voir tous les jours mais hélas rien d’autre chez Amazon ne me plaît…..
Dans 10 ans combien aurais-je dépensé pour cette œuvre dont je rêve la nuit ?

avatar YetOneOtherGit | 

@duke_fsc

"Ah bon ? Explique-moi en quoi avant c’était le même problème ?
Une œuvre sort au cinéma et a une deuxième vie en dvd. "

Tu es visiblement assez jeune, non ?

L’accès aux catalogues fut évidemment longtemps très difficile avant la généralisation des cassettes vidéo et encore bien des œuvres étaient introuvables quand il n’y avait des pb de droit (Par exemple les chef d’œuvres de Pierre Étaix jusqu’en 2010 et ce n’est pas un cas rare)

Globalement la situation est incomparablement meilleure avec entre autre des maisons tel Criterion qui s’impliquent aussi online, ou de nombreux ayant droit plaçant gracieusement des œuvre en ligne sur youtube tel une part des films de Tarkovski …

Globalement la situation du cinéphile est bien meilleure aujourd’hui que dans le passé et elle le restera avec les services de SVOD dont le coût reste ridicule au regards de ce que le cinéphile pouvait être amené à dépenser pour assouvir sa passion dans le passé.

Manque encore quelques acteurs puissants valorisant des fonds de catalogue mais cela bouge aussi sur ce front.

Pour le reste, il n’y a pas plus de mains mises des acteurs puissants de l’industrie sur l’accès aux catalogues que dans le passé, au contraire les majors ont fini par comprendre la valeur de la restauration et de la conservation de leur fond de catalogue ce qui ne fut hélas pas le cas durant longtemps, nombre de films ont été ainsi définitivement perdus 🥺

Toujours se méfier de la légende dorée du passé et de la légende noire du futur 😉

avatar Ecrapince | 

"Globalement la situation est incomparablement meilleure avec entre autre des maisons tel Criterion qui s’impliquent aussi online"

Criterion s'implique mais ne s'applique plus... Ya juste à voir certaines de leurs dernières sorties pour se rendre compte qu'ils ne font plus gaffe à ce qu'ils font et surfent sur la hype qu'ils ont acquis ces dernières années pour se faire de l'argent en profitant de la naïveté des fans...
Entre le memories of murder tout dégueux, l'immondice qu'est flowers of shangaï et World of Wong Kar Wai qui arrive à être visuellement moins qualitatif que les versions de 2010 par Kino Lorber...

avatar YetOneOtherGit | 

@Ecrapince

Comme toujours : « There is no silver bullet »

avatar Ecrapince | 

Oui oui, c'est cela. C'est tellement difficile de regarder un film pour vérifier que ça ne soit pas une horreur que les clients eux le remarque souvent dès les 1ière minutes de visionnage... Encore plus quand ça s'exprime par un trèèèès visible halo verdâtre sur la totalité du film... Mais chez Criterion ils ne doivent avoir aucun matériel pour visionner la moindre vidéo ni personne avec 2 yeux en état de fonctionner...

avatar BingoBob | 

@Ecrapince

Je suis d’accord sur ce que tu dis des nouveaux masters des Wong Kar Wai et Fleurs de Shanghai mais Criterion n’est pas le fautif. Ce sont les chefs ops avec l’aval des réalisateurs qui ont voulu faire des modifications et nouveaux étalonnages. Criterion respecte juste les créateurs.

Après, je trouve quand même que la Collection Criterion reste le must du must pour tout cinéphile qui se respecte, et adule les bonus…

avatar BingoBob | 

@YetOneOtherGit

Enfin quelqu’un qui connaît Criterion ! Ce label est incroyable.
Dommage qu’il n’est pas accessible pour nous, européens 🥲

avatar maxchime | 

My name is Prime, Amazon Prime Video!

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