L’acquisition de SFR par le Numericable Group est bouclée : elle donne naissance au groupe Numericable-SFR. Détenu à 60,40 % par Altice et 20 % par Vivendi, le deuxième opérateur français est valorisé à près de 13 milliards d’euros - contre 11,5 milliards pour Illiad et 10,2 milliards pour le groupe Bouygues.
De fait, Numericable-SFR n’admet qu’un seul concurrent à sa mesure : Orange. « Nous voulons devenir le leader français du très haut débit fixe et mobile, devant Orange », confie Éric Denoyer au Figaro. Le nouveau directeur général du groupe explique :
Nous voulons rapidement doubler notre couverture dans la fibre pour avoir 12 millions de foyers raccordables en 2017 et 15 millions avant 2020. Dans la téléphonie mobile, le cap des 50 % de la population ayant accès à notre réseau 4G a été franchi ce jeudi, et nous visons 70 % avant la fin 2015. Nous rattrapons notre retard.
Il confirme aussi que « SFR sera la marque emblématique du groupe », qui « compte actuellement six marques dans le grand public et sept pour les entreprises ». Virgin Mobile, dont l’acquisition pour 325 millions d’euros a été validée ce jeudi, pourrait ainsi rapidement disparaître. Numericable-SFR devrait en rester là, rejetant l’hypothèse d’un rapprochement de Bouygues Telecom.
C’est qu’à peine baptisé, le nouveau groupe est déjà endetté à hauteur de 11,6 milliards d’euros — et il ne pourra procéder à aucun licenciement économique pendant les 36 prochains mois. Après s’être débarrassé du comité exécutif de SFR et avoir placé ses fidèles aux commandes, Patrick Drahi devrait rapidement mettre en place une stratégie d’attaque… et d’économies.
En présentant son offre d’achat, le président du deuxième opérateur français remarquait qu’une rationalisation des systèmes informatiques pourrait lui faire économiser 100 millions d’euros. Une stratégie déjà à l’œuvre chez Hot, filiale israélienne du groupe qui fait figure de laboratoire d’idées avec sa grille d’offres très réduite et ses contenus télévisuels originaux.
Une chose est sûre, Numericable-SFR n’ira pas se battre sur le marché du low-cost : « nous n’entrerons pas dans une nouvelle guerre des prix », explique Éric Denoyer, « certains de nos concurrents se sont dirigés vers le bas du marché, ce n’est pas notre choix. » Son revenu moyen par abonné, l’un des plus hauts du marché, s’établit à 42,40 €… et cela lui réussit puisque de juillet à septembre, sa base d’abonnés a augmenté de 3 %.
Des abonnés qui viennent pour la couverture en fibre et câble, qui restent pour les contenus, et qui génèrent un chiffre d’affaires que les charges ne viennent pas entamer, la stratégie est claire. Reste à savoir si le pari à 13 milliards de Drahi va payer.