[Accès libre] Test de l’iPhone 15 Pro Max : zoom zoom zoom (zoom zoom)

Anthony Nelzin-Santos |
Club iGen 👑

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« Titane » : les markéteux de la firme de Cupertino n’ont même pas cherché un slogan pour décrire l’iPhone 15 Pro et l’iPhone 15 Pro Max. À quoi bon ? Tout le monde sait que la nouvelle gamme est meilleure que l’ancienne et que la gamme « le mot “pro” ne veut rien dire » est meilleure que la gamme « ben c’est un iPhone ». Sauf que cette année marque le retour de la distinction entre le modèle Pro et le modèle Pro Max. L’iPhone 15 Pro Max étrenne un nouveau téléobjectif 5× qui promet de vous « rapprocher de la perfection ». Est-ce un argument décisif en faveur du grand modèle ? La réponse dans notre test de l’iPhone 15 Pro Max.

L’iPhone 15 Pro Max bleu. Image iGeneration.

Un iPhone titanesque

Apple est immensément fière d’utiliser le « même alliage que les véhicules d’exploration envoyés en mission sur Mars », et vous savez tout le bien que je pense du titane, mais redescendons immédiatement sur Terre. L’iPhone 15 Pro Max n’est pas « taillé dans le titane » de grade 5, quoi qu’en dise la firme de Cupertino, mais recouvert d’une fine couche de l’illustre alliage comprenant 6 % d’aluminium et 4 % de vanadium, ce n’est pas tout à fait la même chose.

Les composants reposent dans un berceau en aluminium, pris en sandwich entre l’écran recouvert de Ceramic Shield et la plaque arrière en verre durci. Sans complètement reprendre la conception de l’iPhone 14, l’iPhone 15 Pro Max est nettement plus réparable, si bien que le remplacement de la plaque arrière coute trois fois moins cher qu’avant. Mais le bandeau de titane n’est qu’un placage d’un petit millimètre d’épaisseur, soit vingt-cinq centimes d’euros de métal tout au plus, sur le pourtour du berceau.

Entendons-nous bien : l’usinage du titane, un métal plus résistant que l’aluminium et que l’acier, requiert l’usage de machines particulièrement endurantes. Le ponçage, le brossage et le microbillage sont autant d’opérations qui prennent du temps et renchérissent la fabrication. Comme elle ne fait jamais simple quand elle peut faire compliqué, Apple a même conçu un mystérieux « procédé thermodynamique » de soudure « par diffusion à l’état solide » pour fusionner le titane et l’aluminium.

À gauche, l’aluminium de l’iPhone 15 bleu, à droite, le titane de l’iPhone 15 Pro blanc. Image iGeneration.

Le bandeau décoratif fait ainsi partie intégrante de la structure technique. La rigidité du titane autorise l’affinement des bordures de l’écran, qui ne mesurent plus que deux millimètres, mais augmente probablement le risque de casse, puisque l’énergie des chocs sera renvoyée plus fermement vers les plaques de verre. La faible conductivité thermique du titane empêche le désagréable « coup de froid » lorsque l’on prend le téléphone en main, mais donne l’impression qu’il est toujours tiède, même sans avoir enchainé les tests de performance pendant trois heures.

Le fait est que les critiques à l’encontre du titane sont valides. Sans même parler du bilan social de l’extraction de l’oxyde de titane et du bilan environnemental de son raffinage en titane métallique, qui n’ont évidemment pas été mentionnés dans le sketch de mère Nature, il ne fait aucun doute que la finition sera sujette aux rayures, voire aux éclats. Le titane est un matériau relativement ductile, et la coloration par dépôt physique en phase vapeur (PVD) choisie par Apple en lieu et place de la traditionnelle anodisation est extrêmement fine.

L’acier ne se distinguait pas seulement de l’aluminium par son poids et ses reflets, mais surtout par sa faculté de vieillir en encaissant gracieusement les coups. L’Apple Watch Series 5 et l’Apple Watch Ultra montrent que le titane est plus proche de l’aluminium sur ce plan, les rayures profondes révélant le métal sous la surface du traitement. À l’exception de la finition naturelle, qui fait ressortir les tons chauds de l’alliage de grade 5, il n’est pas certain que quiconque puisse faire la différence entre l’aluminium de l’iPhone 15 Plus et le titane de l’iPhone 15 Pro Max au premier coup d’œil.

Les finitions sombres sont particulièrement sensibles aux traces de doigts. Image iGeneration.

À l’inverse, tout le monde devrait être capable de faire la différence entre un iPhone 14 Pro Max et un iPhone 15 Pro Max les yeux fermés, tant l’allègement — 19 grammes, soit 8 % — est immédiatement sensible. L’iPhone 15 Pro Max semble moins large qu’il ne l’est vraiment : il ne perd qu’un petit millimètre, mais l’adoucissement des arêtes améliore considérablement la préhension, le téléphone se cale plus agréablement dans la main. La finition mate de la plaque arrière et la texture brossée du titane empêchent l’appareil de glisser comme une savonnette.

Malgré mes immenses paluches, je n’ai jamais apprécié le format « max », mais ces ajustements ergonomiques m’éviteront de regretter de l’avoir adopté pour les deux ou trois prochaines années. Il est tout de même remarquable que l’iPhone 15 Pro Max pèse seulement huit grammes de plus que mon iPhone 13 Pro recouvert d’un film1 ! Reste que le changement de l’équilibre des masses altère subtilement l’impression dégagée par ce téléphone — cela peut sembler frivole, mais il semble moins luxueusement dense, moins classieux que son prix ne le suggère.

Le bouton d’action apporte toutefois un nouvel élément de distinction. Les forcenés du commutateur du mode silence/sonnerie ne perdent rien au change, ou tellement si peu, puisque le bouton d’action reprend sa position et ses attributions. Une icône dans la barre d’état indique quel mode est activé, mais on peut le savoir sans regarder l’écran ni même sortir l’iPhone de sa poche, en sentant les vibrations déclenchées par une pression sur le bouton. Les autres utilisateurs y gagnent énormément, puisque ce bouton n’est pas seulement le commutateur du mode silence/sonnerie.

Il faut appuyer une petite seconde pour déclencher le bouton d’action. Image iGeneration.

Les réglages du bouton d’action, qui prouvent que tous les concepteurs d’interface ne sont pas encore complètement blasés, offrent sept possibilités supplémentaires :

  • Mode de concentration : pour (dés)activer le mode de concentration sélectionné ;
  • Appareil photo : pour lancer l’appareil photo dans le mode sélectionné (photo, selfie, vidéo, portrait ou portrait en selfie), auquel cas le bouton d’action peut alors être utilisé comme un déclencheur ;
  • Lampe torche : pour (dés)activer la lampe torche, dont la puissance peut être modifiée dans le Centre de contrôle ;
  • Mémo vocal : pour lancer un enregistrement dans l’application Dictaphone ;
  • Raccourcis : pour déclencher un raccourci ou ouvrir un dossier de raccourcis ;
  • Accessibilité : pour (dés)activer une fonctionnalité d’accessibilité, comme la loupe ou les sons d’arrière-plan, ou encore VoiceOver ;
  • Aucune action : pour désactiver le bouton d’action.

Après quelques jours d’hésitation, je me suis arrêté sur un dossier de raccourcis contenant quelques actions quotidiennes, comme le lancement d’un minuteur ou la traduction d’un mot. Les raccourcis démultiplient les possibilités : certains programment des menus et des sous-menus pour contrôler leur maison connectée, d’autres déclenchent différentes actions selon l’orientation du téléphone, et il ne fait aucun doute que les développeurs tiers détourneront ce bouton comme ils ont détourné d’autres fonctionnalités.

Espérons que cela poussera Apple à reconsidérer sa mécanique. Passe encore qu’il faille maintenir le bouton pour déclencher une action : cela évite les déclenchements accidentels, même s’il faut tendre le pouce fort intentionnellement pour aller chercher le bouton sur la tranche de l’iPhone 15 Pro Max, tout en laissant la possibilité d’appuyer brièvement pour connaitre le statut du bouton. Mais pourquoi diable n’est-il pas possible de double- ou triple-cliquer le bouton d’action ? On peut déjà cliquer, double-cliquer, triple-cliquer et même maintenir le bouton d’allumage !

Mon menu de raccourcis.

Si le bouton d’action n’ouvre pas l’application Appareil photo, il ne peut pas être utilisé comme déclencheur. Mais il est doublement mal positionné dans ce cadre : les boutons de réglage du volume font déjà office de déclencheur dans ce coin de l’appareil, et si l’on veut tenir fermement l’iPhone de la main droite sans mettre les doigts sur les optiques, alors le déclencheur se retrouve sous le pouce gauche. Sony place le déclencheur de ses photophones sous l’index droit, mais si même Leica ne le fait pas

Un appareil photo caméléonesque

Puisque nous parlons de déclencheur, parlons de capteurs. L’iPhone 15 Pro Max en possède quatre :

  • un capteur principal de type 1/1,28 comportant 48 Mpx, associé à un objectif grand-angle de 24 mm ouvrant à ƒ/1,78 ;
  • un capteur secondaire de type 1/3,2 comportant 12 Mpx, associé à un téléobjectif de 120 mm ouvrant à ƒ/2,8 :
  • un capteur tertiaire de type 1/2,55 comportant 12 Mpx, associé à une optique très-grand-angle de 14 mm ouvrant à ƒ/2,2 ;
  • et un capteur frontal comportant 12 Mpx, associé à une optique de 24 mm ouvrant à ƒ/1,9.

Apple assure pourtant mettre « sept objectifs professionnels à portée de main », les lois du marketing sont décidément plus fortes que celles de la physique. Évacuons la caméra TrueDepth à l’avant, qui profite des dernières améliorations du système Smart HDR, mais reste tout juste bonne à prendre des selfies supprimés automatiquement après 24 heures. Évacuons aussi l’appareil très-grand-angle, rigoureusement identique à celui de l’an dernier, espérons que les ingénieurs cupertiniens s’en occuperont l’an prochain.

Concentrons-nous donc sur le capteur principal. Seulement douze mois après avoir adopté cette technique, Apple vient tout simplement de casser les règles du pixel binning. En regroupant deux rangées et deux colonnes de pixels avec un binning 2×2, un capteur de 48 Mpx devrait produire des images de 12 Mpx, comme le faisait celui de l’iPhone 14 Pro et de l’iPhone 14 Pro Max. Le capteur 48 Mpx de l’iPhone 15 Pro et de l’iPhone 15 Pro Max tire pourtant des clichés de 24 Mpx, comme celui de l’iPhone 15 et de l’iPhone 15 Plus d’ailleurs, chacune de ces paires d’appareils utilisant un capteur différent.

Apple assure avoir amélioré le traitement de surface des optiques pour éliminer les reflets et halos disgracieux. Cette photo, qui montre au passage les belles qualités du capteur de 48 Mpx au crépuscule, prouve le contraire. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Lorsque vous appuyez sur le déclencheur, vous n’enregistrez plus le résultat d’une exposition, mais indiquez à l’appareil qu’il devrait interpréter le signal reçu par le capteur pour recomposer la réalité. Avec Deep Fusion, l’iPhone 11 combinait ainsi une longue exposition avec huit trames prises de part et d’autre du déclenchement pour améliorer la reproduction des couleurs et l’équilibre des tons en prêtant une attention particulière au sujet principal. Avec le Photonic Engine, l’iPhone 14 réalisait les mêmes opérations avec des données brutes pour garantir les meilleurs résultats dans toutes les conditions.

Un capteur de type 1/1,28 à peine plus grand qu’un ongle de petit doigt ne devrait pas avoir une telle gamme dynamique… et ne l’a pas vraiment. Le Photonic Engine combine plusieurs expositions pour éviter de cramer le ciel et déboucher les ombres au premier plan tout en préservant les détails des façades et la couleur de l’eau. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

L’iPhone 15 Pro et l’iPhone 15 Pro Max ajoutent une étape supplémentaire : le fichier de 12 Mpx produit par le Photonic Engine avec un binning 2×2, qui apporte couleur et lumière, est maintenant fusionné avec un fichier de 48 Mpx plus « brut de capteur », qui améliore la texture. La « moyenne » des deux, la photo qui atterrit dans votre pellicule, possède 24 Mpx. Vous pouvez forcer la prise de vue à 12 Mpx2 pour économiser 1 Mo par cliché, mais vous perdrez légèrement en gamme dynamique. Vous pouvez aussi forcer la prise de vue à 48 Mpx3, mais vous perdrez lourdement en instantanéité.

Les fichiers de 24 Mpx permettent d’apprécier tous les détails. Le flou d’arrière-plan n’est pas aussi crémeux que le bokeh des meilleurs cailloux, mais il ne trahit plus immédiatement la provenance des images, Apple faisant même en sorte d’arrondir les aberrations. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Ce sont d’ailleurs les deux seuls choix de résolution que vous pourrez faire si vous comptez capturer des photos au format ProRAW, qui sacrifie la plupart des traitements avancés et préserve une bonne partie des données brutes de capteur, afin de laisser une plus grande latitude lors du développement. Quand on sait que les photos au format ProRAW pèsent 25 Mo à 12 Mpx et 75 Mo à 48 Mpx, contre seulement 3 Mo pour une photo au format HEIF à 24 Mo, le choix sera tout vu pour le commun des mortels.

Apple ne fait pas de miracles : la notion de « piqué » reste encore très relative sur iPhone, des images qui paraissent parfaitement nettes sur l’écran du téléphone semblent floues sur l’écran d’un Mac, le bruit numérique est présent dans les zones sombres dès ISO 64. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Mais il devra faire un nouveau choix, celui de la focale, à moins qu’il ne faille désormais parler de « faux-cale ». Apple avait déjà profité du capteur 48 Mpx de l’iPhone 14 Pro pour offrir un zoom 2×, qui simule un objectif de 48 mm en ne gardant que les douze millions de photosites au centre du capteur. Le mélange du pixel binning et des traitements infusés au machine learning ouvrent de nouvelles possibilités. En sélectionnant différents cadres au centre du capteur, Apple peut proposer des zooms 1,2 et 1,5×, comme si l’on avait un 28 ou un 35 mm dans la poche.

24, 28 et 35 mm. Le cadre se resserre, mais les plans ne se rapprochent pas, puisque l’on ne change pas vraiment d’optique. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Ce n’est pas un zoom optique, puisque ces « faux-cales » n’affectent pas la compression des plans, mais ce n’est pas un zoom numérique non plus, puisque les zooms ne sont pas obtenus par simple recadrage. C’est de la « photographie computationnelle », qui floute toujours plus les frontières entre le logiciel et le matériel. Voilà pourquoi ces objectifs virtuels sont réservés au mode Photo, les traitements demandés par les autres modes prenant le pas sur le Photonic Engine, et pourquoi vous devriez zoomer avant de prendre une photo plutôt que de recadrer après coup, la différence de netteté étant assez sensible.

Alors que le zoom 2× produit des fichiers de 12 Mpx, les zooms 1,2 et 1,5× produisent des fichiers de 24 Mpx, qui laissent une belle marge de recadrage. Dans des situations fort contrastées ou lorsque la lumière vient à manquer, mieux vaut prendre une photo à 35 mm pour la recadrer que de prendre une photo à 48 mm. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Vous pouvez changer le rapport de grossissement sélectionné par défaut, voire désactiver les « faux-cales », dans la rubrique Appareil photo > Appareil photo principal des réglages. Si vous préférez le 35 mm, et vous avez raison, rien ne vous empêche de repasser temporairement à 24 ou 28 mm dans l’application Appareil photo si vous ne pouvez pas reculer avec les pieds. Ajoutez la possibilité de transformer le très grand-angle en loupe, et vous obtenez les sept objectifs vantés par Apple… en incluant le téléobjectif dont il faut maintenant parler.

Pour augmenter le grossissement sans réduire la taille du capteur ni augmenter le diamètre des éléments, il faut allonger l’optique. Les systèmes périscopiques ne font que décaler le problème : déviée à 90° par un prisme, la lumière passe à travers un système optique effectivement allongé, avant d’atteindre un capteur dont la taille est directement limitée par l’épaisseur de l’appareil. Apple renverse l’équation en plaçant le capteur à côté de l’objectif, dans le même plan, avec un prisme à quatre faces entre les deux.

Un 120 mm dans l’iPhone c’est bien, mais certains ont quand même de gros machins ! Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Le prisme n’est qu’un élément optique supplémentaire, qui porte la focale à 120 mm, et le capteur peut prendre ses aises. Alors que le téléobjectif 3× de l’iPhone 14 Pro possédait un capteur de type 1/3,5 avec seulement 6 % de focus pixels, le téléobjectif 5× de l’iPhone 15 Pro Max possède un capteur de type 1/3,2 avec 100 % de focus pixels. Avec un tel grossissement, le moindre tremblement déplace le cadre de plusieurs mètres. Le système de stabilisation peut déplacer le capteur jusqu’à 10 000 fois par seconde, vers le haut/bas et la gauche/droite pour compenser les mouvements, mais aussi vers l’avant/l’arrière pour mettre au point.

Le zoom 2× à gauche, le zoom 5× à droite. Le téléobjectif compresse la perspective, l’arrière-plan semble se rapprocher du premier plan, mais en même temps le sujet semble plus isolé. Au passage, remarquez la différence de netteté entre les deux clichés, mieux vaut parfois se rapprocher et prendre une photo avec le zoom 2× que rester loin et utiliser le zoom 5×. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.
Reste que la compression de la perspective est aussi un choix esthétique, comme pour cette photo qui semble mettre la ville au milieu des champs, en masquant l’autoroute entre les deux. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

La mise au point est ainsi plus rapide et plus précise… si vous pouvez la faire ! La distance minimale atteint 135 cm — trop loin pour me permettre de réaliser des photos de produits en compressant la perspective comme je le voudrais. Mon appareil habituel n’a besoin que d’une quarantaine de centimètres de recul pour faire la mise au point à 120 mm, alors qu’il possède un capteur huit fois plus grand, mais il est aussi beaucoup plus encombrant. Est-ce un problème ? Probablement pas : il faut deux mètres de distance pour cadrer un visage, trois ou quatre mètres pour cadrer un buste.

Cette photo est censée avoir été prise avec le téléobjectif, mais comme il ne pouvait pas faire la mise au point aussi près, l’application Appareil photo est passée (sans rien dire) sur le grand-angle. Le résultat, un simple recadrage numérique, est de piètre qualité. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Avec une focale équivalente de 77 mm, le zoom 3× de l’iPhone 14 Pro était particulièrement adapté aux portraits, mais il faut bien dire que le zoom 5× de l’iPhone 15 Pro Max compresse la perspective d’une manière fort plaisante. Apple continue pourtant de proposer le zoom 2× par défaut en mode Portrait, ce qui peut s’entendre. Comme tous les appareils récents sous iOS 17, l’iPhone 15 Pro Max peut prendre des portraits la nuit et il offre aussi la possibilité de changer le point après coup.

Le mode Portrait, ici avec le zoom 2×, devient redoutable. Le premier plan est tout aussi flou que l’arrière-plan, comme il l’aurait été avec un véritable objectif de 48 mm capable d’ouvrir à ƒ/1,4, le sujet est correctement isolé. Apple dit avoir particulièrement travaillé les algorithmes chargés de couper les cheveux, mais dans cette pièce sombre, une branche du casque est floutée alors qu’elle ne devrait pas l’être. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Tous les iPhone 15, dont l’étendard de la gamme, ajoutent une fonctionnalité : dès lors qu’ils détectent le visage d’une personne ou la gueule d’un animal domestique, ou bien que vous avez effectué la mise au point manuellement, ils conservent une carte de profondeur aux côtés du cliché. Vous pourrez ainsi activer le mode Portrait après coup, et là encore changer le point comme vous l’entendez. Un vieux rêve de photographe est devenu réalité, la « photographie computationnelle » a tout de même du bon.

Comme la mise au point a été effectuée manuellement, la carte de profondeur a été conservée et l’on peut modifier le point après coup. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Le zoom 5× est plus difficilement maniable lorsque l’on filme : la stabilisation du capteur fait beaucoup, mais il vaut mieux recourir à la stabilisation numérique du mode Action, qui permet d’obtenir des résultats plus que passables au prix d’une réduction de la définition. Qu’Apple réussisse à tirer de tels résultats d’un capteur qui n’est pas plus grand que celui de l’iPhone 5 montre la puissance des traitements logiciels. Reste que même en plein jour à ISO 50, il ne faut pas observer les clichés à la loupe pour remarquer la présence du bruit numérique et l’absence de microcontraste.

Sans la stabilisation numérique du mode Action, cette vidéo tournée à bout de bras tremblerait tant qu’elle vous collerait immédiatement la nausée. Remarquez la transition presque parfaite entre les trois capteurs, le cadre ne saute plus en passant du téléobjectif au grand-angle et la qualité reste raisonnable en passant du grand-angle au très grand-angle. Si vous vous demandez pourquoi cette vidéo semble grisâtre, vous aurez la réponse dans deux paragraphes. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Admettons, donc, que l’iPhone 15 Pro Max mette réellement « sept objectifs professionnels à portée de main ». Sont-ils les plus pertinents ? La progression est régulière de 13 à 48 mm, mais c’est le grand vide avant de passer à 120 mm. Espérons qu’un zoom 3× autour de 80 mm reviendra sous une forme ou une autre dans les futures générations, espérons qu’une « faux-cale » de 240 mm fera son apparition sur un futur téléobjectif, espérons que l’on pourra vraiment mettre toute la panoplie du photographe dans sa poche.

Le même point de vue du très grand-angle au zoom numérique 25×, en passant par 24/28/35/48 mm sur le capteur principal. Vidéo Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.
Malgré l’aperçu du cadre dans le coin supérieur gauche, le zoom 25× est difficilement maniable. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.
Puisqu’il s’agit d’un simple recadrage numérique, la qualité des clichés est déplorable. Image Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

En attendant, ne boudons pas notre plaisir. L’écran Super Retina XDR de 6,7" reste parfaitement lisible à l’extérieur, puisqu’il peut atteindre jusqu’à 2 000 nits, sauf lorsqu’il prend un coup de chaud. Si vous filmez régulièrement au format ProRes, vous risquez fort de voir l’alerte de surchauffe et de ne plus voir votre écran. L’iPhone 14 Pro exploitait déjà ce codec adapté au montage, l’iPhone 15 Pro inaugure la possibilité de filmer au format Log, qui fait l’économie des traitements intégrés pour laisser plus de latitude en postproduction.

Les vidéos ainsi tournées semblent manquer de contraste et de saturation, mais il suffit d’appliquer une LUT pour faire ressortir les détails et les couleurs. Le format Log est ce qui se rapproche le plus d’une sortie brute de capteur sans faire exploser le stockage ni ralentir les performances, les LUT permettant de tirer les mêmes couleurs de sources différentes. Voilà pourquoi l’iPhone 15 Pro et l’iPhone 15 Pro Max sont maintenant reconnus comme des appareils compatibles avec le système ACES de l’Académie des arts et des sciences du cinéma, qui garantit « une parfaite interchangeabilité de vidéos de haute qualité quelle que soit la source ».

Un clip tourné en ProRes au format Log…
…et le même avec la LUT de base fournie par Apple. Vidéos Anthony Nelzin-Santos/iGeneration.

Sans la possibilité d’appliquer une LUT par défaut lors de l’enregistrement, vous devrez toutefois prendre un soin particulier à l’exposition… sans avoir la moindre information à votre disposition pour le faire. Apple prononce le mot « pro » à tout bout de champ, mais l’application Appareil photo ploie sous le poids des fonctionnalités ajoutées au fil des années, sans pour autant offrir les contrôles nécessaires aux professionnels. La balance des blancs, l’histogramme ou encore les zébras restent aux abonnés absents.

Or la gamme dynamique du capteur est d’autant plus limitée que les traitements numériques sont allégés. Cette situation est d’autant plus frustrante que la firme de Cupertino propose une application de capture professionnelle… au sein de Final Cut Pro pour iPad ! À défaut d’améliorer sa propre application, elle pourrait au moins faire en sorte de travailler avec une poignée de développeurs tiers pour que des applications comme Halide ou Filmic Pro soient adaptées aux nouveaux appareils dès le premier jour.

Un stockage gargantuesque

L’iPhone 15 Pro Max peut filmer en ProRes jusqu’en 4K@30 sur le stockage interne, mais vous pouvez brancher un SSD ou une carte mémoire rapide pour tourner en 4K@60. Le fichier est enregistré directement sur le support externe, au rythme d’un gigaoctet toutes les sept secondes, la prise en charge de la variante LT plus compressée ne serait pas malvenue. Cette possibilité est offerte par l’adoption forcée et contrainte du port USB-C, qui remplace le port Lightning, que l’on (ne) regrettera (pas).

Le branchement d’un support de stockage suffisamment rapide, qu’il s’agisse d’un SSD ou d’une carte mémoire, débloque l’enregistrement en ProRes 4K@60. Image iGeneration.

Alors que l’iPhone 15 et l’iPhone 15 Plus doivent se contenter d’un contrôleur USB 2.0 qui limite les débits à 480 Mbit/s, l’iPhone 15 Pro et l’iPhone 15 Pro Max possèdent un contrôleur USB 3.0 qui permet d’atteindre jusqu’à 10 Gbit/s. Vous pouvez ainsi brancher des périphériques aussi communs que des supports de stockage, qui apparaissent naturellement dans l’application Fichier, ou aussi exotiques que des adaptateurs Ethernet, qui permettent de naviguer avec un fil à la patte.

Apple fournit seulement un câble USB 2,0, mais vous pouvez utiliser n’importe quel câble USB 3.x/4.x et Thunderbolt 3/4. Soyez toutefois conscient que les coques prévoient généralement une découpe arrondie, conformément aux spécifications édictées par l’USB-IF, et que certains câbles possèdent une prise rectangulaire, parce que les règles sont visiblement faites pour être ignorées. Nous avons testé des dizaines d’accessoires, depuis les paires d’écouteurs USB-C jusqu’aux stations d’accueil à vingt ports, sans remarquer d’incompatibilités particulières.

Seule la sortie vidéo jusqu’en 4K@60, qui nécessite un adaptateur adapté, nous laisse sur notre faim. Vous savez ce qui prouverait la puissance de la puce A17 Pro sans devoir étudier les reflets des flaques d’eau dans Resident Evil 4 à la loupe ? Stage Manager sur un écran externe. Le système DeX de Samsung n’est pas complètement absurde, l’iPhone 15 Pro Max serait véritablement « pro » s’il pouvait remplacer l’iPad au pied levé. En attendant, et l’on risque d’attendre longtemps, on pourra seulement recopier l’affichage pour regarder des séries Netflix, la belle affaire.

Image iGeneration.

L’iPhone 15 Pro et l’iPhone 15 Pro Max peuvent tirer entre 25 et 27 W d’un adaptateur secteur de 30 W ou plus, 18 W du chargeur de 20 W recommandé par Apple, des puissances qui peuvent sembler faibles quand certains fabricants annoncent des charges « ultra-rapides » à 100 voire 200 W, mais qui éviteront la surchauffe que les batteries n’apprécient guère. A contrario, ils peuvent eux-mêmes fournir 4,5 W aux appareils branchés en USB-C, ce qui suffira pour requinquer des AirPods ou une Apple Watch. Après trois ans d’attente, il est probablement temps de faire le deuil de la recharge MagSafe inversée.

Il faudrait encore parler des nouveaux modems 5G et Wi-Fi 6E, ou des puces Thread et UWB, mais il faut en laisser pour notre test de l’iPhone 15 Pro. Finissons donc avec un sujet aussi encombrant que l’iPhone 15 Pro Max, celui du prix. Alors que la rumeur annonçait de fortes augmentations tarifaires, Apple s’est payé le luxe de baisser ses prix de 130 à 150 €. Il faut faire preuve d’une bonne dose de mauvaise foi pour affirmer sans rire qu’il s’agit de la gamme la moins chère de l’histoire — on ne peut définitivement plus s’offrir le meilleur iPhone pour moins d’un SMIC — mais il faut bien reconnaitre que la firme de Cupertino a fait un effort en doublant le stockage de 128 à 256 Go pour le même prix de 1 479 €.

Il s’agit d’une réduction effective de 130 €, mais certains auraient probablement préféré acheter un modèle avec 128 Go de stockage pour 1 349 €. Reste que si l’on considère que le Français moyen change de téléphone tous les trois ans, et que l’on peut faire reprendre son iPhone 12 Pro Max pour 440 à 510 €, l’iPhone 15 Pro Max passe sous la barre des 1 000 €.

À ce prix, vous ne trouverez pas de meilleure caméra mobile et trouverez difficilement un meilleur appareil photo de poche. Maintenant que des défauts aussi évidents que l’absence de port USB-C et le poids de l’appareil sont résolus, il faut vraiment pinailler pour y trouver à redire. C’est un problème rédhibitoire, parce que nous n’aimons rien mieux que pinailler.


  1. Je suis membre du parti « la meilleure coque est un contrat AppleCare+ », Tim Cook nous adore, encore plus cette année où les coques annulent tous les progrès ergonomiques.  ↩︎

  2. Dans la rubrique Appareil photo > Formats > Mode Photo des réglages. Une photo de 24 Mpx en HEIF pèse 3 Mo en moyenne, contre 2 Mo pour une photo de 12 Mpx.  ↩︎

  3. En choisissant HEIF Max dans l’application Appareil photo après avoir activé l’option Commande de résolution et Apple ProRAW dans la rubrique Appareil photo > Formats des réglages (qui est aussi disponible sur l’iPhone 14 Pro avec iOS 17). Une photo de 48 Mpx en HEIF pèse 5 Mo en moyenne.  ↩︎

avatar Centaurdedé | 

Salut à Tous ,

Pour ma part , j'aime bien le 15 Pro Max ...
Je vais certainement craquer ...
Avec un Bumper de chez Rhinoshield ...

Tchao A+ Dedé

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