Free Mobile : l'ARCEP livre une étude et défend son rôle

Stéphane Moussie |

L'arrivée sur le marché des télécoms de Free Mobile fait peser des menaces sur l'emploi, n'ont cessé de répéter les opérateurs concurrents, mais aussi certaines institutions tout au long de l'année dernière. L'ARCEP, qui a délivré l'autorisation à Free de se lancer, s'était vu brocardée par le ministre du Redressement productif en juin. Arnaud Montebourg dénonçait une autorité qui « [s’intéresse] exclusivement à la concurrence sans limites » tandis qu'il évoquait une « hémorragie déjà commencée » en parlant des suppressions de postes.

En dévoilant aujourd'hui une étude sur les conséquences de l'arrivée de Free Mobile qui sont loin d'être aussi catastrophiques que celles décrites par le ministre et les opérateurs historiques, l'ARCEP défend sa décision et son rôle. Un rôle contesté par un rapport qui a mis le feu aux poudres la semaine dernière. Celui-ci indiquait que le gouvernement envisageait de retirer les pouvoirs les plus importants de l'autorité (lire : Le gouvernement veut castrer l’Arcep). La ministre déléguée de l’Économie numérique a depuis tenté d'éteindre l'incendie en parlant d'« une version de travail » qui ne reflèterait pas la position des ministres.

Jean-Ludovic Silicani, le président du gendarme des télécoms, indique au Figaro avoir eu confirmation de cette version des faits par le cabinet du premier ministre et celui du ministère du redressement productif. Pas de fusion entre l'ARCEP et le CSA (l'autorité de régulation de la télévision et de la radio) donc, mais Silicani se dit favorable à la « mise en place d'une instance commune [qui] permettrait de traiter des sujets d'intérêt partagé ».

L'homme reconnait aussi publiquement que « certains » politiques lui ont fait payer la gestion du dossier Free Mobile. « Mais nous n'avons rien à nous reprocher, estime-t-il. Les Cassandre annonçaient un désastre, or le PIB du secteur des télécoms s'est accru de plus de 6 % ». L'étude de l'ARCEP sur les effets du nouvel entrant dresse en effet un tableau pas aussi noir que certains l'imaginaient.


Jean-Ludovic Silicani lors du colloque ARCEP Neutralité des Réseaux - Photo Olivier Ezratty CC BY-SA

Jean-Ludovic Silicani, fait d'ailleurs lui aussi son mea culpa sur ce point. En mars 2012, il avait estimé à 10 000 le nombre d'emplois qui pourraient être supprimés (en dehors des créations de postes chez le nouvel entrant).

« J'ai été trop pessimiste. Les chiffres des emplois directs dans les télécoms montrent que les effectifs sont restés stables à 129 000 postes. Pour les emplois indirects, il est difficile d'avoir des chiffres précis, mais l'activité des centres d'appels a encore augmenté de 4 % en 2012 et dans les boutiques de distribution, quelques centaines d'emplois ont été supprimés. »

Pas de destruction d'emplois l'année dernière donc, et pas de baisse du chiffre d'affaires du secteur non plus. Celui-ci est resté stable à 41 milliards d'euros et la baisse des prix du mobile a été compensé par une augmentation des volumes de voix, SMS et DATA, explique Silicani. Quant à l'investissement, il n'a jamais été aussi haut avec 9,7 milliards d'euros dépensés, soit 1,7 milliard de plus qu'en 2011. Le passage à la 4G occupe une place importante dans cette somme avec 2,5 milliards dépensés dans l'achat de fréquences 4G.

Tout n'est pas rose non plus. Orange, SFR et Bouygues ont perdu au total environ 1,6 milliard d'euros d'excédent brut d'exploitation (EBITDA).

Sur le contrat d'itinérance liant Free à Orange qui n'est pas encadré par l'ARCEP, Silicani renvoie la balle à l'Autorité de la concurrence. Celle-ci a récemment fait savoir que l'itinérance en 3G devrait cesser en 2016 ou 2018 au plus tard (lire : Free Mobile : l'Autorité de la concurrence veut que l'itinérance 3G cesse en 2016 ou 2018). Ce qui n'empêche pas à l'ARCEP de garder un oeil sur les investissements de Free, comme le note son président : « nous achevons la mise en place d'un observatoire des investissements fixes et mobiles de tous les opérateurs, qui permettra d'avoir régulièrement des données fiables. »

Silicani s'est aussi exprimé sur une autre décision polémique : l'autorisation accordée à Bouygues de réaffecter les fréquences 1 800 MHz du réseau 2G pour un réseau 4G LTE à partir du 1er octobre 2013. L'homme parle « d'un avantage » pour Bouygues, mais assure que cela n'entraîne « pas une distorsion de concurrence compte tenu de sa durée et de son importance limitées. »

avatar solea | 
J'aime bien Jean-Ludovic Silicani. J'avais regardé sa séance de question/réponse devant les députés à l'époque où l'ARCEP était accusée d'avoir favorisé Free Mobile au détriment des autres acteurs, et je l'avais trouvé ferme sur ses positions, clair, et courageux. C'est quelque chose de suffisamment rare dans le milieu, où souvent l'on nous balance du flou et des sorties à l'emporte-pièce.
avatar thEV4Nne | 
En fait si on regarde bien, tous les indicateurs sont aux verts, sauf les profits pour les actionnaires des trois historiques. Et c'est un gouvernement de gauche qui les défends, cherchez l'erreur.
avatar Apical-informatique | 
@pim : Tout a fait d'accord J'ajouterais que pdt que les dividendes baissent, nos factures de téléphone n'ont jamais été aussi basses... Y aurait il un lien de cause a effet ?
avatar PachaColbert | 
En fait personne ne le savait, mais Martin est un grand pote de François…
avatar privatejohns | 
Pim : ^100
avatar privatejohns | 
MachX: les grands patrons son TOUJOURS de grand amis des chefs d'État. C'est un grand principe de gouverne d'entreprise, on ne brocarde pas ceux qui comptes.
avatar Abudah237 | 
@JLG47 : Neil est milliardaire...
avatar byQNTN | 
Reculer devant les chauffeurs de taxis, c'est ce qui symbolise la droite et la gauche en France. Couilles molles, sans courage et zéro pragmatisme. La France est dirigée pour satisfaire les groupes d'intérêt: buralistes, pharmaciens, cheminots, pédégés: sans vision, ni logique.
avatar ElGringo13 | 
Ah montebourg .... Si vous saviez tout ce qu il a fait comme magouille et autre choses suspectes dans sa région d origine ( dont je suis) personne ne serait étonnes de l entendre dire ineptie sur ineptie. Si a cela on ajoute certains ministreS venus d on ne sais ou avec des ministères pour lesquelles il ne connaissent rien.., mais bon avant c était pas mieux. Pour en revenir au vrai sujet du post je ne connais pas trop les prérogatives de l acerp mais m est avis que comme bcp d entité dans notre pays elles sont dépassées par l époque a laquelle on vit et ce n est pas finis. Maintenant si c est pour leur enlèves leur pouvoir pour le donner a d autres avec une vision du futur, mœurs, techno, moral digne d un bulot ...

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