Gallimard, Flammarion et Albin Michel attaquent Google pour contrefaçon

Anthony Nelzin-Santos |

skitchedLes éditeurs Gallimard, Flammarion et Albin Michel ont assigné la filiale française de Google en justice pour contrefaçon, une assignation qui sera aussi adressée à la maison-mère. Il s'agit du dernier épisode la saga Google Books, dans laquelle les éditeurs reprochent à Google la numérisation sans autorisation de milliers d'ouvrages.

9 797, pour être précis, ceux dont les éditeurs étaient « sûrs » que Google les avait reproduits de manière sauvage. Ils réclament 9,8 millions d'euros de dommages et intérêts, soit 1 000 € par ouvrage. Aux États-Unis, Google Books a déjà subi un revers, son accord avec les éditeurs américains ayant été rejeté après une procédure de class-action. C'est le juge responsable de l'affaire qui a fourni la liste d'ouvrages aux éditeurs français, 4 302 pour Gallimard, 2 950 chez Flammarion et 2 545 du fond d'Albin Michel.

Même si Google s'estime « surpris » par cette assignation, il faut rappeler qu'il avait déjà été condamné pour contrefaçon en France pour des faits similaires en 2009 dans le cadre d'une procédure contre La Martinière et le Syndicat national de l'édition. Hachette, le numéro 2 mondial grand absent de ces affaires, a signé en novembre dernier un protocole d'accord avec Google ouvrant la voie à la numérisation des œuvres épuisées en langue française de l'éditeur.

[Avec AFP]

avatar jececle59 | 
Les syndrcras à l'attaque. Ca va faire mal.
avatar -oldmac- | 
@ Ashram60 : c'est juste que Google s'en tape royalement des droits d'auteur. Point Barre.
avatar SuBWaReZ | 
La semaine dernière je cherchais un livre de Maurice Allais sur Amazon. Mis à part les deux ouvrages les plus récents, tous les autres ouvrages sont indisponibles car non ré-édités. Et il y a quand même cinq pages de livres de cet économiste sur le site. Parfois il y a quelques ouvrages d'occasion en vente, mais pas pour celui que je cherche malheureusement. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Et l'on voit bien la limite de la législation des "75 ans de droits après la mort de l'auteur". Donc pourquoi ne pas numériser ces ouvrages et en permettre l'accès, même sans parler que ce soit gratuit. L'attitude des éditeurs, exactement équivalentes à celle des studios de musique il y a dix ans, n'a pas de logique, à part celle du conservatisme.
avatar SuBWaReZ | 
@steph_a_paris *équivalente
avatar BeePotato | 
"La semaine dernière je cherchais un livre de Maurice Allais sur Amazon. Mis à part les deux ouvrages les plus récents, tous les autres ouvrages sont indisponibles car non ré-édités." 12 livres sur Alapage. http://www.alapage.com/m/pl/malid:17622988 Ton tort c'est de croire à une seule source (et accessoirement de ne pas aller voir un libraire, ils servent à ça).
avatar john | 
Il n'est pas question de dire que Google c'est le mal. Il s'agit juste de dire que Google a numérisé des livres sans accord des ayants droit, ce qui est illégal. Si l'intention est bonne, on ne peut pas se permettre de numériser à tout-va des œuvres sans réfléchir au problème des ayants droit.
avatar john | 
Si c'est illégal, c'est illégal.
avatar Ellipse | 
Lorsqu'on voit le discours de Gallimard quant aux nouvelles technologies, il mériterait un bon coup de pied au cul. Au lieu de s'ouvrir et de profiter de la manne potentiellement beaucoup plus intéressante que le papier, soit les éditeurs se braquent (comme en France) soit ils brandissent des concepts totalement archaïques, cf l'aberrante affaire entre Harper et les bibliothèques électroniques aux US (rachat obligatoire tous les 26 prêts pour simuler l'usure d'un livre). Or, à partir du moment ou le contenu est pérenne et reproductible à l'infini, faudrait peut-être qu'ils remettent leur modèle économique en cause, de A à Z. Le modèle basé exclusivement sur la rareté physique est complétement obsolète, c'est pas dur à comprendre. Les éditeurs reproduisent exactement les mêmes erreurs que les maisons de disques. L'attentisme à l'heure d'Internet est une faute grave. C'est pas faute de les avoir prévenu.
avatar lgda | 
C'est amusant, Google ne respecte pas la législation et bafoue le droit d'auteur, elle est surprise qu'on lui en fasse la remarque et joue l'effarouchée, "commeeeeeent ? c'est interdit ? " et ici on fait le procès des éditeurs parce qu'ils ont l'outrecuidance de rappeler leurs droits... Si ce droit ne vous convient pas changez la loi, mais n'inversez pas les rôles.
avatar fredb | 
@ redchou : Si tu es près a le distribuer, je suis intéressé pour en avoir une copie numérique. :)
avatar aeito | 
Pourquoi ne pas diffuser votre bible de programmation au format epub ou appli sur l'apple store ? Perso je ne comprends rien à la méthode de soumission des applis sur l'Apple store...
avatar RaZieL54 | 
@Ashram60 +1 Et de fait on peut remarquer qu'accessoirement c'est bel et bien la culture française, le français et ses représentations - et donc son accés et son apprentissage - qui disparaissent du Net. Si on peut trouver anormal que l'on puisse telecharger gratuitement sur les reseaux P2P des bouquins, revus, musique et films, il faut bien se rendre compte que l'écrasante majorité sont en anglais et que la popularisation de l'anglais en devient encore plus simple. Les populations pauvres, et donc majoritaires, n'ont plus accès maintenant qu'a la culture anglosaxonne. Le français devient de plus en plus réservé à une élite riche... Google est le diable? Le diable es celui qui offre l'accés à la culture et à la connaissance alors! De toute façon il ne faut pas se leurrer, pour l'industrie du divertissement, dont l'édition n'est que la plus ancienne espèce, la culture n'est qu'un business et il doit être toujours plus rentable! Le mercantilisme a remplacé les Lumiéres et l'esprit des encyclopédistes! Alors oui les anciens ouvrages ne sont plus editées dés que le manque de demandes tombe sous un pourcentage toujours plus bas, mais des fois que cela pourrait rapporter dans le futur (une compilation ou une dition collector, hein), ils vont certainement pas les laisser être numérisées! On préfère mettre au pilon, comme on laisse pourrir fruits et légumes, plutôt que de faire de bas bénéfices! Mon propos choque? Mais la réalité des droits d'auteur et encore plus choquante, faut pas se leurrer, car à part pour une poignée de privilégiés faisant exception, ils ne font pas vivre son homme. Par contre, les rentiers(ayants-droits) de l'edition sont, comme pour le secteur de la musique et de la video, les directeurs, patrons et surtout actionnaires des sociétés d'édition et de distribution. La culture avait l'opportunité de la licence globale. Les états ont le devoir d'éducation et de mise à disposition libre du savoir de l'information et de la culture, il faudrait le rappeler de temps en temps!
avatar 2fast | 
@ rom54 : La licence globale ? Beurk. Faut vraiment être déconnecté de la réalité pour penser qu'un tric pareil marcherait. C'est quoi le modèle de redistribution ensuite ? Comment imposez-vous une licence globale suffisante pour faire vivre tous les acteurs ? Déjà pour la musique seule, c'est impossible, alors pour "la culture", je vous dis pas... C'est vraiment un délire de libriste irréalisable mais tellement chic et dans l'air du temps, sur un air de "la culture est pour tout le monde, soyons beaux et gentils". Démago.
avatar 2fast | 
@ rom54 : J'ai oublié d'en rajouter une couche : il serait donc normal de se faire piller son travail sous prétexte que la propriété intellectuelle, c'est has-been.
avatar RaZieL54 | 
Il est anormal de se faire piller son travail, surtout par des éditeurs et des distributeurs et leur actionnaires. Il est encore plus anormal qu'un artiste ou auteur voit son travail indiffusable et inconsultable car l'éditeur ne le trouve pas assez rentable. Il est aussi anormal que la diffusion d'une oeuvre artistique soit soumise à des critères mercantiles d'une société commerciale. La démagogie consiste à faire croire que la culture inféodée à un système mercantile industriel peut perdurer. L'industrie tend inévitablement à une normalisation et une standardisation de ses produits. La culture et l'art nécessitent au contraire une diversité et une originalité croissante. Un produit industriel existe car il s'achète, une oeuvre existe car elle dérange, apporte réflexion et information nouvelle. Les deux sont totalement opposés, dans leur buts comme dans leurs moyens. Concernant la licence globale, rappelez vous que l'écrasante majorité des artistes et auteurs en France sont bénéficiaires du RSA et sont dépendant d'allocations et subventions pour faire vivre leurs projets. Et il y a aussi des mécènes qui sont heureusement la. Il y a aussi les petits boulots précaires... Meme s'ils espèrent "faire fortune", la majorité vit donc de faibles revenus et leur motivation est la création et sa diffusion. Devenir artiste ou auteur dans l'objectif de très bien gagner sa vie est une utopie. Par contre vouloir avoir des moyens décents est un droit. La licence globale serait donc un moyen d'accroître les revenus des artistes et auteurs et d'arrêter de les inclurent dans les minima sociaux. De plus les artistes qui "signent" avec des éditeurs, sont soit des produits issus du marketting et a durée de vie majoritairement courte, soit des vrais artistes qui ont survécu grâce aux allocations sociales le temps que leur oeuvre se concrétise et se diffuse. Les éditeurs privatisent ainsi à leur seul bénéfice des profits permis par des fonds publics! Est ce normal? Partant de ce constant, je pense que les voies de mise en oeuvre de la licence globale ne sont pas très complexe à concrétiser surtout pour des structures étatiques aussi fortes qu'actuellement. Bien sur cela s'opposerait a la conception de la rétribution "au mérite" définit par le profit financier, mais il s'agit d'une donnée incompatible avec la valeur artistique d'une oeuvre. Cela serait aussi incompatible avec l'existence de sociétés d'édition telles qu'on les connaît actuellement et cela signifierai t probablement la faillite des sociétés de distribution, l'accés libre par le Net rendant inutiles les divers intermédiaires séparant l'auteur du public... Mais cela s'opposerait surtout à la notion de marchandisation et d'industrialisation de la culture, et ça c'est autrement plus difficile à dépasser surtout en rapport des intrications actuelles entre le politique et l'industrie du divertissement...
avatar Vrac | 
@ rom54 : je doutais de trouver encore quelques commentaires bien étoffés et des affirmations justifiées par l'exemple et la réflexion sur ce site, voilà chose faite. Commentaire très pertinent donc, merci.
avatar Guillaumeg33 | 
@ rom54 : merci pour tes explications. Tu prends le temps de fournir une réponse qui montre bien la dégradation des instruments actuels d'accès à la culture par le communautarisme sauvage de certains. C'est devenu un défi à l'intelligence de voir la création de richesses détournée systématiquement par ces vils profiteurs, qui ne sont au final que nos nouveaux pauvres, monétisant des valeurs obsolètes reposant sur une économie dépassée. Il serait temps de les aider à sauver ce qui peut l'être avant qu'ils se consument d'eux même et ne brulent leurs livres pas cette aveu d'impuissance. Mais l'histoire doit elle se souvenir de l'élitisme qu'ils on contribué â mettre en place ou doit on les condamner pour leurs dérives ?
avatar RaZieL54 | 
@redchou Effectivement ce genre d'ouvrages n'est plus du tout rentable. Aujourd'hui ce type d'ouvrage, dont la durée de vie est très courte en plus, est formaté et réalisé par des grosses sociétés spécialisées ayant des accords avec les boites de softs afin d'avoir accès aux produits bien avant sa disponibilité. De plus il existent nombre de tutoriels libre et accessibles gratuitement sur le Net. Par contre si tu veux pouvoir gagner de l'argent avec ton expertise, animes des formations. Tu peux aussi mettre en lignes tes ecrits et tutoriels sur le sujet avec des annonces publicitaires pour rentabiliser un peu. Les gens vont acheter de plus en plus des livres pour son coté durable, et donc acheter de moins en moins de bouquins sur papier.

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