L’offre Kindle Unlimited dans le viseur de Fleur Pellerin

Sylvain |

Depuis son arrivée au ministère de la Culture, Fleur Pellerin veut montrer que le « savoir-faire » français doit être préservé. La dernière initiative d’Amazon, qui a déjà fait l’objet d’une loi autour de son taux de TVA et de sa livraison gratuite de livres, ne plait pas du tout à la ministre et à la filière concernée.

Fleur Pellerin à la conférence LeWeb en 2013 (Crédits : DR)

Quelques jours avant Noël, l’e-marchand a ainsi lancé Kindle Unlimited, un service qui donne accès à une bibliothèque de 700 000 livres de manière illimitée, contre 9,99 € par mois (0,99 € le premier mois jusqu’au 10 janvier). Dans le catalogue français on ne trouve pas les dernières nouveautés, mais on peut toutefois profiter de succès comme les Harry Potter, mais pas d’oeuvres signées Patrick Modiano.

Cette nouvelle offre n’est pas du goût de la SGDL (la Société des gens de lettres), qui s’est dite « hostile ». Fleur Pellerin, pour sa part, a demandé un avis juridique à la nouvelle médiatrice du livre (Laurence Engel) explique Le Figaro. Cette offre « ne semble pas conforme à la loi » de 2011 sur la rémunération des acteurs de la filière du livre. Une loi qui permet aussi aux éditeurs de fixer le prix de leurs ouvrages, quel que soit le format papier ou numérique.

Kindle Unlimited ne permettrait donc pas toutes ces dispositions : « Nous ne connaissons pas aujourd’hui les conditions de rémunérations des éditeurs », a expliqué la SGDL au quotidien. Une réunion est en tout cas prévue pour janvier afin de juger de la légalité d’une telle offre en France, et donc de son maintien, qu’il s’agisse d’Amazon ou d’un de ses concurrents.

avatar Wolf | 

On peut aussi dire, dans ce cas, que l'abonnement à une bibliothèque est aussi hors la loi puisque le principe est le même ...

avatar Boud | 

Pourquoi ? Rien n'empêche l'éditeur de fixer le prix dans une bibliothèque.

La question ici est de savoir si l'éditeur fixe les prix ou amazon ?

L'abonnement n'est nullement remis en cause ici.
Si Amazon fixe les prix => illégal
Si l'éditeur fixe les prix => légal
C'est aussi simple que ça.

avatar MrFloyd | 

@Boud :
Je n'ai pas compris ton raisonnement sur fixer / pas fixer. Avec un abonnement forfaitaire qui te permet de lire tout ce que tu veux, quel est le choix laissé à l'éditeur ?

avatar Boud | 

Tu ne peux pas lire ce que tu veux, après c'est le principe de l'abonnement même. Toi tu n'as rien à voir avec le prix fixé par l'éditeur et le montant de ton abonnement.

Amazon peut très bien payer 10 euros un éditeur, et 10000000 euros un autre, ou ne pas justement payer un éditeur et tu n'auras pas accès à un livre par exemple.

L'éditeur a donc le choix du prix, même si ce choix peut paraitre restreint pour un tas d'autres raisons, il est essentiel pour la loi.

avatar MrFloyd | 

@Wolf :
Il ne me semble pas, car la bibliothèque (qui a payé les ouvrages au prix éditeur) ne peut distribuer plus d'exemplaires qu'elle n'en a acquis, et ce pendant une durée limitée pour chaque emprunteur.
Le modèle serait donc différent.

avatar patrick86 | 

"Il ne me semble pas, car la bibliothèque (qui a payé les ouvrages au prix éditeur) ne peut distribuer plus d'exemplaires qu'elle n'en a acquis, et ce pendant une durée limitée pour chaque emprunteur."

A la différence près que, sur Internet, le coût marginal de production d'un exemplaire est nul.

Si une bibliothèque veut 2 exemplaires d'un ouvrage dans ses rayons, elle doit acheter ces 2 exemplaires, qui sont 2 livres qu'il aura fallu imprimer.

Sur Internet, distribuer 1 ou 2 copies d'un livre coûte la même chose.

Donc oui, on peut poser cette question : pourquoi une bibliothèque peut prêter moult ouvrages en échange d'un abonnement, mais sur Internet on dirait "Nan, pas bien ! Pas légal".

J'en vois déjà me dire "ben ouais, sauf qu'à la bibliothèque les livres il faut les rendre. En numérique on peut garder une copie".

Ouais… Un livre papier c'est comme un CD audio : y'a pas de DRM dedans. Ça se scan un livre.

avatar Armand07 | 

Je n'y aurai pas pensé, mais tout à fait ! Et bien souvent subventionnées par les mairies ...

avatar enzo0511 | 

Pellerin ne fait rien dans l'intérêt du consommateur, elle ne fait que céder aux lobbys qui ne cessent de protéger leurs marges

les abo existent déjà pour le cinéma et la musique, c'est comme ça qu'on accède à la culture et qu'on lutte contre le piratage

avatar Boud | 

Tu as lu l'article avant de critiquer ? ....

avatar arekusandoro | 

@enzo0511 :
Cet abonnement n'est pas pour toi car tu semble avoir des problèmes pour lire un article...

avatar philiipe | 

Finalement, Amazon n'est il pas un vrai "agitateur culturel" ? (Ce que la Fnac n'est plus vraiment)

Toujours est il, je suis abonné à l'offre illimitée et je peux vous dire que je n'irais pas au-delà de 1 mois : il n'y a trop peu de livre en français...

avatar bompi | 

C'est l'occasion d'améliorer son anglais.

avatar vache folle | 

Entre nous, si FP veut empêcher Amazon de vous fournir cette option sur votre territoire, rien ne vous empêche d'aller sur les autres sites d'Amazon.
L'extension .fr n'est pas la seule disponible.
Perso, toutes mes commandes chez eux se font via le site .com (usa).
En fonction des mots-clés, il y a environ 100'000 livres en français disponibles.

avatar poikoi | 

Donc, ce n'est pas la culture qui compte, c'est le pognon.

avatar NoxDiurna | 

Cette obsession de cadres légaux empêchant l'évolution de la société française est un vrai frein pour son économie. Au lieu d'adapter les offres aux demandes, ces lobby et acteurs politiques sous influence tendent d'imposer les règles qui ne sont plus en phase à la réalité. Ils tendent de trouver une morale là où il y en a pas en mettant en avant les lois mais ces lois même étant dépassées, ils sont vides de sens.

avatar finaleSportivo | 

@NoxDiurna :
Et après t'en a qui disent d'arrêter de critiquer la France. Pffff

avatar JLG47_old | 

Il y a près de chez moi 10 bibliothèques et médiathèques de prêt.
Je pays un abonnement de 50€.
Combien sont rémunérés les "gens de lettre"?
Ou est le problème avec amazone qui demande 120€?

avatar cherbourg | 

@JLG01 :
Bien vu. Vraie question. Adorerais avoir la réponse.

avatar bam | 

Bonjour
Pour avoir été un peu dans l'industrie musicale au moment du décollage des services de streaming illimités, voici un parallèle qui pourra vous faire comprendre les réticences justifiées de la Sté des Auteurs.

Le lancement d'un service illimité s'accompagne d'une négociation avec les maisons d'éditions qui distribuent les biens culturels de leur catalogue. Le modèle économique présenté par le diffuseur (Amazon ici) passe par une baisse drastique de la rémunération par titre (on parle de quelques centimes) sur l'hypothèse que l'effet volume sera en fin de compte bénéfique pour (presque) tous.
Typiquement, mieux faut récupérer 1m de fois 1c que 5000 fois 1€.

Cette baisse de la rémunération est répercutée aux auteurs. La maison d'édition présentant le même schéma.

L'expérience montre que la mise en place de ce principe tue les auteurs / artistes "niches".
Si effectivement un Eric Zemour ou un Marc Levy veront la diffusion de leurs écrits augmenter, ce n'est pas le cas d'auteurs moins populaires. Leur volume de vente sera identique, mais leur rémunération divisée par 20.

Bref, l'effet économique des offres illimitées c'est que demain, les produits marketing à grande diffusion seront les seuls à pouvoir faire vivre leurs auteurs. Je ne suis pas sûr que pour la richesse culturelle d'un pays et d'une langue cela soit souhaitable.

Derrière cette question se pose la logique même de l'exception culturelle !

avatar ckermo80Dqy | 

Merci, merci et merci. Clair et précis. Je me permettrai, si tu m'y autorises, de reprendre ton texte de temps à autre pour illustrer la façon dont on s'est fait avoir dans l'industrie musicale. Streaming = arnaque du siècle. Et dieu sait combien, sur ces forums et d'autres, on est en butte à des avis tranchés (mais ignorants du sujet) ou des commentaires haineux, dès qu'on aborde les des droits d'auteurs, la protection des ayant-droits ou la redevance copie privée etc. J'espère que les éditeurs et auteurs tiendront bon !

avatar curly bear | 

Allez demander à Broders aux USA ce qu'ils pensent de la politique de vente à perte suivie par Amazon.
Amazon perds de l'argent chaque mois pour étouffer et tuer la compétition. Tant que les défenseurs du prix le plus bas ne comprendront pas que c'est, à terme, une perte de liberté pour tous feront le lit de la politique d'Amazon.

avatar ovea | 

@curly bear :
Pas forcément si on compte sur un mécanisme de compensation pour éviter la rémunération des seuls auteurs à gros volume de vente pour du contenu sans réel intérêt au détriment des contenus plus subtils

avatar tchit | 

En même temps si les "gens de lettres" consultaient les livres proposés sur Kindle Unlimited ils se rendraient compte qu'ils n'ont pas grand chose à craindre. A part peut-être que les gens qui les lisent risquent de perdre quelques neurones.

avatar arekusandoro | 

Je trouve effectivement anormal qu'un livre numérique se retrouve plus cher qu'un livre normal...comme si les éditeurs n'avaient pas compris ce qu'il s'était passé en musique ou vidéo...mais amazon doit respecter la loi. De plus, faut arrêter de croire qu'Amazon fait Ca dans l'intérêt du consommateur...ce n'est pas une association !

avatar Jitav | 

@cherbourg @JLG01 :
Je viens de regarder quelques docs budgétaires de bibliothèques sur internet...
Les abonnements des lecteurs représentent moins de 10% des recettes.
Les acquisitions de livres, CD, DVD... représentent 10 à 20% des dépenses ; le plus gros poste étant le personnel.
Donc, pour reprendre l'exemple de frais d'inscription annuels de 50 euros à votre bibliothèque, il y aura a côté, en gros, 450 euros de subvention. Le tout permettant 50 à 100 euros d'achats d'œuvres... De mémoire, un auteur touche 5-10% du prix de vente. Alors sur vos 50 euros de bibliothèque les auteurs devraient toucher 6-7 euros.
Bon c'est très approximatif, on en retiendra l'ordre de grandeur...

avatar poulpe63 | 

« Nous ne connaissons pas aujourd’hui les conditions de rémunérations des éditeurs »

Dans une bibliothèque ? Celle du livre, par exemplaire qui sera lu x fois / an sans contrepartie.

Le système par abonnement type Amazon ? On peut imaginer une rémunération proportionnelle au nombre de fois où l'ouvrage est lu (donc, plus il est lu, plus l'éditeur empoche, contrairement à une bibliothèque où il n'empoche sa dime qu'une seul fois... en 20 ou 30 ans, pour certains livre ;p )

avatar Antiphon | 

C'est vrai que la pauvre Fleur Pellerin, incapable de lire un livre depuis qu'elle est Ministre (cf. son entrevue avec Modiano), ça doit bien l'affoler, la lecture en illimité… ;)

avatar arekusandoro | 

@Antiphon :
Bah le fait qu'elle ait pas le temps ne veut pas dire qu'elle n'en est pas capable...

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