Tim Sweeney peut sabrer le champagne. Epic est toujours en procès dans sa grande bataille contre les boutiques d’apps et vient de remporter une manche capitale contre Google. Le juge James Donato a rendu sa décision finale sur cette affaire, ordonnant à Google d’ouvrir son Play Store à la concurrence pendant 3 ans. Autrement dit, elle va devoir distribuer les boutiques d’apps tierces comme l’Epic Games Store directement sur le Play Store, mais aussi donner un accès à son propre catalogue à la concurrence.
Google va devoir faire de nombreuses concessions. Le jugement implique qu’elle n’exige plus de passer par son système de paiement maison pour les apps du Play Store, et que l’entreprise laisse les développeurs informer leurs clients de moyens de paiement alternatifs. Les créateurs d’apps pourront désormais donner des liens pour télécharger leurs apps en dehors du Play Store, mais aussi fixer leurs propres prix, indépendamment du système de Google.
De nouvelles restrictions vont s’appliquer à Google : elle ne pourra plus payer des développeurs ou leur donner des avantages pour qu'ils lancent leurs applications sur le Play Store en exclusivité ou en priorité, voire leur demander de snober les boutiques concurrentes. Elle ne pourra plus passer de contrats avantageux avec les fabricants de smartphones pour les inciter à préinstaller sa boutique et à faire l’impasse sur les boutiques concurrentes.
La pression monte sur Google depuis quelque temps. Epic a remporté son procès en fin d’année dernière, tandis que le Département américain de la justice américaine a estimé cet été que Google avait un monopole et qu’elle avait « agi en tant que tel pour le maintenir ». Les différents procès ont permis d’en apprendre beaucoup sur la cuisine interne de Google : deal avec Spotify, accords avec certains éditeurs, programme visant à éviter que les développeurs n’aillent voir ailleurs…
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Si Google a largement perdu, elle va garder une certaine marge de manœuvre au niveau de la sécurité : le juge estime que Google peut « prendre des mesures raisonnables » qui sont « strictement nécessaires et étroitement adaptées » et qui sont « comparables » à la manière dont elle gère actuellement le Play Store. Des frais pourront être facturés pour ce contrôle, ce qui ne devrait pas manquer d’énerver Epic. Tim Sweeney estime qu’un tel contrôle pourrait servir à dissuader les développeurs tiers. En attendant, la firme de Mountain View a 8 mois pour mettre un tel système en place, qui sera supervisé par Epic et Google.
Sans surprise, Google a annoncé faire appel de ce jugement. Elle explique être en concurrence directe avec Apple pour attirer clients et développeurs, et qu’une telle décision risque de limiter ses moyens pour concurrencer iOS. Google rappelle qu’Android permet de télécharger des applications directement depuis le web et qu’elle prend en charge l’installation de boutiques tierces depuis toujours. Elle précise :
Comme nous l'avons déjà indiqué, ces changements mettraient en danger la vie privée et la sécurité des consommateurs, compliqueraient la tâche des développeurs pour promouvoir leurs applications et réduiraient la concurrence sur les appareils. En fin de compte, bien que ces changements satisfassent probablement Epic, ils entraîneront une série de conséquences imprévues qui nuiront aux consommateurs américains, aux développeurs et aux fabricants d'appareils.
De son côté, Epic y voit une victoire et a annoncé que l’Epic Games Store arriverait sur Google Play en 2025 aux États-Unis, le tout « sans les alertes effrayantes de Google et leur taxe de 30 % ». Tout n’est pas gagné pour autant, Epic ayant initialement demandé une ouverture de 6 ans et la possibilité de sideloader une app en un clic. Sur le papier, les nouveautés devront être mises en place à partir du premier novembre et durer jusqu'en 2027.
Source : The Verge