L'Utah compte parmi les très rares États américains qui utilisent déjà une application de traçage de contacts pour freiner la diffusion de la Covid 19 et leurs choix vont à l'encontre de la future proposition technique d'Apple et de Google.
Dans l'Utah, 45 000 personnes utilisent l'app Healthy Together, rapporte CNBC. Cela représente 2 % de la population de cet État de l'Ouest américain, frontalier avec le Nevada.
Cette application a été conçue par une société privée, Twenty Holdings, éditrice de Twenty, une app de réseau social pour les jeunes. L'Utah l'a achetée pour 1,7 million de dollars (1,89 million d'euros), avec un autre million pour les mises à jour. Il paiera aussi 300 000 $ par mois de frais de fonctionnement à Twenty Holdings pour le premier million d'utilisateurs, et 30 cents pour chaque utilisateur supplémentaire.
Par certains aspects de son fonctionnement, Healthy Together diffère radicalement de la méthode mise au point par Apple et Google avec l'API "Exposure Notification" (lire aussi Traçage des contacts : qu'est-ce que c'est et que préparent Apple et Google ?) et actuellement en bêta-test dans iOS 13.5.
Avec Healthy Together, le Bluetooth est pareillement utilisé mais aussi et surtout le GPS et la localisation par triangulation Wi-Fi. Lorsqu'un utilisateur reste au moins 10 minutes au même endroit, sa position est consignée dans l'app avec le nom de l'endroit.
À terme, une fois l'app sortie de bêta-test, lorsqu'une personne est déclarée atteinte de la Covid 19, elle pourra décider de partager cette liste de lieux avec les équipes des autorités sanitaires, chargées d'identifier les zones de possible contamination. L'objectif, pour les concepteurs de cette app, est de réduire le temps d'appel — durant lequel le sujet rassemble ses souvenirs à propos des endroits où il a pu aller — de 1h à seulement un quart d'heure environ. Ils soulignent que ces données de géolocalisation sont supprimées au bout de 30 jours.
À l'inverse, l'API de Google et d'Apple proscrit toute utilisation des ressources système de géolocalisation et les bloque même (lire traçage des contacts : Apple et Google donnent des exemples d'interface avec leur API commune). Aucune donnée personnelle n'est transmise par l'app vers les autorités de santé, ce sont les utilisateurs éventuellement malades qui feront la démarche de fournir des informations, sans le concours de l'app.
Les concepteurs de Healthy Together soulignent que l'utilisateur a toute latitude pour empêcher le partage de sa position GPS et même du Bluetooth, mais on en déduit assez facilement que cela rendra l'application largement inutile, au-delà de son rôle d'information sur les symptômes de la maladie.
Seulement deux autres États, le Dakota du nord et son voisin du sud, utilisent une app de traçage des contacts, constatait récemment Lawfare. Ils ont porté leur choix sur l'app Care19 conçue par ProudCrowd, l'éditeur de Bison Tracker, une app pour les supporters d'une équipe de football américain.
Comme pour l'autre app, la position géographique des utilisateurs est exploitée lorsqu'ils restent au moins 10 minute au même endroit. Les utilisateurs sont même encouragés à compléter manuellement ces données le cas échéant, ainsi qu'à les ranger en catégories (comme les commerces, le lieu de travail).
L'État du Dakota du nord indique que l'app va continuer d'améliorer sa partie relative à la géolocalisation mais dans le même temps, il affirme vouloir adopter l'API d'Apple et de Google dès sa sortie. Deux options diamétralement opposées, ce sera l'une ou l'autre mais pas les deux ensemble.