Face à des régulateurs très remontés, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, Apple lance une défense tous azimuts de ses intérêts. Pas question d'autoriser le sideloading sur l'iPhone, autrement dit la possibilité d'installer des applications depuis autre chose que l'App Store. Dans un rapport de 16 pages intitulé « Construire un écosystème de confiance pour des millions d'applications », le constructeur montre à travers plusieurs exemples en quoi un App Store plus ouvert serait risqué pour les utilisateurs.
Le document commence par rappeler le volume des données importantes et privées qu'un iPhone conserve au chaud. Il présente ensuite plusieurs scénarios où une plateforme ouverte serait négative pour l'utilisateur : virus, vol d’informations personnelles et bancaires, ou encore contrôle parental détourné. Autant d'arguments utilisés par Apple pour rallier le lecteur — et les régulateurs — à son camp.
Cupertino compare également son système d'exploitation à celui de Google, en expliquant que le sideloading est une des raisons pour lesquelles il y a autant de malwares sur Android. Selon le rapport, un appareil Android a 15 fois plus de chances d'être infecté par un malware qu'un iPhone. Il rappelle aussi que les applications d'Android contiennent parfois des virus, des ransomwares ou des arnaques dont sont préservées les apps iOS (enfin presque).
Le rapport se termine par quelques chiffres sur la façon dont Apple sécurise sa boutique. 100 000 applications sont examinées chaque semaine par une équipe de 500 personnes travaillant dans plusieurs langues. Près d'un million d'applications à problèmes ont déjà été refusées pour des questions de sécurité, et Apple a expulsé 470 000 développeurs de son programme Developer pour des raisons liées à la fraude. L'entreprise explique avoir désactivé 244 millions de comptes utilisateurs louches (notamment des histoires de faux commentaires), et empêché plus de 1,5 milliard de dollars de transactions frauduleuses.
L'offensive ne s'arrête pas là. Apple a fait donner auprès de Fast Company son chef de la vie privée des utilisateurs, Eric Neuenschwander. Le dirigeant a porté la bonne parole du constructeur, expliquant que chaque application était examinée et analysée avant d'être publiée sur l'App Store, et qu'une fois téléchargée, elle doit encore demander la permission de l'utilisateur pour accéder à certaines fonctionnalités (caméra, appareil photo). Là encore, la réalité est plus nuancée que ce beau discours.
« Aujourd'hui, nous avons nos défenses techniques, nous avons nos défenses de politique, et nous avons toujours l'intelligence de l'utilisateur »
L'arrivée d'applications installées en dehors de l'App Store rendrait ces remparts inutiles. Il explique que même si les gens veulent rester sur la boutique officielle, les escrocs feraient en sorte de les convaincre de passer sur des App Store alternatifs. Les techniques des malfaiteurs seraient alors équivalentes à ce qui se fait sur Android sans qu'Apple ne puisse intervenir.
Une autre plateforme d'Apple soumise aux malwares est paradoxalement… le Mac. Si Apple a construit son OS mobile avec la sécurité de l'utilisateur en tête, la situation est différente pour le système d'exploitation de bureau. Celui-ci permet depuis toujours d'installer des applications provenant de n'importe où. Un problème relevé par Craig Federighi lors du procès Epic contre Apple, et la Pomme ne voudrait pas que celui-ci se retrouve sur sa plateforme mobile. Pour Eric Neuenschwander, le Mac est un problème de plus petite envergure : il y a beaucoup plus d'iPhone que de Mac, et en général les utilisateurs téléchargent moins d'applications sur leurs ordinateurs que sur leurs smartphones.
Apple est actuellement visé par de nombreuses enquêtes antitrust dans de nombreux domaines. Par rapport à l'App Store, les conclusions du procès Epic vs Apple sont toujours en attente. Malgré ses nombreux arguments, il se pourrait bien qu'Apple finisse par être obligée d'ouvrir sa plateforme…