Depuis la sortie d'iOS 15, Apple ajoute à Plans des représentations 3D des monuments dans certaines grandes villes. Si ces ajouts se font au compte-goutte, certaines applications ambitionnent de proposer quelque chose de similaire malgré un budget plus limité : c'est le cas de Zenly, qui ne dispose pourtant que de 10 personnes travaillant sur ce projet de cartographie. TechCrunch a pu s'entretenir avec Charly Delaroche, qui est à la tête de l’ingénierie de la carte. Il nous en apprend un peu plus sur la manière dont cet ambitieux projet a été mis sur les rails.
Zenly est une application de Snap qui ressemble au service « Localiser mes amis » en version multiplateforme : une carte sociale sur laquelle on peut voir ses connaissances et se recommander des lieux de sortie.
Pour cette application dédiée, les développeurs utilisaient autrefois MapKit et le SDK de Google Maps. Si ces outils propriétaires étaient suffisants aux débuts, ils ont fini par montrer leurs limites et à devenir contraignant pour les ambitions de l'entreprise. Celle-ci voulait proposer de nouvelles fonctions à ses utilisateurs, et la décision a donc été prise de créer des cartes maison basées sur un nouveau moteur 3D.
Charly Delaroche explique que se lancer dans un tel projet en 2019 a certains avantages, et que les équipes ont pu avant tout se concentrer sur les téléphones récents. Il n'y a pas besoin de prendre en charge de vieux smartphones ou de devoir travailler avec du code plutôt daté. Malgré cela, Zenly reste compatible avec les appareils tournant sous iOS 12 qui est disponible sur les iPhone 5S.
Pour ce qui est des données cartographiques, Zenly se base sur les informations d'OpenStreetMap, qui sont libres et construites par la communauté à la manière de Wikipédia. Ces informations sont ou ont pu être utilisées par de grandes entreprises comme Apple, Facebook ou Microsoft. D'autres données ont été achetées à des partenaires.
Sous le capot, un moteur 3D multiplateforme fait sur mesure a été créé à partir de 0. Codé en C et C++, il prend en charge le rendu physique, le rendu différé et les cartes d'ombre temporelles. Cela permet à l'entreprise de faire sauter quelques anciennes limitations techniques : elle peut par exemple faire apparaitre en gros le nom d'un ami de l'utilisateur plutôt que le nom d'une ville lorsque cela est pertinent.
D'autres petites fonctions ont pu être mieux intégrées tel le « brouillard de guerre », un élément repris des jeux vidéo de stratégie cachant volontairement certaines parties de la carte. Cette nouvelle version permet également de rechercher des lieux, et pas seulement des personnes.
L'ajout de ce moteur 3D a permis à Zenly d'implanter de nombreux effets visuels sur ses cartes. Sur les routes, on peut observer des petits camions ou des voitures. Les forêts sont constituées d'arbres en 3D, tandis que l'on pourra voir des canards ou des bateaux sur les rivières. En tapotant sur l'eau, un effet d'éclaboussures apparait.
Tout cela est généré automatiquement par un ensemble de règles et d'algorithmes. Ce n'est pas le cas des monuments, qui sont faits main. L'équipe de Zenly travaille avec deux studios et a développé des outils permettant de créer des bâtiments repris dans un style amusant et qui ne cherche pas à être photoréaliste.
Ces nouvelles cartes sont en cours de déploiement et devraient être accessibles pour tous les utilisateurs de Zenly d'ici la fin de l'année. L'équipe envisage d'ajouter de nouvelles villes avec des bâtiments modélisés environ toutes les deux semaines. Si le projet est ambitieux, l'application n'a pas pour but de se frotter à Google Maps ou Apple Plans. Elle ne propose pas de fonction GPS et ne vise pas forcément une précision à 100 % partout dans le monde. Zenly compte aujourd'hui 35 millions d'utilisateurs actifs par mois, ce qui n'est pas grand chose par rapport à d'autres réseaux sociaux (1,3 milliard pour Instagram).
Source : TechCrunch