De plus en plus attaquée par ses rivaux et scrutée par les autorités au sujet d'éventuelles pratiques anticoncurrentielles, Apple va lâcher du lest sur un point : le fait que l'on ne puisse pas changer les applications iOS définies par défaut.
Ne vous réjouissez pas trop vite, il n'est pas question de pouvoir remplacer Mail par Outlook ou Safari par Chrome comme app par défaut, le geste consenti par Apple est, disons, prudent.
Dans une mise à jour d'iOS qui sortira d'ici la fin de l'année, Siri utilisera par défaut les applications que les utilisateurs emploient le plus fréquemment pour communiquer avec leurs contacts, a indiqué Apple à Bloomberg.
Par exemple, si vous utilisez toujours WhatsApp pour communiquer avec votre cousin, Siri utilisera automatiquement WhatsApp quand vous lui demanderez d'envoyer un message à votre cousin. Cela sera réservé aux messages dans un premier temps puis s'ouvrira plus tard aux appels audio et vidéo.
Actuellement, il faut spécifier à Siri que l'on veut utiliser WhatsApp, autrement le texto est envoyé par défaut avec l'application Messages préinstallée.
Le nouveau fonctionnement plus favorable aux applications tierces implique que celles-ci soient adaptées à Siri (utilisation de l'API SiriKit). Apple ne précise pas s'il sera possible de forcer soi-même l'emploi de telle ou telle messagerie avec Siri, ce qui signifie peut-être qu'il faudra s'en remettre exclusivement à l'intelligence de l'assistant.
Ce choix automatique de Siri fait en tout cas penser au nouveau menu de partage d'iOS 13, qui met en avant les partages les plus fréquents. Pour l'instant seuls des partages via Mail ou Messages sont proposés, mais les développeurs ont à leur disposition une API pour s'intégrer à ces suggestions.
Ce petit pas en faveur des applications tierces s'inscrit dans un contexte tendu pour Apple. Depuis le début de l'année, Spotify mène la fronde contre la position « monopolistique », selon lui, d'Apple. À Bloomberg qui note que le nombre d'applications préinstallées (et définies par défaut) augmente quasiment chaque année dans iOS, Apple a répondu que ses apps préinstallées ne représentent que 0,00002 % du catalogue de l'App Store, fort de 2 millions d'apps.
Apple, épinglée pour avoir favorisé ses propres apps dans les recherches de l'App Store, a également indiqué que les contenus éditoriaux de la boutique portaient sur des apps tierces 99 % du temps.
Cela ne répond pas aux demandes des développeurs tiers, qui veulent les mêmes droits que les applications d'Apple. Oui, depuis iOS 10, vous pouvez supprimer Mail et la plupart des autres apps de Cupertino. Mais vous ne pouvez toujours pas définir une autre application par défaut à la place.
Résultat, quand vous touchez un lien dans votre navigateur ou une app pour envoyer un email, c'est une fenêtre de Mail/iOS qui s'ouvre… et qui ne vous permet pas d'envoyer de courrier, puisque votre compte email a été supprimé en même temps que Mail. Pour Readdle, qui commercialise le client mail Spark, ce comportement dégrade l'expérience utilisateur.
Le mois dernier, dans le cadre d'une vaste enquête sur les mastodontes du numérique, la Chambre des représentants des États-Unis a demandé des informations détaillées à Apple sur ses pratiques en matière de concurrence (applications par défaut, « sherlockage » d'apps, utilisation obligatoire de WebKit…). La firme a jusqu'au 14 octobre pour transmettre ses réponses.