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iPhone 6 : un appareil photo qui (se) dépasse

Anthony Nelzin-Santos

mercredi 10 septembre 2014 à 16:32 • 77

iPhone

L’iPhone est l’appareil photo le plus utilisé du monde : les rumeurs sur ses composants photographiques sont donc suivies avec attention, et le produit final décortiqué sous toutes ses coutures. La rumeur laissait entendre que les 13 Mpx de l’excellent Sony Exmor IMX220 prendraient place dans l’iPhone 6, mais Apple a finalement fait le choix de rester à 8 Mpx. De fait, et comme souvent, elle a tapé un peu à côté pour contenter ses clients sans manquer ses propres objectifs.

S’il est toujours placé derrière un objectif ƒ/2.2 et compte toujours 8 Mpx, le capteur de l’iPhone 6 et de l’iPhone 6 Plus diffère de celui de l’iPhone 5s d’une façon majeure : il intègre un système d’autofocus à détection de phase. Tous les appareils photo compacts ou presque intègrent un autofocus à mesure de contraste. Lorsque l’image n’est pas nette, deux photosites adjacents reçoivent un signal très similaire ; plus l’image est nette, plus le contraste entre ces deux photosites est censé augmenter : la mise au point est effectuée de proche en proche.

Ce système n’est ni très fiable, ni très rapide, mais il possède l’énorme avantage de n’occuper qu’un espace très réduit. L’autofocus à détection de phase est beaucoup plus précis et beaucoup plus rapide, mais il s’appuie sur des systèmes télémétriques traditionnellement composés de plusieurs miroirs, de filtres et de masques, de lentilles et d’un capteur dédié. Des fabricants d’appareils compacts comme Olympus et Fujifilm ont cependant réussi à réduire ces systèmes télémétriques à un « simple » jeu de photosites intercalaires, prenant place entre les photosites dédiés à la prise de vue. L’analyse de la différence de phase des ondes lumineuses reçues par un photosite « gauche » et un photosite « droit » permet de mesurer la distance du sujet.

Cette petite merveille de technologie, jusqu’ici réservée aux compacts experts et appareils à objectifs interchangeables, trouve donc aujourd’hui place dans l’iPhone 6 et l’iPhone 6 Plus. Plus rapide et plus précis, les autofocus à détection de phase ne sont toutefois pas parfaits : ils s’entêtent parfois à faire le point trop en avant ou trop en arrière, et même les modules complexes des appareils reflex les plus chers peinent à « accrocher » leur sujet dans des conditions de luminosité extrême (grand soleil sur neige, nuit noire…). Ceci explique qu’un fabricant comme LG s’intéresse aux bons vieux autofocus actifs à infrarouge, qui excellent justement là où les autofocus passifs calent — qui sait, peut-être qu’Apple planche elle aussi sur un tel système hybride pour de futurs iPhone.

Nokia, LG ou encore HTC ont réussi à équiper certains de leurs smartphones du même système de stabilisation optique que celui que l’on trouve dans les optiques haut de gamme. On s’attendait à ce qu’Apple fasse de même, et elle l’a fait… uniquement sur l’iPhone 6 Plus. D’aucuns regretteront que la firme de Cupertino ait fait le choix de la finesse plutôt que de la stabilisation optique sur l’iPhone 6, mais celui-ci intègre tout de même un système de stabilisation numérique comme certains smartphones de Samsung et Sony. Les systèmes de stabilisation numérique compensent les tremblements de la main presque aussi bien que les systèmes de stabilisation optique : grâce à son processeur de traitement numérique du signal plus puissant, l’iPhone 6 prend quatre prises de vue en un temps extrêmement bref, élimine les plus floues et fusionne les autres, afin d’obtenir un cliché le plus net possible.

Reste que seuls les systèmes de stabilisation optique comme celui de l'iPhone 6 Plus sont capables de compenser les mouvements de plus grande ampleur, par exemple lorsque l’on allonge le temps d’exposition pour photographier à basse sensibilité avec un éclairage faible. Dans ce cas, le M8 relève les données de mouvement du gyromètre, et commande à de petits électroaimants de déplacer l’optique dans le sens inverse. La main et le smartphone bougent, pas l’optique : l’image est donc nette. Évidemment, ces dispositifs ne font pas de miracle et ne peuvent compenser que des mouvements de très faible amplitude.

Le processeur de traitement numérique du signal (DSP) évoqué plus haut est souvent oublié, alors que c’est un des composants les plus importants dans un appareil photo numérique. Apple a d’ailleurs plus souvent amélioré la qualité des photos de l’iPhone en travaillant son DSP plutôt qu’en améliorant son capteur ou son optique, et c’est à nouveau le cas pour l’iPhone. Le DSP de l’iPhone 6 permet de tirer une plus grande dynamique d’un petit capteur qui n’en a pas beaucoup à revendre, et de mieux traiter le bruit qu’un circuit si dense ne manque pas de générer. Il est particulièrement important dans la restitution du micro-contraste et des nuances de couleur — et ouvre la voie à un mode vidéo HDR exclusif aux iPhone 6 et 6 Plus.

Le mode vidéo lui-même bénéficie de toutes ces avancées : on peut désormais filmer en 1080p à 60 i/s, ou en super slo-mo à 240 i/s en 720 p. Seule la partie centrale du capteur étant utilisée pour filmer, les photosites environnants offrent une marge sur laquelle empiéter pour diminuer l’effet des mouvements — c’est une autre forme de stabilisation numérique, qui a fait ses preuves depuis des années. On est moins convaincu qu’Apple a réussi là où Canon, Nikon, Sony et tous les autres ont échoué, en proposant un autofocus continu qui ne perde jamais son sujet ou ne décide jamais de n’en faire qu’à sa tête. Qu’il fonctionne à peu près correctement dans la moitié des cas, et ce sera déjà un exploit qu’il faudra saluer !

Bref, Apple n’a pas forcément amélioré le module photo des iPhone comme on pouvait s’y attendre, ce qui ne veut pas dire que les progrès ne seront pas réels. Il faut cependant garder à l’esprit que le plus grand facteur limitant est la taille des photosites : à définition égale, un plus grand capteur disposerait d’une plus grande dynamique et serait un peu moins sujet au bruit. Il faudrait au passage augmenter la taille du stabilisateur et de l’optique, ce qui permettrait de les améliorer… mais Apple semble avoir fait de la finesse de ses appareils sa principale priorité, avant ces améliorations simples et efficaces. Pour le moment, sa ténacité lui permet de rivaliser avec ses concurrents sans renier ses objectifs ; reste à savoir combien de temps elle pourra poursuivre dans cette voie semée d’embûches techniques.

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