Validation de l’App Store : Apple renvoie Spotify dans les cordes

Anthony Nelzin-Santos |

Accusée par Spotify d’utiliser les règles de l’App Store comme d’une « arme » pour étouffer sa concurrence, Apple n’aura pas tardé à répondre. « Nos règles favorisent la concurrence », assure Bruce Sewell, le directeur juridique de la firme de Cupertino. « Vous le savez, puisque Spotify a grandement bénéficié de l’App Store », continue-t-il dans une lettre obtenue par Buzzfeed.

Daniel Ek, fondateur et CEO de Spotify. Image CC BY Magnus Höij.
Daniel Ek, fondateur et CEO de Spotify. Image CC BY Magnus Höij.

Et de dévoiler des chiffres que Spotify aurait sans doute préféré conserver secrets : depuis son entrée dans l’App Store en 2009, l’application du service de streaming musical a été téléchargée plus de 160 millions de fois, et a dégagé un chiffre d’affaires de « plusieurs centaines de millions de dollars. » « Voilà pourquoi nous sommes troublés que vous demandiez à être exempté des règles qui s’appliquent à tous les développeurs », dit un Bruce Sewell passablement agacé par les « rumeurs » et les « demi-verités » proférées à l’encontre d’Apple.

Il ne nie pas qu’une mise à jour de l’application de Spotify ait été rejetée après sa soumission le 26 mai dernier, bien au contraire. Mais si elle a été rejetée, c’est que « la fonction d’achat in-app a été supprimée et remplacée par une fonction d’inscription clairement conçue pour contourner les règles de l’App Store en matière d’achats. » Apple se dit prête à valider toute mise à jour de Spotify… à condition qu’elle intègre le système d’achats in-app de l’App Store.

Cette fin de non-recevoir est aussi l’occasion d’un rappel : « nos règles », dit Bruce Sewell, « s’appliquent uniformément à tous les développeurs. » Les développeurs indépendants doivent les respecter, Amazon et Google doivent les respecter, Spotify doit les respecter :

Nous n’avons pas changé notre façon de faire ou nos règles lorsque nous avons présenté notre propre service de streaming musical, ou lorsque Spotify est devenu un concurrent. Ironiquement, c’est maintenant Spotify qui veut changer les choses en exigeant d’Apple un traitement préférentiel — arguant ainsi qu’elle devrait être traitée différemment […] parce que nous sommes en concurrence. […] Insinuer que Spotify pourrait récolter les fruits du labeur d’Apple sans rétribution, comme aucun autre développeur, vous donnerait un énorme avantage sur les autres. C’est tout simplement injuste et absurde.

Spotify n’est évidemment pas la première entreprise à se plaindre du contrôle qu’Apple exerce sur sa plateforme, mais la firme de Cupertino répond qu’il s’agit simplement du contrôle qu’exerce tout distributeur sur son infrastructure. L’App Store fournit un service en l’échange d’une rétribution, une commission de 30 % qui tombe désormais à 15 % après la première année. Bref, rien dans la conduite d’Apple « ne relève du droit de la concurrence », tout relèverait de la relation contractuelle entre un client ambitieux et son fournisseur inflexible. À bon entendeur…

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avatar r e m y | 

L'aveuglement de certains vis à vis d'Apple a quelque chose d'assez effrayant...

avatar r e m y | 

Je pense que ce débat se tranchera devant les tribunaux, si Spotify va au bout de sa démarche.

On verra si la justice donne raison à Apple ou si, comme dans l'affaire des eBooks, ils seront condamnés et devront adapter leurs règles (voire dédommager les clients!)

avatar themasck | 

Spotify a qu'à enlever l.option de payement dans l'application et renvoyer les personnes qui veulent un abonnement payant sur Safari ou autre et Apple ne pourra rien dire

avatar bibi81 | 

renvoyer les personnes qui veulent un abonnement payant sur Safari ou autre et Apple ne pourra rien dire

C'est interdit ! C'est justement là le problème.

avatar Makes | 

Byte order = le plus grand des bornés

Demain t'ouvre un magasin mais les marques qui vendent chez toi ne te paye pas :
Tout va bien c'est normal ? Sacré conception.

Tu demandera à ton Patron de ne plus te payer ca sera bien concurrentiel comme ca
( faudrait commencer à raisonner à un moment )

avatar byte_order | 

Vu votre jugement sur ma personne, j'aurais pu espéré que vous aviez lu l'intégralité des commentaires et que donc, au passage, vous aviez réalisé que l'analogie simpliste que c'est bien normal qu'un magasin soit payé par les marques qu'il distribue etait exactement ça, simpliste.

Vous avez fermer les yeux a chaque fois sur l'argument (et pas que le mien) sur la position monopolistique lié au fait que c'est le *seul* magasin autorisé, et que donc les marques n'ont pas d'autres choix que de passer par celui-ci ?

Vous avez également fermer les yeux a chaque fois sur l'argument (et pas que le mien) sur la différence de traitement entre les produits de streaming payant des concurrents et celui d'Apple, par ailleurs systématiquement préinstallé ?

Peut être qu'au lieu d'être borné, je ne suis tout simplement pas d'accord pour gober votre analogie simpliste pour trouver normal qu'un réseau de distribution en position de monopole puisse appliqué des conditions commerciales d'accès non négligeables alors que dans le même le propriétaire de ce réseau imposé pousse son propre produit avec des marges plus importantes en abusant de sa position juge et partie.

J'attends d'avoir de vrais arguments qui tiennent la route pour changer d'avis, pas de me laisser entraîner par des analogies simplistes a rejoindre un camp qui aime bien oublier que derrière Apple y'a quand même un business énorme et que autant d'argent n'est rarement que le fruit du seul mérite...

Si c'est ça être borné pour vous, alors oui, je suis borné.

avatar Makes | 

@byte_order :
Mais bien sûr qu'il y a un business derrière Apple. Le problème c'est visiblement le rapport à l'argent que vous et d'autres avez.
N'oubliez pas que l'essence même d'une entreprise est de gagner de l'argent, c'est aucunement une honte.

Le jour où vous comprendrez qu'Apple n'est pas du tout en position dominante sur le marché vous changerez d'avis. Car c'est bel et bien ce point précis qui fait toute la différence.
Étant à 20% de pdm ils peuvent bien gérer de la manière qu'ils Veulent leur OS et leurs produits.
Je vous rappelle aussi qu'ils proposent à la fois leur matériel et leur logiciel, dépendants l'un de l'autre. Ils sont bien chez eux et sont en droit de ne proposer qu'un seul AppStore.

Du moment qu'ils sont en position d'infériorité sur le marché , où est le problème ..?
Personne n'est obligé par défaut d'utiliser un iPhone. Ce n'est pas comme ci c'était le seul logiciel dispo sur le marché.

Apple apporte un plus aux développeurs de service internet , et les développeurs sont indispensable à Apple. C'est une relation Gagnant - gagnant.
Être sur l'Appstore vous donne accès à une certaine cible d'éventuels acheteurs, vous payez donc pour les achats résultants de cette plateforme. C'est quand du au labeur d'Apple si les clients qu'elle a, sont plus rentables que ceux d'android. C'est donc tout à fait normal si elle en retire qq avantages.

Rappelons également que Spotify est distribué sur leur site web, l'abonnement peut être souscris hors AppStore ;
Spotify est libre de définir son prix qui plus est ! Nul ne les obligent à imputer les 30% sur le prix final. La concurrence loyale n'oblige Pas le lissage des prix.

Je pourrai encore étayer de mille autres façons ...

avatar r e m y | 

Mais raisonnez en tant que possesseur d'iPhone!

Vaut-il mieux pour nous que Spotify fasse changer la politique tarifaire d'Apple, que l'on conserve tous les services de streaming musical sur iPhone et qu'il soit aussi simple de souscrire l'abonnement via l'app que via le web (et au même prix)?

Ou qu'Apple reste sur sa position et que les Spotify, Deezer, Qobuz et consorts finissent par abandonner cette plateforme et qu'on n'ait plus d'autre choix qu'AppleMusic???

avatar byte_order | 

> N'oubliez pas que l'essence même d'une entreprise est de gagner de l'argent,
> c'est aucunement une honte.

Certes non. Mais tous les moyens d'en gagner ne sont pas forcément pour autant autorisé.

> C'est quand du au labeur d'Apple si les clients qu'elle a,
> sont plus rentables que ceux d'android.
> C'est donc tout à fait normal si elle en retire qq avantages.

"Ses" clients !?

Vous semblez considérez que les propriétaires d'iPhones sont des abonnés à un service fournis par Apple et que cela autorise Apple à louer l'accès à ces abonnés, sa base de clients comme vous dites, à des tiers.

Ce n'est pas le cas.
Apple n'est pas chez elle dans l'iphone des acheteurs d'iphone.
Elle est chez l'acheteur d'iPhone. C'est lors de la vente de l'iPhone que l'acheteur est le client de Apple, et cela ne devient pas exclusif ! Et les "quelques" avantages que Apple en retire se retrouve dans le prix de vente de l'iPhone, qui est loin d'etre un tarif de location à un service jusqu'à preuve du contraire...

Tout comme Renault n'est pas chez lui dans *votre* Clio, pourtant créateur du marché des accessoires pour Clio. Renault ne peut pas utiliser sa position pour imposer que tous les accessoires pour Clio soit forcément vendus via sa boutique et l'objet d'une commission de 30% alors même qu'il y vendrait ses propres accessoires en s'affranchissant de cette obligation, avec donc des marges ou un tarif plus compétitif. Tout simplement parce que cela s'appelle distorsion de la concurrence et abus de position dominante. Peu importe la pdm de Renault sur le marché des voitures, là le marché c'est celui des accesoires.

Pourtant c'est ce que Apple a réussi à mettre en place, avec un aveuglement assez ahurissant d'une partie des propriétaires d'iPhones.

Tant que Apple n'en profitait pas pour vendre plus facilement ses services accessoires que ceux proposés par la concurrence, ici le streaming musical, c'était pas un problème.
Cela l'est depuis Apple Music.

avatar themasck | 

c'est interdit de le dire dans l'application .
GOOGLE PLAY offre son application sur iOS , il est impossible de prendre un compte payant depuis l'application de Google

avatar r e m y | 

Je pense qu ils ne comprendront que le jour où les autres "marques" auront déserté le magasin Apple et qu'en tant que possesseur d'iPhone ils se retrouveront (comme nous tous) piégés dans le seul magasin autorisé sur leur SmartPhone à devoir consommer la seule nourriture autorisée par Apple...

avatar webHAL1 | 

Il me semble que, dans cette histoire, Spotify et Apple sont tous deux de mauvaise foi.

Spotify, car apparemment ils reprochent à la Pomme de ne pas avoir validé la mise à jour de leur application, tout en sachant qu'elle enfreignait les conditions de l'App Store, qui n'ont pourtant pas changé récemment.

Apple, car elle se pose en chevalier blanc du bon concurrent qui joue les règles du jeu et qui semble s'étonner que Spotify râle, alors que "vous avez gagné beaucoup d'argent avec l'App Store ! De quoi vous plaignez-vous ?! N'est-ce pas merveilleux que vous puissiez être présent sur notre plate-forme et permettre aux Bisounours d'écouter de la musique ?!".

Je peux tout à fait comprendre la position de Spotify, qui est dans une situation totalement différente d'il y a quelques années lorsqu'Apple Music n'existait pas. Et, sur ce coup, la Pomme est clairement hypocrite, on croirait entendre Microsoft qui, à l'époque, vantait l'intégration d'Internet Explorer dans Windows et répondait à Netscape que le consommateur ferait son choix en fonction de la qualité des navigateurs Internet disponibles.
Par contre, ça me semble discutable que Spotify laisse entendre qu'Apple aurait refusé de valider leur mise à jour pour "faire couler un concurrent", alors que vraisemblablement ils ont tenté de passer entre les gouttes en incluant une fonction qu'Apple n'accepte pas dans leur application. À eux d'essayer d'attirer leur client hors de l'App Store (byte_order a suggéré un moyen, via du streaming audio) plutôt que d'être à la limite de la malhonnêteté.

Cordialement,

HAL1

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