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Deezer gagne contre Freezer mais se fait attaquer par Universal

Anthony Nelzin-Santos

vendredi 10 juin 2011 à 17:57 • 21

Services

Simon Richert a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et au versement de 15 000 € de dommages à intérêts dans le cadre de l'affaire l'opposant à Deezer. Richert est le créateur de Freezer, un utilitaire permettant de télécharger les morceaux disponibles en streaming sur Deezer et d'autres services, et a été inculpé pour « « incitation du public à l'usage de logiciel manifestement destiné à la mise à disposition non autorisée d'oeuvres protégées » — une première en France. Deezer elle-même doit cependant affronter ses propres tumultes juridiques, contre Universal. La maison de disques a porté plainte contre le service de streaming en ligne pour contrefaçon : Deezer diffuse en effet depuis six mois la musique du fond d'Universal sans que les deux sociétés ne soient plus liées par un accord. Depuis lundi dernier, Deezer limite la durée d'écoute gratuite à cinq heures par mois. Comme l'explique la société, il s'agit de « trouver un nouvel équilibre avec [producteurs et acteurs] » et c'est « la seule solution pour pouvoir continuer à […] proposer un service gratuit et légal. ». Mais comme l'avoue Deezer, ce compromis n'a été accepté que pour « la plupart des acteurs de la musique » : Universal veut plus. Pascal Nègre, PDG de la major, s'est toujours déclaré opposé au modèle gratuit, qu'il souhaite dégrader (noyer sous la publicité) ou abolir. Sa sortie sur le sujet est restée célèbre : « quand on voit des gens qui écoutent 35 fois la même chanson, vous vous dites qu'au bout d'un moment, le gars, il faut qu'il aille acheter le titre. » — Spotify a plié, et limite le nombre d'écoutes d'un morceau dans l'offre gratuite à cinq. La réduction de la durée d'écoute ne convainc pas Universal, mais est exclue par Deezer : elle serait atteinte par 30 à 40 % des utilisateurs au bout de deux mois, 100 % au bout de quatre. Avec 90 % de parts de marché en France, Deezer a reversé 4 millions d'euros aux ayants droit en 2010, mais Universal veut là aussi plus. Cette plainte, qui était attendue par les dirigeants et actionnaires de Deezer, pourrait bien être fatale à la société : Universal représente 40 % de la musique numérique en France. La perte du plus gros catalogue de musique auquel elle ait accès pourrait aussi compliquer les accords commerciaux que Deezer doit renouveler avec Orange, qui détient 11 % de son capital. Orange, concurrente de SFR, qui a elle noué un partenariat avec Spotify. SFR, filiale de Vivendi, maison-mère d'Universal. Comme le dit Emmanuel Paquette, « Universal Music vient d’inventer la riposte graduée pour les sites légaux. »

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