Une mauvaise utilisation du réseau Localiser peut avoir des conséquences désastreuses. On connaissait déjà le détournement des AirTags pour suivre discrètement quelqu'un, voici désormais une anecdote montrant que la technologie peut être utilisée à tort par… des policiers. ArsTechnica revient sur cette histoire ayant eu lieu en janvier dernier à Denver, dans le Colorado.
La police enquêtait alors sur le vol d'un camion dans lequel étaient stockés 6 armes et un vieil iPhone. Avant même d'appeler les enquêteurs, la victime a tenté de pister son véhicule grâce au réseau Localiser et a fini par se retrouver devant le garage de Ruby Johnson, une femme âgée de 77 ans. La victime a décidé que si son camion se trouvait dans les environs, il était probablement garé dans le garage de Johnson.
L'argument a visiblement convaincu l'inspecteur en charge de dossier, qui a demandé un mandat de perquisition basé sur cette preuve. Une équipe du SWAT a donc pu fouiller le domicile de Ruby Johnson avant de l'enfermer pendant des heures dans une voiture de police, sans même lui offrir un verre d'eau alors qu'elle devait prendre ses médicaments quotidiens. La pauvre dame n'avait évidemment rien à voir avec le camion volé.
Le quiproquo provient de la méconnaissance des policiers du réseau Localiser. L'application affichait un large cercle bleu montrant une zone couvrant plusieurs bâtiments, avec en son centre l'appareil. Ce cercle apparaît lorsqu'un appareil ne peut pas être localisé avec précision afin de donner une estimation de l'endroit où se trouve l'engin. Sur son site, Apple précise que « plus le cercle est petit, plus la précision est grande ». Cela ne signifiait donc en aucun cas que l'iPhone volé se trouvait dans la maison de Ruby Johnson, mais dans un secteur plus vaste débordant sur plusieurs rues.
Le passage de la police a dégradé son logement : la porte de son garage a été cassée, tout comme ses chaises qui ont été utilisées pour percer des trous dans le plafond. Selon ses avocats, l'expérience a fortement marqué la personne âgée qui a désormais du mal à dormir et a peur d'ouvrir sa porte d'entrée. Elle aurait envisagé d'abandonner sa maison.
De son côté, la police de Denver confirme que l'équipe du Swat a été envoyée en raison « d'allégations selon lesquelles six armes à feu avaient été volées et pouvaient se trouver au domicile de Mme Johnson ». Un porte-parole a déclaré à ArsTechnica qu'une enquête interne avait été ouverte et que la police envisageait une formation supplémentaire pour les agents sur la façon d'utiliser des technologies comme le réseau Localiser.
Ruby Johnson a porté plainte, et le texte confirme que le policier en charge de l'affaire ne comprenait pas du tout comment fonctionnait le réseau Localiser, ce qu'il a bien évidemment omis de mentionner a l'époque. La plainte estime que le mandat de perquisition a été approuvé trop vite. « Son superviseur aurait dû y mettre son veto. Le procureur n'aurait pas dû donner son feu vert, le juge aurait dû le rejeter, et l'équipe du SWAT aurait dû rester chez elle », ajoute l'avocat de la plaignante.